Très peu d’informations ont circulé sur l’entretien en cours de semaine entre Saïed et Ghannouchi. Il faut dire que les rumeurs se sont profondément multipliées ces derniers temps, ne serait-ce que pour conditionner une frange de l’opinion publique. Mais la confiance des Tunisiens en les politiques a beaucoup perdu ces dernières années de son entrain, voire de sa raison d’être. Ils ont désormais une idée sur la manière dont les intox se propagent, mais surtout des parties qui ne cessent de les relayer. Des informations en réalité infondées et basées sur des faits déformés et la plupart du temps sortis de leur contexte. Aucun élément sérieux ne peut aujourd’hui laisser croire qu’il y a eu vraiment un accord entre le Président de la République et le président du Parlement. En l’absence de réactions officielles de part et d’autre, les interprétations, des fois aussi la confusion, continuent à alimenter les débats.
L’on sait que, depuis dix ans, les fausses informations se propagent bien plus vite et bien plus largement que les vraies. Elles ont une capacité étonnante de circuler sur les réseaux sociaux, en raison, il est vrai, de l’engouement du Tunisien pour la nouveauté et le sensationnel. A travers les différentes informations véhiculées, l’on constate que le mensonge et la rumeur se diffusent plus profondément que la vérité. Plus encore : ils sont plus susceptibles d’être partagés. Il n’en demeure pas moins que nous en sommes régulièrement abreuvés pour un oui ou pour un non concernant les réseaux sociaux.
Les fausses informations ont envahi le paysage politique, et encore plus son traitement médiatique. Pire : certains acteurs s’y prêtent volontiers et sans la moindre réserve. On aime l’incertitude, on se plait dans le désarroi. On cherche les énigmes. On nourrit les équivoques. On sait bien qu’il y a de bons et de mauvais politiques. Mais la prolifération de ces derniers risque d’éloigner les solutions les plus adéquates et les mieux indiquées dont a nécessairement besoin aujourd’hui le pays. Il semble même que la présence de certains soit de nature à compromettre celle des autres. L’honnêteté et la compétence n’existent plus, ou si peu. Le contexte actuel constitue un exemple révélateur de la dévalorisation comptable du capital humain. Comme s’il était interdit à la Tunisie d’avoir des ambitions lorsqu’elle en a pourtant les moyens.
On peut énumérer les parties impliquées dans l’opération de redressement politique, économique, social et sanitaire du pays, mais très peu échappent vraiment aux critiques. Des approches descendues du ciel, travaillées à la va-vite et basculant sans cesse dans des considérations chamboulées.
Désagréable, ennuyeux et intrigant, le paysage politique n’en finit pas de susciter les débats, généralement sur fond de constats amers. En tout cas, rien n’est clair. Il y a comme une malencontreuse reconversion dans laquelle se trouve aujourd’hui le pays. Les politiques ont naturellement le droit de commettre des erreurs, mais ils ont aussi le devoir de se comporter dignement. Ils évoluent dans un monde qui leur donne tout, ou presque, sans que la plupart ne le méritent vraiment. Inexistants dans les moments difficiles et effacés devant les problèmes, ils ont pris l’habitude de se disculper dans les échecs. Le sens du dévouement et de l’appartenance oublié, ils ne cessent de miser sur une conjonction d’intérêts personnels et partisans qui dépassent en long et en large ceux de la Tunisie.
Accroche :
Les politiques ont naturellement le droit de commettre des erreurs, mais ils ont aussi le devoir de se comporter dignement. Ils évoluent dans un monde qui leur donne tout, ou presque, sans que la plupart ne le méritent vraiment. Inexistants dans les moments difficiles et effacés devant les problèmes, ils ont pris l’habitude de se disculper dans les échecs. Le sens du dévouement et de l’appartenance oublié, ils ne cessent de miser sur une conjonction d’intérêts personnels et partisans qui dépassent en long et en large ceux de la Tunisie.