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Commentaire: Un déficit d’implication

Les décisions relatives à la gestion de la crise sanitaire sont-elles du ressort du gouvernement ou du comité scientifique ? Qui doit trancher ? Les deux, bien sûr. Mais seul le gouvernement est appelé à aller au cœur des choses.  

Les chiffres sont déroutants : le cap des 300 mille contaminations du coronavirus est dépassé. Le nombre de victimes de la pandémie a atteint plus de 10 mille. Le bilan risque de s’alourdir d’ici à la fin du mois de mai. Les dégâts humains, sociaux et économiques se révèlent chaque jour. Le contexte actuel fait que la crise sanitaire, telle qu’elle est gérée actuellement, serait incontrôlable. De nouveaux symptômes apparaissent chez les patients lors de la troisième vague que connaît actuellement le pays. Ils se répandent de plus en plus et posent un problème pour le diagnostic puisqu’ils ne sont pas forcément associés au coronavirus.  Le plus inquiétant avec cette troisième vague, c’est l’augmentation des cas dans la tranche d’âge des 30 – 40 ans ainsi que chez les enfants.

Le comité scientifique se réunira aujourd’hui pour proposer au gouvernement de nouvelles mesures et de nouvelles dispositions pour lutter contre la propagation du virus. A quoi devraient cependant servir les mesures sanitaires quand elles sont détachées de leur milieu et de leur réalité ? Comment seraient-elles efficaces quand elles ne sont pas respectées ? Ou alors un simple effet d’annonce pour masquer une série d’échecs ? C’est peut-être cette réalité, assez déprimante, que les responsables refusent de voir. En tout cas, l’impact est négligeable et les rôles sonnent faux. A défaut des alternatives de rigueur, ceux qui comptent sur la conscience des citoyens donnent l’impression d’être coupés de la réalité. Si on n’est pas capable d’imposer la loi, de sanctionner et de réprimer, il y a vraiment de quoi s’inquiéter.  

Les décisions relatives à la gestion de la crise sanitaire sont-elles du ressort du gouvernement ou du comité scientifique ? Qui doit trancher ? Les deux, bien sûr. Mais seul le gouvernement est appelé à aller au cœur des choses.  

Finalement, quels moyens et quel recours pour lutter contre un virus de plus en plus meurtrier et dont personne ne peut savoir aujourd’hui s’il disparaîtra un jour ? Vaste question! Car il n’y a pas de solution miracle.

L’absence de moyens est souvent l’argument le plus évoqué dans les différentes crises par lesquelles est passée la Tunisie depuis une décennie. Cela  est vrai. Mais en 10 ans de mauvaise gestion économique, financière, sociale et sanitaire, ce sont encore et toujours les idées qui manquent. Les initiatives et les stratégies aussi. Les volontés politiques, les bonnes, assurément… On n’a pas dérogé à la règle dans le traitement de la crise sanitaire. L’inconscience et l’imprudence semblent aujourd’hui passer avant l’exemplarité. La plupart des politiques ont depuis longtemps perdu tout crédit. Ils sont mal placés pour être écoutés, encore moins servir d’exemple.

Alors que la crise sanitaire dans nombre de pays comparables au nôtre provoque  un réflexe d’union sacrée autour de sa classe politique et de ses responsables, chez nous, elle est venue élargir la fracture entre les différentes parties prenantes et n’a jamais servi pour apaiser un climat de plus en plus tendu du fait des enjeux et des pressions. Le lien de confiance politique est abîmé dans une Tunisie divisée. On ne peut pas omettre la réalité des formes de dérives et de manquements qui ont germé dans le bouillon des dépassements, des abus. Des dérèglements qui ont prospéré sur un terreau où plusieurs parties prenantes ont assurément une grande part de responsabilité. Paralysés dans ce qu’ils sont censés entreprendre pour l’intérêt national et le bien des Tunisiens, ils ont visiblement laissé de côté les priorités et les exigences que recommandent et imposent les crises à la fois économiques, sociales et sanitaires. Les manquements, la plupart du temps à un prix fort, deviennent de plus en plus impérieux pour le pays et  pour son avenir. Il est vrai que la classe politique, qui tarde encore à se réconcilier avec le peuple, n’a pas réellement la raison et les moyens persuasifs et convaincants.

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