La question de la sécurisation des tribunaux en Tunisie devrait préoccuper les autorités. Depuis les événements du 14 janvier, plusieurs tribunaux ont été ciblés par des attaques. Des juges ont également été victimes de menaces de mort et d’agression.
Supposé être l’un des sites les plus sécurisés de la capitale, le Tribunal de première instance de Tunis a été ciblé par une tentative d’incendie qui a, heureusement, échoué, autrement les dégâts auraient pu être inimaginables pour le système judiciaire en Tunisie.
Selon les premiers éléments de l’enquête divulgués par des sources judiciaires, l’incendie serait de nature criminelle d’autant plus que des pneus ont été trouvés sur les lieux, à l’aube de mercredi dernier, dans la grande cour du Tribunal de première instance à Tunis, sis au cœur de la capitale, pourtant une zone extrêmement sécurisée par les forces de l’ordre vu sa sensibilité.
S’agit-il d’un acte criminel ou même à motif terroriste ? Les investigations sont toujours en cours, apprend-on, d’ailleurs le Pôle judiciaire antiterroriste a renvoyé, mercredi 18 novembre, l’affaire devant l’unité d’investigation sur les crimes de terrorisme à El Gorjani.
Notons que deux pneus ont été incendiés devant la porte principale du tribunal et du carburant a été déversé sur les escaliers menant à l’entrée principale.
La police avait procédé au relevé des empreintes, sachant que le ou les suspects ont réussi à contourner la grande porte du tribunal et que la tentative a eu lieu à quelques mètres du centre de sécurité installé dans cet établissement.
Dans ce genre de situation, la surveillance à l’aide de caméras pourrait aider pour dévoiler certains aspects de ces actes criminels et en identifier les responsables. Sauf que les caméras de surveillance installées au niveau de ce tribunal ne fonctionnaient pas au moment des faits, à en croire la version présentée par le président du Syndicat national des agents et cadres judiciaires, Hattab Ben Othman.
Juges menacés
En effet, ce dernier a affirmé que «ces caméras ne fonctionnaient plus depuis un mois» et que «les agents chargés de sécuriser le tribunal ont averti le ministère de la Justice qui n’a pas réagi». Et d’ajouter que le Pôle judiciaire de lutte contre le terrorisme a dû récupérer les éléments des caméras de surveillance installées au niveau des bâtiments à proximité. Lui qui pointe du doigt l’insécurité au niveau de certains établissements judiciaires, dénonce le fait que certains tribunaux soient totalement insécurisés comme c’est le cas dans le gouvernorat de Kasserine.
Une information judiciaire a, rappelons-le, été ouverte par le procureur de la République près le Tribunal de première instance de Tunis pour investiguer sur les circonstances de la tentative d’incendie qui a visé les locaux dudit tribunal. Selon Mohsen Dali, substitut du procureur de la République, l’agent de sécurité du tribunal s’est rendu compte de l’incident et a informé la protection civile et la police.
La question de sécurisation des tribunaux en Tunisie devrait préoccuper les autorités.
Depuis les événements du 14 janvier, plusieurs tribunaux ont été ciblés par des attaques. Des juges ont également été victimes de menaces de mort et d’agression. D’ailleurs, l’Union des magistrats administratifs avait demandé à maintes reprises au président du Conseil supérieur de la magistrature (CSM), au Chef du gouvernement et aux ministres de la Justice et de l’Intérieur de «traiter la question de sécurisation des tribunaux et des audiences avec le plus grand sérieux».
En mars 2019, il a été convenu, au niveau du ministère de l’Intérieur, d’identifier les défaillances et les lacunes aux niveaux central et régional concernant la sécurisation des tribunaux et de prendre un certain nombre de mesures urgentes pour y remédier afin de garantir le bon fonctionnement du système judiciaire.
Durant cette même période, l’ancien ministre de la Justice, Mohamed Karim Jamoussi, avait annoncé qu’un fonds exceptionnel de huit millions de dinars a été prévu pour l’achèvement du système de contrôle des tribunaux et de la sécurité des juges. «Ce système est basé sur des caméras de surveillance et des scanners, ainsi que sur l’accord conclu entre le ministère de la Justice et le ministère de l’Intérieur pour organiser des réunions régionales afin de renforcer le système en termes de ressources humaines», avait-il déclaré.