L’on n’hésite pas aujourd’hui à considérer la dernière décennie comme étant une période et une étape d’abaissement politique, économique et social. Un déchirement provoqué par des gouvernants et des acteurs qui ont commis l’énorme erreur de s’éloigner des objectifs de la Révolution, de ses exigences et des alternatives qu’elle était censée produire. Une révolution dont la valorisation et la consécration sont restées tellement pauvres et tellement insignifiantes que les valeurs et toute la signification qui s’y rattachent n’avaient plus, au fil du temps, de sens ou de raison d’être. Rares sont les Tunisiens qui s’y retrouvaient et plus personne n’était vraiment convaincu des raisons et des choix des gouvernants et de toute la classe politique. La fracture n’a jamais été aussi grande entre les politiques et le Tunisien. Entre les acteurs eux-mêmes : accuser en permanence et sans arguments valables l’autre d’être pire que soi.
Dans les différentes considérations, individuelles ou collectives, il n’était plus question de vrai changement, encore moins de reconversion. La révolution est restée sur un goût et un mélange d’imparfait, d’incomplet et d’inachevé. Les principaux acteurs, notamment ceux qui s’en étaient rapidement emparés, ne bougeaient que pour ne rien changer. Ils n’étaient pas dans le ton. Pas bien dans leurs convictions aussi. Et trop tournés vers la médiocrité. L’impact était négligeable et les rôles sonnaient faux. Le paysage politique se serait ainsi installé sur une montagne de dérives. Trop risqués car soutenus par des responsables privés de discernement, d’imagination, d’initiatives et surtout de compétence. Les standards et les règles communément respectés étaient plus que jamais bafoués. Il s’est avéré que se partager la médiocrité, c’est ce qu’on aimait le plus dans le monde «merveilleux» d’Ennahdha et de ses alliés.
Arès les décisions et les mesures exceptionnelles annoncées par le Président de la République, la révolution peut-elle vraiment retrouver ses vertus, redevenir ce qu’elle était, et surtout ce que le peuple tunisien a toujours aimé qu’elle soit ?
Il n’est pas difficile d’affirmer aujourd’hui que les mesures et les décisions présidentielles ont rapidement conquis les cœurs et que les Tunisiens vivent aujourd’hui avec tout ce qui en fait une raison d’être, un soulagement. Selon le dernier sondage d’Emrhod Consulting, 87% des Tunisiens approuvent les décisions de Saïed. Le doute fait place à l’espoir et le sens des responsabilités prend de plus en plus forme. C’est dans ce sens que le Président de la République a appelé, lors de son entretien avec le président de l’Utica, les grossistes et les détaillants à concéder une baisse des prix et à tenir compte du pouvoir d’achat du citoyen et, surtout, à ne pas favoriser le gain au détriment de la pauvreté des gens. La décision de récupérer les fonds publics pillés et d’ailleurs mentionnés dans le rapport de la Commission nationale d’enquête sur la malversation et la corruption ne peut que rassurer les Tunisiens, notamment face aux déviations, à la monopolisation et la spéculation dans lesquelles s’est enlisée l’activité économique et commerciale et dont beaucoup de parties assument visiblement une grande responsabilité.
On doit admettre aujourd’hui que tout ce qui a rapport avec le quotidien du Tunisien ne peut plus être laissé au pouvoir de quelque personne que ce soit sur le plan de la fiabilité, ou d’ordre structurel. Personne n’ignore que le pouvoir d’achat du citoyen est tombé si bas et que ceux qui sont aux commandes n’ont rien fait pour y remédier. La responsabilité de toutes les parties est totalement engagée dans la mesure où plus personne ne semblait s’inquiéter du calvaire du Tunisien face à la cherté de la vie. Personne ne semblait aussi s’inquiéter des dérives qui ont plus que jamais atteint une situation de non-retour.
Les décisions présidentielles devraient soulever une réelle prise de conscience et entraîner une mobilisation de tous les instants. Cela ne manquera pas de réchauffer le cœur des Tunisiens. Et pourquoi pas servir de message à tous ceux qui ont porté, d’une manière ou d’une autre, atteinte aux intérêts de la nation.
Sauver la Révolution, cela passe par l’affirmation, mais aussi la confirmation. Deux qualités qui ont une signification particulière dans la démarche avant-gardiste déclenchée par le président de la République face à laquelle des partis politiques ont perdu tout crédit et toute crédibilité. Une démarche qui rassure les Tunisiens alors qu’elle plombe d’autres parties. Une démarche qui fait frissonner ceux qui se voyaient au-dessus de la loi. C’est pour cela qu’on fait confiance au Président de la République. Et c’est pour la même raison que l’exemplarité passe avant la pédagogie et le populisme.
Incontestablement, il y a une majorité de Tunisiens autour de Saïed. Une majorité soucieuse d’en finir avec les dérives qui ont conduit la Tunisie là où elle est aujourd’hui. Mais elle parviendra certainement à se relever…