S’agit-il d’informations émanant des services de renseignements ? Faut-il vraiment s’inquiéter pour la sûreté nationale en Tunisie ?
Tant de questions sont restées sans réponse après la déclaration, mardi, du président de la République lors de sa réunion avec l’actuel Chef du gouvernement, Hichem Mechichi, et d’anciens chefs de gouvernement. «Certaines parties se déplacent à l’étranger secrètement en cherchant à m’écarter par tous les moyens, quitte à m’assassiner», a-t-il lancé, suscitant de nombreuses réactions, mais aussi des inquiétudes et des interrogations.
Lorsque le premier responsable de l’Etat, garant de la sécurité nationale et chef des trois armées, est la cible d’un plan d’assassinat, on s’aperçoit de la dangerosité de la situation en Tunisie. S’il s’agissait d’une importante rencontre sur le chemin de la concrétisation de l’initiative du dialogue national, cette déclaration a éclipsé ce premier pas vers le dénouement.
Le président de la République a reçu, mardi 15 juin, le Chef du gouvernement actuel, Hichem Mechichi, ainsi que les anciens, Ali Laârayedh, Elyes Fakhfakh et Youssef Chahed. Une réunion axée sur l’organisation d’un dialogue national et les moyens permettant de sortir de la crise politique, économique et sociale sachant que le Chef de l’Etat, censé superviser ce dialogue, a, à maintes reprises, refusé la participation de «certaines parties corrompues ». Sauf que mystérieusement, le Chef de l’Etat a révélé un plan visant à l’écarter même en l’assassinant en complotant avec des parties étrangères.
« Le dialogue ne peut être abordé de la même manière que les anciens. Les vrais patriotes n’organisent pas de réunions à l’étranger en vue de trouver un moyen pour écarter le Président de la République même en l’assassinant », a lancé Kais Saied, précisant qu’il est conscient de ce qu’il dit et qu’il détient des informations certaines à ce sujet.
Pas une première
En janvier dernier, le cabinet du président avait annoncé avoir reçu un courrier contenant une poudre suspecte qui a rendu malades deux personnes, dont notamment la cheffe du cabinet, Nadia Akacha. Une enquête avait été ouverte, sauf que le ministère de l’Intérieur affirmait que la substance n’était pas toxique.
Selon Carthage, le Président Kaïs Saïed aurait donc bien été victime d’une tentative d’empoisonnement, certains chefs d’Etat s’étaient enquis de la santé de Kaïs Saïed après ces informations sur une tentative d’empoisonnement», alors qu’à ce moment-là l’affaire est toujours entourée de mystères.
En août dernier, la police judiciaire avait ouvert une enquête sur des informations fournies par un ouvrier dans une boulangerie approvisionnant le palais de Carthage selon lesquelles certaines parties lui ont demandé d’empoisonner le pain livré au palais dans le cadre d’un plan d’assassinat contre le Chef de l’Etat.
Selon le porte-parole du Tribunal de première instance de Tunis, Mohsen Daly, le ministère public avait été informé de ces données et avait autorisé, par la suite, la direction criminelle d’El Gorjani d’entamer les investigations sur cette affaire. Sauf que les informations en question n’étaient pas sérieuses et étaient loin de faire partie d’un plan d’assassinat visant le président de la République, affirmait Daly.
Cependant, lorsque le Chef de l’Etat affirme détenir des informations portant sur un plan d’assassinat le ciblant, on s’aperçoit que ces informations sont sérieuses et ne doivent, en aucun cas, passer inaperçues. La présidence de la République a-t-elle alerté la justice sur ce dossier ? Nous avons essayé de contacter les services de la présidence de la République, mais ils étaient injoignables, le Président de la République étant actuellement en visite officielle en Italie sur invitation de la part de son homologue italien.