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Tableau sombre et décalé

La réalité est déroutante et le constat a quelque chose de vertigineux. Il suffit d’évoquer la dégringolade socioéconomique qui continue à marquer le pays pour raviver un mal-être, voire un traumatisme : montée de la violence, incitations à la haine, amplification de la contrebande et de la corruption. Mais aussi hausse des prix, baisse du pouvoir d’achat, dégradation de la situation des services publics. Les maux sont devenus récurrents et le flou reste le dénominateur commun de ce qui est entrepris, où il n’y a plus pratiquement de structures qui évoluent avec une référence explicite à une forme de gestion bien réfléchie. Les pertes sont plus que jamais cumulées au moment où le contexte actuel constitue un exemple révélateur de la dévalorisation comptable du capital humain. Comme s’il était interdit d’avoir des ambitions lorsqu’on  en a pourtant les moyens.

Piteusement, pathétiquement, les dernières années qui, au fond, se ressemblent sont l’illustration la plus significative de la perte des acquis et la multiplication des manquements à différents niveaux de la hiérarchie. Dans le lot, et sans être totalement exhaustif, les mauvais choix par lesquels est passée la Tunisie sont faciles à détecter. On a l’impression d’être gouvernés par des responsables qui nous compliquent de plus en plus la vie, qui nous assomment avec leurs dérapages à n’en plus finir. On n’en voit pas, sinon très peu, ceux qui font vraiment l’unanimité. D’ailleurs, ils sont de plus en plus la cible de critiques virulentes.

Visiblement, la classe politique n’a pas aujourd’hui une grande idée de ce que doit représenter la Tunisie. Ce qu’elle était et ce qu’elle est devenue. L’indécision est plus que jamais à l’ordre du jour. On voit mal les différents acteurs associer leurs actions, partager les mêmes principes au moment où les valeurs positives sont en perte de vitesse.

Finalement, quelles perspectives pour un pays dont les principaux acteurs sont défaillants ? Quelles solutions, quelles ressources et quels moyens pour faire face aux exigences d’un environnement réincarné, transfiguré ?

La loi de finances 2021, votée et adoptée au Parlement, inquiète la Centrale syndicale. « Elle est destinée à satisfaire une minorité composée de lobbies qui monopolisent les activités économiques et financières du pays ». L’Ugtt, qui déplore aussi l’absence de mesures capables de remédier à la crise socioéconomique, met en garde le gouvernement contre les répercussions de cette loi qui « ne répond pas aux aspirations du peuple tunisien ».

Vivre dans l’attente et la confusion, c’est aussi vivre dans le doute. C’est pourquoi la Centrale syndicale appelle Kaïs Saïed à donner son feu vert pour engager le dialogue national. Voilà maintenant dix ans que l’on ne cesse de parler de reconstruction. De réédification. De rétablissement des bonnes valeurs. De relèvement du niveau économique et social. Mais l’on n’arrive toujours pas à faire face aux exigences de l’étape. Aux exigences d’une nouvelle époque. Drôle d’époque !

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