Accueil A la une Les finances publiques face au spectre de l’effondrement: La Tunisie à la recherche d’une bouée de sauvetage

Les finances publiques face au spectre de l’effondrement: La Tunisie à la recherche d’une bouée de sauvetage

La maîtrise de la masse salariale qui a carrément explosé après la révolution, à cause des recrutements jugés abusifs et non étudiés dans la fonction publique, constitue un enjeu majeur pour limiter la dégradation de la situation des finances publiques. Proportionnellement au nombre des travailleurs et des employés de la fonction publique, la masse salariale en Tunisie est l’une des plus élevées dans le monde. La situation économique du pays va de mal en pis. Le gouvernement gère son budget au jour le jour sans aucune visibilité. Certes, une décennie de mauvaise gestion économique et financière serait derrière cette situation qualifiée de catastrophique par plusieurs économistes. En effet, il ne se passe pas un jour sans que la Tunisie ne s’enfonce davantage dans une crise économique sans précédent. Outre le blocage des secteurs de production, c’est la situation des finances publiques qui inquiète le plus. Les finances publiques se définissent en droit public comme la gestion des ressources mises à la disposition de l’Etat, des collectivités publiques, des collectivités territoriales, des organismes de sécurité sociale et des établissements publics et autres pour payer les charges et la gestion des impôts perçus. En somme, elles sont liées à toutes les formes d’action publique, sauf qu’en Tunisie les finances publiques connaissent depuis la révolution une nette dégradation due notamment à l’absence de visibilité et aux mauvais choix économiques et financiers faits tout au long de la dernière décennie.

D’ailleurs, si la Tunisie part dans une rude épreuve pour convaincre les bailleurs de fonds, dont notamment le Fonds monétaire international (FMI) et la Banque mondiale (BM) de la nécessité d’appuyer son budget, c’est la question des finances publiques qui est au cœur des négociations.

En effet, c’est le FMI qui a toujours appelé à une meilleure gestion des finances publiques en Tunisie, ceci passe forcément par la limitation des dépenses de l’Etat dans le cadre de la masse salariale et de la caisse de compensation.

Proportionnellement au nombre des travailleurs et des employés de la fonction publique, la masse salariale en Tunisie est l’une des plus élevées dans le monde. La masse salariale dans le budget de l’Etat de l’exercice 2021 est en hausse de 5,7%, passant à 20.118 millions de dinars (MD) contre 19.030 MD actualisés pour l’année 2020, selon le projet de Budget publié sur le site du ministère des Finances. Ces dépenses représentent 16,6% du PIB et 49% des dépenses du budget de l’État (contre 48,5% selon le projet des finances pour l’année 2020 et 44% actualisés pour l’année 2020). La hausse des dépenses des salaires de 1.088 millions de dinars sera répartie entre 720 MD destinés à couvrir l’impact financier annuel du programme d’augmentation salariale, 268 MD pour les recrutements programmés en 2021 et 100 MD à titre d’ajustement des augmentations spécifiques accordées aux militaires et des accords sectoriels.

Contacté par La Presse, l’expert en économie, Ridha Meddeb, explique que la situation des finances publiques est catastrophique en Tunisie et que la crise commence à se faire sentir, ce qui pourrait aggraver la situation sociale. Il affirme dans ce sens que ce sont les choix économiques entrepris depuis la révolution et l’absence de réformes nécessaires qui ont conduit à cette situation proche d’un effondrement des finances publiques. Lui, qui alerte contre la position adoptée, assure que dans ses négociations avec le FMI notre pays a accepté toutes les conditions posées par cette structure, évoquant des mesures douloureuses qui vont être prises d’ici quelques mois.

L’indispensable maîtrise de la masse salariale

Au fait, la maîtrise de la masse salariale qui a carrément explosé après la révolution à cause des recrutements jugés abusifs et non étudiés dans la fonction publique constitue un enjeu majeur pour limiter la dégradation de la situation des finances publiques.

Ali Kooli, ministre de l’Economie, des Finances et de l’Appui à l’investissement, s’est d’ailleurs fixé comme principal objectif de s’attaquer à ce dilemme de la masse salariale dans la fonction publique tunisienne, mais ce n’est pas gagné d’avance. Il avait d’ailleurs annoncé que le gouvernement présentera des propositions pour modifier les horaires de travail en vue de maîtriser la masse salariale. L’objectif étant d’examiner la possibilité de réduire le temps de travail contre une baisse des salaires, a-t-il indiqué, ajoutant que le gouvernement présentera également des propositions aux salariés qui souhaitent créer leurs propres projets. Une manière d’inviter certains employés à quitter la fonction publique dans l’ambition d’alléger les pressions sur les finances publiques.

Réformer la Caisse de compensation

Le gouvernement se penche également sur le sujet de la révision du système de subvention hautement critiqué par les bailleurs de fonds de la Tunisie. Kôoli a souligné qu’un diagnostic de la situation a été entrepris et que certaines mesures qui sont en cours d’examen seront prises. «Dès que les mesures seront prêtes, elles seront discutées avec les parties prenantes au débat; à savoir les organisations nationales, exprimant le souhait de pouvoir les mettre en place  le plus rapidement possible». Pour le ministre, la volonté existe et le gouvernement commencera à mettre en place ces mesures progressivement au cours de cette année.

Au fait, la Caisse générale de compensation a toujours constitué un fardeau pour le budget de l’Etat, dans la mesure où les fonds qui y sont alloués augmentent d’une année à l’autre, atteignant plus de 400 millions de dinars. La Tunisie s’apprête à revoir sa stratégie en matière de compensation des matières de base, notamment les carburants, le lait, le blé et autres. Ces mesures auront certainement des conséquences sociales, mais contribueront selon certains économistes à alléger les dépenses de l’Etat et appuyer l’investissement public.

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