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Rôles, prérogatives et vocation

Les signaux positifs tardent à se manifester, les principaux piliers de la croissance sont toujours à la traîne et les ressources de financement mobilisées sont encore très faibles. Autant il était permis à la Tunisie de grandir dans un temps aujourd’hui révolu, autant il lui est difficile actuellement de maîtriser les règles et les exigences du développement et de faire face à la dégradation de la situation économique. Pour le gouverneur de la Banque centrale, la crise économique, que connaît actuellement le pays, est plus aiguë et plus profonde que celle qu’il avait affrontée en 1962.

Au-delà du cri d’alarme de Marouène Abassi, des constats et des appréhensions, la Tunisie est aujourd’hui dans l’obligation de penser à la recomposition de ses priorités. L’action gouvernementale continue,  cependant, à souffrir du dérapage des finances publiques et s’attelle à faire face aux difficultés en tous genres. Le besoin de financement est énorme. N’étant pas assurément pour aujourd’hui, la dynamique de désendettement se fera encore et toujours attendre. Il faut dire que ce qui est demandé à ce niveau dépend de la volonté politique des différentes parties prenantes, mais aussi des choix les plus appropriés, de l’efficacité et de la rigueur. A quelques éléments près, on connaît les problèmes de fond qui empêchent toujours l’économie tunisienne  de se lancer de nouveau sur la voie de la croissance. Mais on devrait surtout connaître tout ce qui est de nature à permettre aux secteurs de base de se ressaisir, de se libérer, de sortir sur les marchés financiers internationaux et de consacrer la culture de la productivité et de la compétitivité. 

Plus que jamais institutionnalisés, les discours populistes ont fini par fragiliser les institutions de la République et compromettre l’édifice démocratique. Le fait est là: on assiste de plus en plus à une mobilisation  particulièrement orientée vers le dénigrement, l’excès et la disproportion. Tout ce qui est entrepris, tout ce qui est  envisagé, est contesté en permanence et sans répit. Paradoxalement, cela vient d’une poignée de personnes égarées dans leur raisonnement. Les événements qui se succèdent montrent l’ampleur du mal. On ne juge pas aux résultats, mais plutôt sur fond de conditionnement et d’influence.

Les choix du gouvernement, que ce soit en ce qui concerne les réformes économiques, ou les mesures sociales sont d’une façon ou d’une autre discutables. On ne saurait jamais l’ignorer. Mais à en faire une fixation négative ne sert point les intérêts du pays. Qu’on se le dise,  la plupart des intervenants cherchent à se faire remarquer n’importe comment et avec n’importe quel argument. Ici et là, il y a un point commun: la mise en cause des choix souvent imposés et adoptés bon gré mal gré. S’ils étaient de l’autre côté de la barrière, leurs jugements et leurs avis auraient été certainement différents.

On est dans un monde où le savoir et la compétence n’ont plus d’importance par rapport à ce qui se dit, se raconte et se propage. Un nouveau monde est né avec une façon d’être, de faire et de penser différente. Pareille reconversion se traduit par une confusion dans les rôles, les prérogatives et la vocation. Il n’en demeure pas moins qu’un niveau d’unanimité et d’adhésion est fortement souhaité aujourd’hui.

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