
Nous n’avons plus le choix. Mettre tout au clair ou bien laisser l’ambiance générale du pays devenir encore plus tendue. Celle-ci risque alors de dégénérer et pourrait donner naissance à des conflits violents. Une situation très dangereuse qui pourrait conduire le pays à la faillite totale.
En plus du fossé qui est en train de se creuser entre Saïed et la classe politique, des foyers de tensions sont en train de voir le jour. La pauvreté et le chômage, dont les taux respectifs sont en train d’augmenter d’une manière inquiétante aidant, l’hiver qui débarque dans quelques jours pourrait s’annoncer très chaud. Un hiver très chaud s’annonce donc et il risque de devenir, hélas infernal. Ayant choisi de faire cavalier seul, depuis le 25 juillet dernier, le locataire de Carthage semble, en effet, décidé à opérer des changements profonds visant le système politique, alors que le pays a besoin avant tout d’une feuille de route claire, urgente et réalisable, capable de le faire sortir du bourbier dans lequel il est en train de s’enfoncer depuis des années.
Alors que le pays est bousculé par d’inexorables échéances, Saïed semble s’enfoncer de jour en jour dans la gestion des affaires courantes et les contingences et va se mettre sur le dos tous les problèmes hérités, participant ainsi à leur aggravation.
Le vrai danger, comme nous l’avions déjà évoqué sur ces même colonnes début septembre, est ce flou qui règne depuis le fameux 25 juillet, devenu un écran de fumée depuis le 22 septembre. Un danger qui est en train de s’accentuer et qui a fait affaiblir la position de Saïed, aussi bien en interne qu’à l’étranger, sachant qu’il est devenu entièrement responsable de ce qu’il se passe depuis cette date-là.
Saïed sait très bien que l’histoire récente du pays nous enseigne qu’à chaque fois que le pouvoir en place a eu un bras de fer avec les acteurs politiques, sociaux ou économiques et que l’ambiance générale du pays devient délétère, la rue réagit en masse et les affrontements entre elle et les forces de l’ordre deviennent plus violents.
Aujourd’hui nous approchons de ce scénario que les solutions sécuritaires ne font qu’accélérer. Des foyers de tensions et de violences sont en train d’éclater ça et là et les violences isolées, mais ô combien significatives et inquiétantes, sont en train de se multiplier. Certains observateurs avertis y voient les prémices de mouvements de la rue. Surtout qu’aucune amélioration du quotidien des citoyens n’a été ressentie et que le pouvoir d’achat est en train de s’affaiblir de jour en jour.
Une nouvelle vague du covid-19 pourrait avoir lieu. Elle sera encore plus meurtrière pour l’économie, mais pourrait servir d’alibi pour contraindre les gens à observer un confinement partiel et essayer de briser un tant soit peu le processus contestataire.
Handicapé par une communication catastrophique aussi bien côté fond que côté forme, donnant l’impression qu’il se barricade, Saïed renvoie une image très bureaucratique de l’exercice du pouvoir et toute déclaration que chaque ministre donne aux médias doit apparemment comporter la formule sacrée, « selon les instructions du Président Kaïs Saïed».
Pire, la volonté de la part de ce dernier de mettre la main sur toutes les institutions et tous les rouages de l’Etat est devenue plus que flagrante. Et chacun le sait, le conflit pour la maîtrise du ministère de l’Intérieur a toujours été au centre des bagarres politiques, et ce, depuis l’ère Bourguiba.
Le provisoire qui dure et l’exceptionnel qui devient normal. Voilà vers quoi nous nous acheminons. C’est pourquoi cette situation doit impérativement prendre fin. Les députés d’En Nahdha, de Qalb Tounès, d’Itilef el karama et du Destour sont appelés à démissionner pour que le Parlement puisse s’autodissoudre. Seul moyen de faire bouger les choses.
Quatre mois de discours et de bouillonnement politique ont fini par mettre le pays à genoux. Et comme déjà dit, le volet économique et social reste le parent pauvre du locataire de Carthage qui semble agir par la méthode du coup par coup.
Des élections législatives et présidentielles anticipées doivent alors être organisées. Un congrès national doit alors se réunir pour proposer le projet d’une nouvelle Constitution, celui d’ un nouveau modèle sociétal et celui d’un nouveau modèle de développement incluant un nouveau modèle de consommation. (*) IV et fin