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Contrepoint: 70 jours après…        

La situation, quelque 70 jours après le «25 juillet».

Contradictoire. Difficile à mettre au clair. Dorénavant risquée.

La contradiction est dans le fait que 80% des Tunisiens rejettent la «décennie de malheur», approuvent KS et ses mesures d’exception, mais que ceux-là même qui ont mené le pays là où il est (une poignée) crient, manifestent, condamnent la «dictature», «l’abandon de la légalité, de la démocratie», «la violation de la constitution». Pas que : réclament même leur propre retour, moyennant de vagues excuses et un soi-disant «dialogue». En résumé : la volonté populaire clairement audible, lisible, rondement chiffrée, que couvrent les vociférations d’une minorité «rebut».Plus grave, peut-être : derrière le tollé «patriotique» et «démocratique»,il y a un oubli, un piège, celui d’un islam politique en pleine déconfiture et qui, comme de coutume, à force d’alliances passagères, cherche , coûte que coûte, son salut.

Explication ? Pas toujours.

Les «perdants» du 25 juillet ont leurs raisons. Ennahdha est privée de commandes ; pratiquement sortie du pouvoir. Peut-être même à jamais. C’est à vie et à mort. Les appels au secours, les recours aux lobbies, les alliances contre nature, les manifs coûteuses, tout se comprend. Les alliés de circonstance, classe politique, partis, les quelques élites, intellectuels de gauche, et constitutionnalistes, encourent eux, la disparition. Le projet de KS semble viser la gouvernance par les bases, peuple et jeunesse seulement. Le reste s’éclipsera. D’où «le mépris de classe»,la critique acharnée du populisme, les alliances contre nature, les fausses coalitions.

On comprend mal en revanche que «les vainqueurs» cèdent le pas.

Et d’abord, que le maître-d’œuvre, n’ait, à ce jour encore, ni matérialisé de promesses, ni clarifié de projet. Côté lutte contre la corruption, et ouverture des grands dossiers, que des résolutions, point d’action. Côté réforme sociale, chômage et cherté, non plus. Les 80% d’inconditionnels du Président peuvent à leur tour perdre patience, poser des conditions. D’aucuns y viennent déjà.

Des «gaffes» surviennent aussi, ces dernières semaines. Elles se payent lourd. Et elles ne trouvent pas d’explication raisonnable.

L’exemple le plus à regretter est celui des manifestants du dimanche 3 octobre, quelques milliers largement suffisants, dont le nombre a été inutilement rapporté à près de deux millions. Pourquoi un Président qui a l’appui de la presque majorité des Tunisiens, et l’approbation des deux institutions de la police et de l’armée, se laisse-t-il aller à un excès aussi évident ? Fanfaronnade ? Sûrement pas. Mauvaise communication ? Est-il une autre réponse ? Espérons que non, car les commentaires se «surpassent» depuis. Il est qui ironise, il est qui pointe du doigt. L’audience en prendra un coup. Certain.

Mais le plus à craindre dorénavant c’est le risque qu’une telle contradiction, une telle lenteur, de telles gaffes et un tel manque de réalisation cachent, en fait, une absence totale de projet.

Le pire, qu’à Dieu ne plaise. Après «les dix ans de malheur», rompre avec tout, et découvrir en fin de compte, qu’on a rompu pour rien…

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