Dans la foulée des événements politiques, il semble que les Tunisiens aient oublié les grosses pressions financières et économiques auxquelles fait face la Tunisie. En effet, si l’actualité politique a éclipsé la donne économique, il n’en demeure pas moins que les risques financiers sont énormes : une économie à genoux, une production paralysée, un taux d’endettement qui donne le vertige. Bref, tous les indicateurs sont au rouge.
Et maintenant que le Président de la République tient, seul ou presque, les com – mandes du pays, il est de son devoir de se pencher sur la crise économique. Quelles solutions pour une telle situation extrêmement délicate ? En recevant récemment le gouverneur de la Banque centrale, certainement pour s’enquérir davantage de la situation économique, Kaïs Saïed s’est dit hautement préoccupé par la question des équilibres financiers des finances publiques. Et pour cause, des caisses de l’Etat vides et des revenus faibles compte tenu de la masse salariale jugée extrêmement élevée par les différents économistes. Que reste-til pour la Tunisie pour remédier à la situation ? Le Chef de l’Etat, fidèle à lui-même, a annoncé à demi-mot la prédisposition de pays voisins et frères à aider la Tunisie dans cette difficile conjoncture.
Saïed qui a salué les initiatives d’aide spontanées lancées par les citoyens, soulignant sa croyance en la capacité de surmonter les obstacles grâce à la volonté du peuple, ainsi que la position sincère des pays frères et amis qui vont venir en aide à la Tunisie. Ces derniers se sont déclarés prêts à combler les déséquilibres financiers et aider la Tunisie à remplir ses obligations financières internes et externes, selon Saïed.
Saïed a déclaré lors de cette rencontre, qui s’est tenue au Palais de Carthage, qu’il annoncera en temps et lieu cette prise de position historique prise par un certain nombre de pays frères et amis, notamment dans le domaine économique. Cette guerre sera gagnée « sans balles ni sang, mais par la loi fondée sur la justice et la liberté », ajoute-t-il.
Quels pays ?
Qui sont ces pays qui sont prédisposés à accompagner la Tunisie financièrement dans cette conjoncture difficile ? Pour répondre à cette question, il faut revenir aux derniers développements diplomatiques en marge des récentes décisions présidentielles. Ce sont notamment les pays qui soutiennent ouvertement Kaïs Saïed dans sa manœuvre politique qui pourraient apporter un tel financement qui s’annonce inédit. Dimanche dernier, les deux présidents égyptien et algérien ont convenu, à l’issue d’un entretien téléphonique, à la nécessité de soutenir la Tunisie dans cette conjoncture politique extrêmement compliquée.
En effet, les deux présidents se sont montrés disposés à aider la Tunisie pour surmonter la crise économique étouffante qui s’est installée depuis plusieurs années. Outre ces deux pays, l’Arabie Saoudite p ourrait également apporter son soutien financier à la Tunisie, selon certains échos et indiscrétions. Si plusieurs rumeurs courent actuellement selon lesquelles ce pays prendra en charge une partie des dettes tunisiennes, jusqu’à présent rien n’est encore confirmé. Si le Président de la République évoque le soutien de pays frères et voisins, il ne faut pas oublier les pays du nord de la Méditerranée, d’autant plus que le Chef de l’Etat entretient d’excellentes relations avec ses homologues français et italien. Il faut rappeler dans ce contexte que le président français, Emmanuel Macron, avait annoncé à maintes reprises que la France ne laisserait jamais la Tunisie seule dans ces conditions.
Reste à savoir si le pays de l’oncle Sam, dont les positions sont méfiantes à l’égard de ce qui se passe actuellement en Tunisie, va apporter, à son tour, un soutien financier à la Tunisie ou pas ? En tout cas, Kaïs Saïed a eu, samedi dernier, un entretien téléphonique avec Jake Sullivan, conseiller à la sécurité nationale du président américain, Joe Biden.
Au cours de l’entretien d’une heure, Sullivan a exprimé le ferme soutien du président Joe Biden au peuple tunisien et à la démocratie tunisienne fondée sur les droits fondamentaux, des institutions fortes et l’attachement aux règles de droit, indique un communiqué publié par la Maison-Blanche. Alors que les revendications des Tunisiens portent essentiellement sur l’amélioration du niveau de vie et une gouvernance honnête, les Etats-Unis et d’autres amis du peuple tunisien sont prêts à redoubler d’efforts pour aider les Tunisiens à avancer vers un avenir prospère et démocratique, ajoute le communiqué.
Quel soutien ?
De quel soutien financier s’agira-t-il ? La Tunisie aura-t-elle accès à des dons financiers de la part de ces pays ? Bénéficiera-t-elle d’une annulation de dettes ou de leur conversion en projets d’investissement ? S’agira-t-il de garanties financières auprès des bailleurs de fonds ? Actuellement, l’image reste floue. Les jours à venir apporteront de nouveaux éléments de réponse, d’autant plus que le pays ne supporte plus une telle situation financière sans aucune visibilité.
Il est à rappeler que la Tunisie était parvenue, il y a quelques jours, à rembourser un emprunt obligataire d’une valeur de 506 millions de dollars. En 2014, la Tunisie avait présenté à l’Administration américaine une demande d’emprunt pour faire face à la hausse des dépenses compte tenu de la faiblesse des recettes. Le gouvernement tunisien souhaite obtenir une nouvelle garantie de l’Administration américaine pour un emprunt d’un mont ant de 1 milliard de dollars. Le besoin de financement extérieur de la Tunisie prévu dans le cadre du budget 2021 est estimé à 6,7 milliards de dollars. Le 10 décembre 2020, le Parlement tunisien a approuvé un budget de 19 milliards de dollars pour 2021, avec un déficit de 2,6 milliards de dollars.