Il serait illusoire de se voiler la face devant ce qui se passe chez nous. La crise financière et la détérioration économique risquent de conduire le pays au chaos et aux affrontements. Pareille situation va au-delà des intérêts corporatistes et oblige les différentes parties prenantes, notamment les organisations nationales et professionnelles, à faire prévaloir l’intérêt national. Au regard de la situation que connaît le pays, mais aussi de la réhabilitation que pourrait favoriser un dialogue social, dynamique et conséquent, l’annonce d’une trêve sociale est plus que jamais recommandée.
La situation que le pays traverse est inédite. Elle dépasse toutes les crises que la Tunisie avait connues tout au long de son histoire. Une situation qui aurait dû faire tomber le mercure social. Sauf que certains esprits vénaux veulent profiter de chaque malaise pour ressurgir, pour se frayer une place qui n’est pas, et qui ne sera jamais, de leur ressort. Ils amplifient les situations afin de montrer que ce sont les autres qui ont tort et ne sont pas en mesure de bien gérer.
Il serait aujourd’hui fort utile de clarifier les positions. Au lieu de faire le procès des personnes, il faut plutôt faire celui de tout un environnement et d’une politique sociale qui ne sont plus adaptés depuis de longues années à la réalité. Autrement dit, donner à l’actuel gouvernement les moyens de ne pas se tromper.
Au-delà des contradictions et des paradoxes qu’ils génèrent, les actes et les attitudes doivent aussi évoluer afin d’apaiser un climat de plus en plus tendu du fait des enjeux et des pressions. Stop à la langue de bois, aux discours incendiaires et défaitistes. Le constat est là : il y a de plus en plus de dérapages qui se revendiquent en toute impunité. Il est temps d’agir auprès de toutes les parties qui rendent impossibles les plans de redressement et de réhabilitation sociale et économique. Mais au fait, peut-on vraiment ramener autour de tout ce qui est entrepris un climat plus serein ? Peut-on assainir l’ambiance, essentiellement dans un environnement qui ne donne pas la priorité à une véritable politique de restructuration ?
Les obligations et les contraintes continueront toujours à peser, voire à conditionner l’environnement social tant qu’on n’a pas trouvé les solutions adéquates et pris les décisions nécessaires. Les idées et les jugements que certaines parties ont pris l’habitude de se faire sur ce qui est entrepris engendrent souvent une certaine spécificité en matière de sinistrose. On ne retient que le négatif. Des fois, ce qui est fait est fait, en bien ou en mal. Mais il faut toujours regarder devant.
La crise sociale et économique reflète une réelle crise politique. Autant dire aussi que certaines parties semblent se satisfaire dans cet incroyable gâchis. Inutile de préciser que le phénomène profite à certains qui veulent régler leurs comptes à d’autres. Il ne faut pas s’en étonner car le cœur de l’action réside dans cette tendance à aveugler l’opinion publique. Le dérapage n’est au fond qu’un prétexte qui en dit infiniment plus long sur les conflits entre les acteurs politiques.
Le paysage politique est entré dans une phase de décomposition. La plupart de ses acteurs « s’amusent » à se renvoyer l’ascenseur et à fuir leurs responsabilités. Sur fond de constat amer, les interrogations ne semblent plus avoir de réponse. Faut-il rappeler à ce sujet que lorsque les dérives et les dépassements se succèdent, ce sont la crédibilité et la fiabilité de la Tunisie qui prennent un coup ?
Tout cela n’empêche pas le gouvernement Mechichi de se donner aujourd’hui la priorité de revoir les diverses options et stratégies sociales et économiques. Surtout la façon de penser les solutions telles qu’elles doivent être réellement assumées…