… On espérait, on voulait, on méritait d’aller au bout et de rentrer champions arabes mais on a, malheureusement, tout gâché à la fin pour se contenter d’une deuxième place qui ne répond pas à notre objectif. Et qui est en deçà de nos espérances et des espoirs de ces milliers de fans fidèles et dévoués sur place et de ces millions de Tunisiens abasourdis devant les écrans de télé ou avec les oreilles collées à la radio et qui, frustrés , gardent encore cet amer goût d’inachevé dans la bouche. Parce qu’on n’a pas quitté cette Coupe arabe la tête haute et sans regrets et reproches .Le premier à être devant un douloureux examen de conscience est certainement le sélectionneur Mondher Kebaïer. Lui et ses joueurs ne peuvent pas se regarder les yeux dans les yeux tellement cet énorme gâchis à l’arrivée peut balayer tous les acquis et les beaux souvenirs du parcours. La finale méritait une autre approche, une meilleure gestion pour construire un résultat, le consolider et mettre à genoux une équipe d’Algérie physiquement sur les rotules après deux prolongations et 240 minutes de jeu dans les jambes en quarts et en demi-finale domination territoriale stérile et jeu sclérosé.
Les chiffres et les statistiques de la fin du match résument ce qui a été paradoxal dans cette finale : 55 pour cent de possession de ballon en faveur de la Tunisie contre 45 pour l’adversaire et score final de 2 buts à 0 pour l’Algérie ! On a été meilleurs dans le jeu sur la largeur du terrain, la circulation de la balle, le nombre de passes échangées mais on a manqué de vitesse, d’intensité, de variété, de créativité, de la profondeur et de l’efficacité dans les 30 derniers mètres et dans la zone de vérité. Le jeu très étiré sur les côtés avec des centres balancés au hasard, sans réel danger pour des défenseurs assez costauds, très agressifs et sans cadeaux dans les duels aériens et un portier tel que Rais Mbolhi rayonnant, imperturbable et imbattable dans les airs, choisi à juste titre comme meilleur gardien de but du tournoi, ce n’était pas la bonne stratégie pour matérialiser la domination du débat et faire la différence. Avec un Seïfeddine Jaziri comme pointe, petit de taille dans une forêt de têtes et de gros gabarits longilignes, et manquant d’opportunisme et pas très bon cadreur de tirs dans les rares occasions où il s’est trouvé dans une bonne situation de marquer et de libérer l’équipe (comme cette opportunité immanquable mais loupée dans le dernier quart d’heure du temps réglementaire). Mais face à un système qui ne marchait pas, Mondher Kebaïer était à court d’imagination et d’innovation et n’avait pas de solution tactique de rechange, de plan B. Pire que ça, il va commettre l’irréparable et l’impensable par un coaching pas très réactif, pas très réussi et par des changements un peu bizarres qui vont dérégler et déséquilibrer tout le dispositif. Il sort dans un premier temps le joueur qu’il n’aurait pas dû faire sortir : Hannibal Mejbri, celui qui faisait barrage et épaulait Mohamed Drager sur notre côté droit pour faire face à tout le travail de percussion de l’attaque algérienne, axé sur l’aile gauche avec un duo de techniciens forts dans les dribbles, le un contre un et les percées dans la surface : Blaîli et Brahimi le dernier, un trentenaire élu meilleur joueur du tournoi. C’était, par ce changement inadéquat, ouvrir un grand boulevard à un tandem de feu qui n’en demandait pas tant. Mondher Kebaïer, qu’on pensait bon lecteur de jeu et bon tacticien, commet une autre erreur monumentale en n’ accordant aucune attention et en ne répondant pas du tac au tac à l’entrée de celui qui va être l’auteur du but libérateur de l’Algérie, ce joueur joker de Bouguerra nommé Sayoud. Pris au dépourvu, il va paniquer, cafouiller encore plus et opter pour d’autres changements non moins bizarres avec l’incorporation de Ali Mâaloul et de Sâad Bguir, deux joueurs pas encore dans le bain et manquant de compétition et de tonus pour inverser la tendance. Du n’importe quoi qui nous a conforté dans l’idée que c’était fini et que les carottes étaient bien cuites. Et cerise sur le gâteau : cette bourde du gardien Moez Hassen monté sur un ultime corner qui nous a valu un deuxième but gag . Il est évident qu’avec cette finale ratée de cette manière alors que l’on pouvait mieux finir et que l’on était tout près et à deux doigts d’une belle apothéose, l’avenir de Mondher Kebaîer à la tête de la sélection va être remis sur la table. Question de temps et de timing avec la CAN dans 3 semaines et le barrage pour la Coupe du monde 2022 dans 3 mois.