Nul doute que la logique de la continuité s’est interrompue depuis 2011, qu’il n’est plus si simple de séparer le bon grain de l’ivraie et que les places ne sont pas forcément réservées aujourd’hui à ceux qui les méritent. Il n’en demeure pas moins qu’on apprend, on encaisse, on fait des erreurs, on assume, on tombe. Puis on se relève…

Le temps commence à paraître long et la Tunisie ne peut plus supporter de rester dans l’expectative et le provisoire. Autant dire que vivre dans le doute, la méfiance et la suspicion, c’est aussi vivre dans une attente permanente. Cela, personne ne semble aujourd’hui l’ignorer, notamment par rapport à ce que ne cessent de laisser entrevoir les rouages de l’Etat et le déploiement de ses différents mécanismes.

Le modèle tunisien est affecté par des considérations qui n’ont plus vraiment de lien direct avec la réalité. Sur les défaillances et le gâchis que cela entraîne, se profilent les dessous d’un avenir pas tout à fait rassurant. L’image que présente aujourd’hui le pays dépend beaucoup des dérives dans lesquelles il est entraîné et dont beaucoup de parties en assument visiblement la responsabilité.

Il ne faut pas chercher ailleurs les raisons d’un vrai malaise et d’une profonde interrogation sur une classe politique qui accumule de plus en plus les défaillances et qui semble ne plus se soucier des priorités et des exigences du moment. La Tunisie est entrée justement dans une phase de décomposition du moment où ceux qui sont appelés à la relever et à la faire grandir s’amusent à se renvoyer l’ascenseur et à conditionner quelque part la réalité. Il y en a qui ne savent même pas quel rôle jouer, d’autres veulent agir dans un milieu dans lequel ils n’ont pas réellement de vocation. Et cela à plusieurs niveaux de responsabilité…

Les travers du paysage politique se répercutent nettement sur la situation économique, sociale et même sanitaire. D’ailleurs, l’on ne semble pas se soucier du fait que la Tunisie enregistre aujourd’hui le plus grand nombre de décès par la Covid-19 en Afrique du Nord. Ces travers font écho à une réelle crise de gouvernance. Une crise qui tient essentiellement sa raison d’être de cette tendance à conditionner l’opinion publique. Les déclarations, les justifications ne sont au fait que le reflet qui en dit infiniment long sur un pays de plus en plus à la dérive.

Au vu de ce qui se passe, l’on ne cesse de se demander si les acteurs politiques sont vraiment capables de s’acheter une nouvelle conduite face aux dérapages qui n’en finissent pas.

Plus que de paroles et de discours, la Tunisie est aujourd’hui à la recherche d’actions, de programme, de stratégie et d’alternatives. Epiloguer, sermonner ne suffisent pas à construire un climat positif. Pire que la guerre médiatique, c’est une stratégie faite de démission et de résignation qui ne cesse de toucher ce qui est entrepris ici et là, à un moment où le pays a besoin de sérénité, d’accalmie et de quiétude. La confiance nécessite assurément un travail qui cultive les obligations mutuelles.

Il y a au fait tout un projet qui devrait être initié sur fond de prévalences et des primeurs, loin  des calculs politiques et partisans. Un projet qui tourne autour de l’urgence de la réhabilitation et forcément éclairé par les personnes qu’il faut aux places qu’il faut. L’on n’insistera jamais assez sur la nécessité de favoriser les meilleures conditions pour la relance économique. Certaines y sont peut-être déjà prêtes. D’autres devraient suivre. Mais le plus important est que la route soit bien tracée et que ceux qui aspirent au renouveau aient vraiment la motivation nécessaire pour entamer une nouvelle ère avec tout ce qu’elle comporte d’effort, de don de soi et de volonté, mais aussi d’échange et de solidarité.

L’idée serait de toute évidence de repartir sur une nouvelle base, avec moins de tension et surtout  une gestion des affaires publiques et privées complètement différente.

Quel que soit le contexte, la Tunisie a toujours un statut à défendre et des acquis à la fois à préserver et à rebâtir. Ce n’est plus certes facile, mais le défi mérite d’être relevé et les différentes parties prenantes sont appelées à ne pas aggraver la crise.

Nouvelle étape, nouvelles exigences. On ne saurait ignorer les changements tant espérés et susceptibles de recomposer les priorités et de valoriser tout ce qui a rapport à la reconstruction et à la création de richesses. Il s’agit d’une option irrévocable dans la mesure où tout ce que l’on est censé entreprendre est destiné à redresser et surélever un pays qui a plus que jamais besoin de se donner une nouvelle raison d’être. Un nouveau rang.

Nul doute que la logique de la continuité s’est interrompue depuis 2011, qu’il n’est plus si simple de séparer le bon grain de l’ivraie et que les places ne sont pas forcément réservées aujourd’hui à ceux qui réussissent. Il n’en demeure pas mois qu’on apprend, on encaisse, on fait des erreurs, on assume, on tombe. Puis on se relève…

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