Le retard accusé dans la campagne de vaccination aussi bien dans l’arrivage des vaccins que le nombre de vaccinés inquiète autant qu’il suscite des interrogations. Depuis son lancement, cette campagne d’immunisation contre la Covid-19 n’a jamais atteint sa vitesse de croisière. Elle reste frileuse et ne parvient pas encore à faire face à l’état d’urgence sanitaire, encore moins éveiller l’intérêt des Tunisiens, notamment dans la nécessité de se protéger contre les nouveaux variants de la pandémie et dans la perspective d’un retour progressif à une vie normale.
Par rapport à d’autres pays, et même nos voisins comme le Maroc, qui a réussi jusqu’ici à vacciner plus de quatre millions de personnes en double dose, soit plus de 11% de la population, la Tunisie est encore à la traîne. Le rythme est trop lent, insuffisant et sans conséquence avec à peine 11 mille personnes ayant reçu une vaccination complète après 37 jours de vaccination. Nous sommes encore loin du compte et le virus continue à se propager en terrain accommodant et opportun. D’ailleurs, l’on ne sait pas toujours si les choses pourraient s’améliorer dans les prochains jours puisque le ministre de la Santé a révélé devant les députés que les lots déjà acquis sont sur le point d’être épuisés. Plus grave encore : les promesses faisant état de l’arrivage chaque semaine de vaccins ne semblent pas être respectées, encore moins le calendrier établi à cet effet. Et dire que le vaccin est aujourd’hui la solution qui reste pour lutter contre le virus après avoir abandonné le recours au confinement.
Nul doute que la relance de l’économie et la réhabilitation des différents secteurs qui lui sont liés dépendent désormais du bon déroulement de la campagne de vaccination. Son ralentissement, associé au contexte sanitaire dans le monde, risque non seulement de retarder la reprise, mais aussi et surtout d’aggraver une situation de plus en plus insoutenable. La crise sanitaire a impacté désastreusement l’économie tunisienne et pratiquement tous les indicateurs sont au rouge.
Avec des capacités et des moyens supposés ou avérés, l’incertitude et le flou sont le dominateur commun dans ce qui est entrepris par les structures qui gèrent actuellement la crise sanitaire. Des structures stigmatisées, ou presque, par le manque d’innovation et d’imagination, notamment en l’absence d’initiatives et d’anticipation. Il ne faut pas se voiler la face : à défaut d’emprise et d’influence sur une situation qui échappe de plus en plus au contrôle, les différentes structures ont besoin d’une nouvelle stratégie. Jusque-là, la gestion de la crise sanitaire a quelque part pris le mauvais chemin. Elle n’a pas été suffisamment efficace dans l’affirmation des mesures sanitaires. Pas mieux dans la campagne de vaccination. Encore pire dans la prise de décisions décisives et déterminantes…