On ne tourne pas une page sans en tirer les enseignements nécessaires. Sans que chacun assume les responsabilités de ses actes, sans impulser une nouvelle dynamique destinée à remettre les choses à leur place. Le monopole, la spéculation des produits agricoles font que certaines parties contrôlent les quantités de produits livrés sur les marchés. Ils augmentent les prix et nuisent aux agriculteurs, aux ouvriers agricoles et par conséquent au pouvoir d’achat du consommateur. On ne peut plus aujourd’hui omettre la réalité des formes de dérives et de manquements qui ont germé dans le bouillon du laisser-aller et de l’indifférence et qui ont prospéré dans un environnement où plusieurs parties prenantes ont leur grande part de responsabilité. L’odeur de l’argent facile et du bénéfice exagéré ronge, salit et corrompt les circuits de distribution des produits agricoles. Des circuits devenus au fil du temps un spectacle business dominé par l’argent-roi. Les aléas, voire les manquements, deviennent de plus en plus impérieux pour l’activité commerciale et tous ses fondements. On sait ce que gagnent les intermédiaires entre les agriculteurs et les consommateurs, sans aucune légitimité et avec le minimum de dépenses. On sait aussi ce que cela génère pour l’économie. Mais jusque-là on n’est pas parvenu à faire face à ce fléau dans un environnement bien déterminé et qui prend de plus en plus une forme méconnaissable, hors-piste et hors-la-loi…
Il est grand temps d’ausculter ce mirage dans les circuits de distribution et imposer une modération dans les gains qui, en définitive, profiterait à tous les intervenants. Plutôt que de fermer les yeux et de tolérer l’intolérable, sans rien faire, comme on l’a fait pour la bulle des autres maux de l’économie et des finances tunisiennes.
«Il n’y a pas de place pour le monopole et la spéculation des produits agricoles», affirme le Président de la République, allant jusqu’à avertir contre toute tentative de spéculation, qui sera d’ailleurs «fermement sanctionnée». Plus encore : «Toutes les personnes impliquées seront tenues pour responsables, quelle que soit leur position».
Quand on veut on peut. Il n’y a que le premier pas qui coûte. Les décisions et les mesures du 25 juillet auront pas de sens tant que les plaies du passé restent toujours béantes. La Tunisie est aujourd’hui à la croisée des chemins et la reconversion devrait se traduire par des façons d’être, de faire et de penser.