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L’entreprise autrement | Processus grippé, rêve brisé(II)

Des conflits à n’en plus finir, en nombre, en genre et à tous les niveaux, et ce qui est encore plus  grave, au sommet de l’Etat, de la violence devenue le pain quotidien de tout un peuple, dont le moral est à zéro et les poches vides ou presque et des appels désespérés à la raison, au dialogue et au sauvetage du pays, qui ne semblent trouver aucun écho. Tout cela alors que le moteur qui produit, compétences, idées, biens et services, tourne au ralenti depuis des années. Pire, il vient de recevoir un coup très dur à cause des effets catastrophiques, sur l’économie de notre pays,  des mesures prises, à partir de mars 2020, afin de prévenir l’éclatement d’une épidémie de l’infection par le coronavirus (Covid-19).    

Un pays surendetté, dont l’économie est exsangue, la société en décomposition, les compétences sacrifiées, les gouvernements  successifs, (huit depuis les élections d’octobre 2011) incapables de résoudre les problèmes du quotidien des citoyens; que dire alors de conduire des réformes approfondies  et l’Etat qui commence à s’effriter. Voilà comment l’on pourrait décrire sommairement l’état dans lequel se trouve aujourd’hui notre pays qui, hélas, est au bord de la faillite totale, économique, sociale, politique, intellectuelle et morale et dont les gouvernants ne semblent pas comprendre  que la faillite économique n’est que le résultat des quatre autres citées. Plus grave, nous avons dépassé le stade de dépendance chronique dans lequel nous baignons depuis de longues décennies pour nous retrouver à deux doigts de perdre notre souveraineté, tellement nous avons raté d’occasions propices à de nouveaux départs, plus sûrs et plus fructueux. Une faillite totale qui risque de devenir une réalité car bon nombre parmi les conditions qui se sont réunies, depuis de longues années pour aboutir à la situation actuelle, sont encore là et agissantes et que  l’accumulation des problèmes rend très difficile la recherche de solutions, pour ne pas dire impossible. 

Pléthore de mots, carence en actes, notre pays baigne, en effet, dans un immobilisme devenu pathologique et  risque d’être happé par la spirale sans fin de la régression générale,  et ce, après dix ans d’une guerre d’usure, menée par tous contre tous. Une guerre civile dont les armes sont les mots et les attaques criminelles et destructrices  contre l’appareil producteur du pays. A croire que c’est le peuple que l’on est en train de punir depuis 2011, après avoir enfin pris la décision de se débarrasser de la dictature, au lieu de punir l’hydre mafieuse qui pompait le sang du pays jusqu’à cette date-là. Un monstre dont la tête est encore pensante, à distance bien en sécurité dans des pays frères et amis, que personne n’inquiète et dont les tentacules continuent d’agir librement et en toute impunité dans notre pays.

Nous sommes donc aux antipodes des espoirs nés à la suite de la chute du dictateur, en janvier 2011. Une chute devenue inévitable et à laquelle des facteurs extérieurs ont largement contribué. C’est la  faillite qui nous attend si nous ne procédons pas au sauvetage du pays. Or, toute action de sauvetage ne peut réussir que si elle est précédée  d’un diagnostic profond et méticuleux de la situation. Pourquoi et comment sommes-nous arrivés à cette situation? Aucun effort sérieux d’évaluation  n’a, hélas, été effectué dans ce sens, comme nous l’avons signalé dans notre précédente chronique.  Nous allons essayer, dans un certain nombre de nos prochains articles, de réfléchir ensemble sur ce problème et de participer ainsi à lui trouver des éléments de réponse. Mais commençons par nommer ce qui s’est passé autour du 14 janvier 2011, pour mieux orienter notre réflexion.La  «Révolution du peuple tunisien»  a commencé à la suite d’un soulèvement populaire qui s’est déclenché le 17 décembre 2010, mais dont les prémices remontent à plusieurs années. Un bouillonnement social qui, en grandissant, a fait vaciller le pouvoir en place et permit à plusieurs franges de la population d’affirmer clairement leur refus catégorique qu’il puisse espérer se maintenir.

Le 15 janvier 2011 un changement eut  lieu à sa tête d’une manière qui ne laisse aucun doute sur la possibilité de l’intervention  d’une volonté étrangère,  et un processus révolutionnaire a démarré. Des événements  ont fait que ce processus se soit rapidement  transformé en un processus de transition démocratique censé placer le pays sur l’orbite du progrès. Ce processus semble aujourd’hui, hélas, grippé et son coût humain, économique et social reste à calculer et, à première vue, il est excessif pour ne pas dire exorbitant, et les rêves, suscités par la chute de la dictature, brisés.

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