Accueil A la une Eventuel remaniement ministériel : Mechichi cédera-t-il aux pressions?  

Eventuel remaniement ministériel : Mechichi cédera-t-il aux pressions?  

« Officiellement, Ennahdha a toujours mis l’accent sur la nécessité d’un gouvernement politique avec une représentativité partisane, donc elle est pour le remaniement et pas seulement concernant les deux portefeuilles vacants », soutient Samir Dilou.

Au cœur d’une crise politique et économique étouffante qui frappe le pays de plein fouet, les échos d’un remaniement ministériel font surface pour brouiller davantage le paysage politique. En effet, en coulisses, un remaniement ministériel commence à se former, notamment dans l’objectif de combler certains vides de portefeuilles ministériels, à savoir les Affaires culturelles et les Affaires locales et l’Environnement, mais aussi pour revoir la copie dans d’autres départements.

En tout cas, rien n’est encore officialisé, mais le chef du gouvernement, Hichem Mechichi, semble être au cœur de pressions politiques qui ne cessent de fragiliser le rendement de son gouvernement, notamment en cette période de crise économique et sanitaire.

Car, en effet, les pressions parviennent de partout, et surtout de son «coussin politique» composé d’Ennahdha, d’Al-Karama et de Qalb Tounès. Si pour le parti Ennahdha, la position n’est pas assez claire quant à cet éventuel remaniement, pour Qalb Tounès les choses sont dites ouvertement.

En effet, depuis plusieurs jours, le parti de Nabil Karoui appelle à un remaniement profond au sein de l’équipe Mechichi au vu de ce qu’il appelle le faible rendement de plusieurs ministres.

D’ailleurs, récemment en guise de se prononcer sur le bilan des cent premiers jours du pouvoir du gouvernement Mechichi, Oussema Khelifi, chef du bloc parlementaire de Qalb Tounès, a sévèrement critiqué le rendement de l’équipe Mechichi, estimant qu’un gouvernement de compétences n’est pas la solution en cette période de crise. « Nous avons remarqué que les horizons sont limités pour un gouvernement de compétences.

Il ne peut apporter de solution à la conjoncture économique, sociale ou politique », a-t-il encore déclaré.

Dans ce sens, Khelifi a appelé ouvertement à un remaniement ministériel dans l’objectif d’introduire des compétences politiques ou partisanes au sein du gouvernement Mechichi, rappelant que les départements sans ministres ne peuvent qu’affaiblir le rendement gouvernemental.

Un compromis dès le départ ?

Si pour le parti Qalb Tounès les choses sont claires, il est temps de faire un remaniement ministériel en vue d’apporter un renouveau au gouvernement Mechichi, pour Ennahdha, la réticence et le flou sont toujours de mise. C’est dans ce contexte que nous avons contacté Samir Dilou, député et figure de premier rang au sein du parti Ennahdha pour apporter des éclairages à la position officielle du parti.

« Officiellement, Ennahdha a toujours mis l’accent sur la nécessité d’un gouvernement politique avec une représentativité partisane, donc elle est pour le remaniement et pas seulement concernant les deux portefeuilles vacants. Mais il n’a jamais été question de viser des ministres en particulier », a-t-il affirmé à La Presse.

Exprimant sa propre position quant à cet égard, Dilou songe plutôt pour ce qu’il appelle un changement de cap plutôt qu’à de simples placements de ministres. « Me concernant  je crois que ça relève plutôt de la cupidité et de l’indécence que certains partis lorgnent des postes ministériels et croient aux rafistolages plutôt qu’à un changement de cap et aux placements plutôt qu’aux réalités cinglantes, l’état de déconfiture interne de certains partis ne leur permet même plus de faire un bon casting pour les responsabilités au sein de leurs propres structures, de là à aller proposer des responsables pour gérer des dossier nationaux complexes dans cette situation critique que traverse le pays, ça relève  tout simplement de l’irresponsabilité qui frise une conception incongrue du patriotisme…! », nous a-t-il déclaré.

Interrogé si ce remaniement intervient dans une logique de compromis conclu dès le départ entre Mechichi et son «coussin politique», le leader d’Ennahdha dit ne pas être au courant d’un tel scénario.

« Personnellement, je ne peux ni confirmer ni infirmer l’existence de ce potentiel compromis, néanmoins, mon expérience m’a appris de ne jamais écarter définitivement aucune piste », a-t-il ajouté.

Car, au fait, l’information n’est pas nouvelle, elle avait été même annoncée le jour du vote de confiance au gouvernement Mechichi.

Alors, c’était le parti Qalb Tounès et notamment son président Nabil Karoui qui poussaient coûte que coûte dans le sens de ce remaniement et celui de la transformation de ce gouvernement, dit indépendant, en un politique.

Mais le Président de la République s’était fortement opposé à ce scénario, insistant sur l’obligation de recourir à un gouvernement indépendant. Pendant ce temps, Qalb Tounès évoquait un changement au niveau de sept ministères dont ceux de l’Intérieur, de la Justice, de l’Equipement, des Finances, de la Santé et de l’Agriculture.  

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