Conflit d’intérêts dans le secteur public qui interdit aux députés de contracter avec l’Etat à des fins de commerce durant leur mandat, violation de la loi portant sur la déclaration des biens et des intérêts dans la lutte contre l’enrichissement illicite, se faire vacciner contre le coronavirus sans que son nom ne figure sur la liste des personnes prioritaires et enfreindre la stratégie nationale de vaccination : la transparence, le respect des règles, l’égalité et l’équité sont abandonnés dans les tiroirs du Parlement.
Ce qui est vraiment inquiétant, c’est que certains élus à l’esprit attentiste et trompeur veulent profiter de chaque malaise, de chaque crise, pour tirer profit de n’importe quelle circonstance et prospérer sur le dos du peuple.
Pour avoir fermé les yeux sur tout ce qui constitue une source d’abus et de débordements, pour avoir été dépassée par les événements, la présidence de l’ARP a autorisé les dérives et les dérapages en tous genres de la part de certains députés devenus au fil du temps ingérables et incontrôlables. Les véritables besoins et impératifs pour remettre chacun à sa place, ignorés jusque-là sous l’effet d’arguments erronés, ont fait que l’on continue à cautionner un environnement défavorable, qui ne respecte pas la charte, qui ne valorise pas l’éthique et qui ne donne pas la priorité à une véritable politique de transparence et de clarté. On ne sait pas, on ne sait plus où va le Parlement, notamment avec les dépassements dont il est devenu l’otage. C’est l’issue inévitable dans laquelle se trouve aujourd’hui une institution dont la plupart des acteurs sont incapables, en l’absence de dispositions requises, de s’acheter une nouvelle conduite. Il faut se demander s’il existe vraiment une vision collective du problème ou alors chacun défend-il simplement ses intérêts personnels et partisans ?
Impliqués dans des considérations hors normes, d’un abandon évident des principes et des fondamentaux, ils ne cessent de surprendre avec leur incroyable faculté à se prêter à toutes les irrégularités. Et dire que les deux députés pointés du doigt par l’organisation I Watch sont membres de la Commission parlementaire de la réforme administrative, de la bonne gouvernance, de la lutte contre la corruption et du contrôle de gestion des deniers. Le premier s’est vu attribuer, par voie de location, une ferme domaniale de 415 hectares à Béja ; et la deuxième a bénéficié de la première dose du vaccin contre le coronavirus, bien qu’elle ne fasse partie ni des cadres médicaux et paramédicaux ni des personnes âgées et n’ait pas encore reçu de SMS l’invitant à un rendez-vous de vaccination.
Décidément, le profil et le sens de la responsabilité chez certains députés ne rassurent guère. Ils ont conscience du privilège, mais ils ne le méritent pas.