Le message ne peut être que positif : 30 autorisations liées à l’investissement seront annulées. La troisième réunion de consultation de Beit El Hikma a passé la vitesse supérieure. Mais elle retient l’attention autant qu’elle met en garde : l’obligation de réformes impose forcément une obligation dans les décisions. Tout particulièrement dans un contexte difficile et qui a longtemps empêché l’instauration des mesures destinées à éliminer les entraves à l’investissement et la libéralisation du climat des affaires.
La Tunisie ne peut plus continuer d’endurer les inconvénients liés à la déficience et au déséquilibre de l’économie et des finances. Certes, ce n’est pas encore l’orientation imposante dans laquelle le pays devrait s’engager, mais c’est toujours mieux que de continuer de subir et l’on ne peut que saluer les dispositions qu’elle suscite pour renverser la tendance. Cela ne peut être qu’une des réponses aux déboires de l’économie tunisienne, à son attrait relatif et à ses perspectives.
Les consultations de Beit El Hikma peuvent apporter un peu de douceur à un flux d’habituels constats moroses, lourds et inquiétants. Mais la situation économique du pays est encore loin de rassurer. Dans ses différentes interpellations, elle n’est pas aujourd’hui mieux perçue. Aussi bien pour les performances que pour l’adhésion des autres parties prenantes à un effort commun. Le Chef du gouvernement évoque l’existence d’équipes mixtes entre l’Ugtt, les représentants des ministères et de la présidence du gouvernement pour travailler, notamment, sur la réforme des entreprises publiques, afin de sortir de cette situation difficile. Il appelle toutes les parties à «adhérer à cet effort afin de constituer un front commun lors des discussions avec nos partenaires».
Longtemps adepte de l’esprit conformiste ayant contribué à entretenir une spirale inflationniste, l’économie tunisienne est restée dans ses travers. Elle ne parvient plus à faire face à un environnement qui ne sait plus se montrer raisonnable en termes de finances. Le raccommodage est considéré comme un fait ordinaire, tandis que le caractère prétendument exemplaire pour relever les défis économiques et sociaux est ouvertement contredit.
Avec une gestion de ses ressources le plus souvent mal orientée, l’économie tunisienne n’a pas pu sortir ces dix dernières années des sentiers battus. Privée de discernement et de créativité, elle a souvent manqué d’initiative, d’action et surtout de forcing. Dans ce contexte particulier, le dérapage risque d’être considéré comme un fait ordinaire.
L’on comprend que le système soit complexe, que le contexte soit difficile, mais la règle de base est pourtant simple : le pays est plus que jamais confronté à la nécessité de repenser ses priorités et de respecter les exigences relatives à ses équilibres financiers et économiques. C’est-à-dire ne plus investir à perte. Autrement…