IL y a dans le paysage politique une particularité qui engendre la dérive, une initiation qui oublie trop souvent la notion de respect de l’autre. Et comme tout le monde a ses raisons, son avis « pertinent » sur la chose politique, l’échange n’existe plus. Résultat : les acteurs politiques oublient l’essentiel et n’abordent pratiquement pas les vrais problèmes du pays.
Le recours d’Ennahdha à des méthodes controversées et illicites, à l’instar notamment des termes et des qualifications utilisés dans le dernier communiqué de son bureau exécutif, compromet encore une fois la crédibilité du parti. Une crédibilité de plus en plus bafouée.
Ennahdha accuse le Président de la République d’« instrumentalisation de l’institution militaire, pressions sur la justice, menaces d’émettre des décrets présidentiels pour avoir la mainmise sur les rouages de l’Etat, nominations sur la base de la loyauté personnelle…», autant d’insinuations, voire d’incrimination, qui en disent long sur l’embrasement fort préjudiciable du mouvement islamiste. Un mouvement qui s’illustre encore une fois par l’incapacité de la plupart de ses acteurs à se démarquer des méthodes, des discours et des actes complètement déviants… Les considérations partisanes, mais aussi et surtout personnelles de certains de ses membres, sont devenues la principale motivation au sein du parti. Usant de tout et engagés dans un conflit au relent de règlement de comptes avec le Président de la République, ils confirment, sans scrupule, le recours à des interférences aux desseins que la majorité des Tunisiens ne semblent plus ignorer.
Le problème est que depuis 2011, le paysage politique génère tellement de confusion que ses différents aspects attirent certains acteurs qui ne méritent pas vraiment d’en faire partie. Tout, ou presque, est sujet à des pratiques douteuses. Tant que cela est permis, l’altération continuera à tourner à plein régime !
L’ampleur des conflits est de toute évidence plus qu’une mésentente, ou encore une incompréhension. Ils étalent au grand jour un malaise longtemps refoulé sur fond de doute et de suspicions. Mais la Tunisie d’aujourd’hui n’a plus besoin de foyers de tensions supplémentaires. L’intérêt national devrait calmer les ardeurs. Si l’enjeu n’est autre que la recherche de la réhabilitation tant attendue, pourquoi alors s’affronte-t-on quand tout peut se régler sans surenchère ? C’est tout simplement regrettable que des gens censés collaborer se laissent entraîner dans des considérations qu’on a vraiment du mal à cerner.
Il est temps, avant qu’il ne soit trop tard, de passer à d’autres discours, des réactions et des attitudes complètement différentes. Quoi qu’on en dise et qu’on en pense, la « grande famille » politique est condamnée à travailler ensemble. Les polémiques ne peuvent engendrer que la confusion et l’imbroglio. Elles sont synonymes de rechute dans les méandres du marasme, et le seul perdant sera encore une fois …la Tunisie.