
Le constat est sans appel, la crise sanitaire que nous vivons depuis mars dernier a fortement accéléré le virage numérique en Tunisie, et ailleurs dans le monde. En effet, l’esprit d’innovation et l’adoption des technologies numériques ont indéniablement contribué à renforcer la collaboration entre acteurs publics et privés en vue d’assurer la continuité des services offerts à leurs usagers, citoyens et entreprises. Mais en Tunisie, certains obstacles bureaucratiques font toujours fi de la transformation digitale.
Nul ne doute que la crise du coronavirus a mis à mal plusieurs secteurs dont notamment la santé, l’économie, l’infrastructure mais aussi le commerce dans le monde entier. Systèmes hospitaliers effondrés, difficultés et panique au niveau des circuits de distribution commerciaux, crises économiques et autres, le monde entier est frappé de plein fouet par ce contexte pandémique. Cependant, ce sont les secteurs qui touchent la technologie, le hightech et les différentes applications d’internet qui ont marqué un puissant essor durant cette crise, pour nous rappeler que la technologie pourrait toujours constituer la solution à d’innombrables inconvénients et répondre présente. En effet, la Tunisie n’échappe pas à ce contexte mondial où internet et technologie ont été au chevet de la guerre contre le coronavirus. Outre l’aspect purement sanitaire, l’écosystème technologique était mobilisé sur tous les fronts. En tout cas, cette rude épreuve doit constituer un argument de plus pour libérer davantage le champs de l’innovation technologique, d’autant plus que la Tunisie regorge de talents et de jeunes compétences qui ne cherchent que des mécanismes d’encadrement et d’encouragement pour faire des étincelles.
Dès les premiers moments de cette pandémie, la nécessité et le besoin de solutions technologiques intelligentes se faisaient sentir. A commencer par les moyens de dépister le coronavirus et de contrôler les cas suspects, arrivant à l’enseignement à distance et passant par la distribution des aides sociales, la technologie jouait un rôle prépondérant dans les mécanismes et procédés de gestion des différents aspects de cette crise liée à la propagation du coronavirus.
La situation était telle que l’Etat se trouvait dans l’obligation d’improviser des solutions intelligentes et efficaces pour gérer une crise inconnue. Recourir aux différentes solutions technologiques s’avérait le meilleur moyen pour répondre à ce besoin. En effet, en pleine guerre contre le coronavirus et en vue de prévenir une propagation généralisée sur son sol, la Tunisie s’était lancée dans la mobilisation de la technologie. La technologie était effectivement sollicitée dans cette lutte féroce et acharnée contre ce virus.
Conscients de l’importance d’opter pour de nouvelles solutions technologiques, les autorités avaient décidé d’appuyer la guerre contre le coronavirus par de nouveaux aspects technologiques. Drones, robots, applications mobiles, masques imprimés en 3D et autres, la Tunisie avait misé sur la technologie pour essayer de limiter la propagation du coronavirus et de minimiser ses dégâts.
D’ailleurs, le ministère de la Santé avait, au début de la pandémie, dû recourir à un service SMS qui a touché pratiquement toute la population en vue de détecter les premiers foyers de contamination à travers tout le territoire. Ces initiatives pour apporter un aspect technologique efficace à cette guerre contre le coronavirus ont concerné également les aspects sécuritaires, le ministère de l’Intérieur avait, pour sa part, mobilisé un robot dans les rues de Tunis pour dissuader les gens de sortir de leurs maisons. En effet, il s’agit d’un robot patrouilleur conçu par une start-up tunisienne et acquis par le ministère de l’Intérieur qui a été mobilisé dans certaines rues de la capitale pour veiller sur le respect des dispositions du confinement total décrété depuis quelques jours en Tunisie.
Enseignement à distance
La nécessité de recourir à l’accélération de la mise en place des contextes technologiques provoquée par les enseignements tirés de cette crise pandémique se manifeste notamment dans le domaine de l’enseignement. En effet, alors que le système d’enseignement tunisien a été perturbé par l’interruption des cours pour certains niveaux lors de la première vague, la nécessité d’opter pour l’enseignement à distance se fait notamment sentir dans ces temps de crise.
