Le trafic de stupéfiants commence à prendre de nouvelles formes en Tunisie. On ne parle plus de quelques jeunes qui sont devenus dépendants de drogues dites douces, comme le cannabis, mais désormais, on parle de cartels de drogue, de ramifications économiques, financières et politiques, d’artistes, de politiciens, de stars impliqués…
Restée longtemps un attribut des professions créatives et des classes riches, la consommation de la cocaïne, cette substance illicite, atteint désormais de nouvelles strates sociales et commence à « se démocratiser ». Sauf que son trafic reste entre les mains des grands dealers, de personnes influentes et implique même des artistes et des stars connus du grand public.
Commercialisée souvent dans des cercles fermés, dans des soirées privilégiées, aujourd’hui cette drogue en poudre blanche atteint fortement les boîtes de nuit, les restaurants et même les lycées dans des zones huppées.
En effet, oubliez le temps où la consommation de cocaïne se résumait à des rails discrètement sniffés dans des cercles fermés et inaccessibles, en Tunisie surtout dans les grandes agglomérations comme la capitale, la cocaïne semble à portée de main, même des adolescents. Autant dire que les forces sécuritaires, en dépit de leurs efforts, ne parviennent toujours pas à faire face à un tel fléau qui commence à faire des ravages.
Cependant, ce trafic très lucratif a encaissé un coup dur ces derniers temps.
Pour certains syndicalistes sécuritaires, on assiste même à l’effondrement de ce que certains appellent le cartel de la cocaïne en Tunisie.
Décembre dernier, plusieurs arrestations, impliquant artistes, anciens footballeurs, chroniqueurs et autres ont eu lieu dans le cadre d’une enquête en rapport avec un trafic de cocaïne, les internautes s’en sont donné, même, à cœur joie, en annonçant plusieurs noms, entre autres ceux de célébrités du showbiz et du sport. Sauf que pas tous les noms qui ont circulé sur les réseaux sociaux étaient vrais, on tombait souvent dans la désinformation.
Au fait, selon des sources sécuritaires, l’affaire a commencé avec l’arrestation de trois dealers qui, à leur interrogatoire, ont délivré les noms de leurs clients, dont des célébrités.
Un réseau international ?
Quelques jours avant l’arrestation de ces personnes et le démantèlement de ce réseau influent dans le trafic de drogue et de cocaïne, une grosse tête de la mafia italienne est tombée en Tunisie. Recherché depuis plusieurs années dans son pays d’origine, l’Italie, ce membre très dangereux appartenant à la mafia italienne a été finalement arrêté dans une banlieue de Tunis.
Plusieurs mandats de recherche avaient été émis à son encontre par l’Interpol depuis sa fuite en Tunisie en 2011. Il serait impliqué dans de grandes opérations de trafic de cocaïne, mais aussi de vol à main armée. Des agents de la police italienne auraient contribué à son arrestation en décembre dernier.
Au fait, selon l’agence de presse italienne Ansa, ce mafieux n’est autre que le narcotrafiquant italien Gaetano Guarino « qui a été arrêté en Tunisie en collaboration entre les unités d’investigation de la police italienne de Naples et la police tunisienne après onze ans de cavale ».
C’est aussi dans ce contexte que récemment, une opération d’introduction de grandes quantités de cocaïne aurait échoué. Il s’agirait d’une des plus grandes opérations de trafic de drogues en Tunisie, même si, pour l’instant, selon la douane, rien n’est encore confirmé. Les images étaient spectaculaires, plus de 660 kg de cocaïne ont été saisis dans une cargaison de bananes en Equateur à destination de la Tunisie, selon les autorités équatoriennes.
Le Colonel-major et porte-parole de la direction générale de la Garde nationale, Houssem Eddine Jebabli, a précisé, dans ce sens, que la sous-direction des affaires criminelles à la Garde nationale de Ben Arous a ouvert une enquête relative à la saisie en Equateur de plus d’une demi-tonne de cocaïne destinée à la Tunisie.
Il a, également, assuré que les autorités nationales collaborent actuellement avec les forces de police équatoriennes pour revenir sur les dessous de cette affaire et déterminer s’il s’agissait réellement d’une cargaison à destination de la Tunisie.
Le même responsable affirme que les autorités se penchent sur la piste d’un éventuel lien entre l’arrestation du narcotrafiquant italien, le démantèlement d’un réseau de trafic de cocaïne en Tunisie et l’avortement de cette éventuelle tentative d’introduction de cocaïne en Tunisie.
Rappelons également que vers la fin de l’année écoulée, de nombreuses tentatives de trafic de cocaïne ont été avortées, notamment à l’aéroport Tunis-Carthage, et plusieurs personnes impliquées arrêtées. Le trafic de drogue et notamment les drogues dures comme la cocaïne prend une nouvelle ampleur en Tunisie. Au vu de ces opérations de trafic avortées, il n’en demeure pas moins que le marché tunisien soit un point de départ pour de nouveaux réseaux internationaux. Cela dit, la Tunisie, selon certains spécialistes sécuritaires, devient progressivement un marché de consommation mais aussi un pays de transit étant donné son emplacement géographique.
MK Juste
13 janvier 2022 à 10:16
On veut des noms: célébrités, politiciens… pourquoi couvrir ces chiens vendeur de la mort