En tout cas, si pour l’enseignement supérieur, certaines expériences ont parfaitement répondu à ce besoin, notamment dans les facultés de médecine, pour les classes primaires la réalité est tout autre.
En effet, des plateformes digitales, accessibles à travers les réseaux internet fixes et mobiles, ont été mises en place pour permettre aux élèves et étudiants, en Tunisie, d’accéder à l’enseignement à distance, avait annoncé le ministère des Technologies de la Communication et de la Transformation Digitale.
”Pour permettre à tous les élèves et étudiants d’accéder aux plateformes d’enseignement à distance et dans le cas où cela ne serait pas possible via les réseaux fixes, ceux-ci peuvent accéder gratuitement aux plateformes de l’enseignement à distance, à travers les réseaux de téléphonie mobiles des trois opérateurs de télécommunication “, a-t-on expliqué.
Cependant, face à une infrastructure assez défaillante notamment si l’on sait que le taux des écoles connectées à internet est assez faible, l’enseignement à distance pour les écoles et lycées n’a pas manqué d’entraves. En tout cas, le ministère de l’Education prévoit l’exploitation de tous les moyens disponibles, y compris le numérique et le papier, pour assurer l’enseignement à distance, en cas de besoin. Face à ces obstacles, le ministère se penche sur l’examen des moyens pour exploiter un certain nombre de plateformes numériques permettant d’assurer l’apprentissage à distance, outre le recours aux chaînes de télévision éducatives qui seront lancées dans la période à venir. En effet, afin de pallier la déscolarisation des élèves dont le temps est parfois indéfini, la solution d’un système de e-learning permet à chacun de ne pas accumuler de retard. Plusieurs opérateurs et entreprises technologiques proposent dans ce contexte des solutions sur-mesure, en fonction des besoins et en conformité avec les programmes de l’Education nationale.
Supprimer les obstacles
Certes, les enseignements tirés de cette expérience nous amènent à réfléchir particulièrement à privilégier la numérisation des différents secteurs d’activité. Santé, économie, commerce, administration, tous doivent répondre à ce besoin technologique accru qui se fait de plus en plus sentir. En effet, la transformation digitale, cela fait des années qu’on en parle. Le débat interminable sur la nécessité et sur l’urgence d’entamer cette ère digitale ne date pas d’aujourd’hui et ne fait plus fureur. Mais ce sont notamment les obstacles bureaucratiques et administratifs qui font fi de toute initiative visant à promouvoir les contextes de digitalisation et de numérisation. Le retard qu’a accusé l’administration à parachever sa transformation a fait languir et reculer ce processus, au point qu’en temps de crise du coronavirus, certains services administratifs ont été carrément paralysés.
Le Covid-19 nous amène certainement à repenser totalement notre manière de travailler, de nous organiser et de concevoir la société de demain. Favoriser les actions de télétravail, digitaliser les outils et les processus internes de l’entreprise et de la société sont aujourd’hui devenus une nécessité d’autant plus que d’autres pays concurrents ont déjà lancé le défi. La transformation digitale n’a jamais été autant une priorité pour les entreprises comme pour l’Etat, c’est devenu une question de survie. Car, en effet, à tous les niveaux, on peut s’apercevoir que la maîtrise des technologies et la capacité de s’en servir donnent un avantage réel dans cette crise. Aujourd’hui, certains pays qui ont la faculté de traiter les données et de les utiliser montrent clairement une capacité d’adaptation et un avantage salvateur face à la crise du coronavirus, poussant à l’admiration et au fatalisme des autres. C’est ainsi que les États qui ont utilisé dès le début la technologie et les données à bon escient montrent une facilité déconcertante à limiter la progression de la pandémie, tandis que d’autres peinent à l’enrayer.