Après avoir concrétisé ses menaces contre les membres du CSM et, avant eux, les députés, qui sera dans le collimateur de Kaïs Saïed ? Jusqu’où peut-il aller dans son projet politique ? A-t-il des lignes rouges à ne pas dépasser ? Nul ne le sait. Néanmoins, pour certains observateurs de la scène nationale, Kaïs Saïed serait tenté par de nouvelles décisions indispensables pour mener à bien son projet politique.
Droit dans ses bottes, le Chef de l’Etat, Kaïs Saïed, semble déterminé plus que jamais à aller jusqu’au bout de son projet politique assez risqué au vu de l’opposition à l’intérieur et des pressions de l’extérieur.
En annonçant, le 25 juillet dernier, la dissolution de l’Assemblée des représentants du peuple (ARP) et en prenant tout le pouvoir exécutif, le locataire de Carthage a promis d’assainir le pays. Un assainissement qui commence, selon son projet politique, par la justice, d’ailleurs il a décidé récemment de dissoudre le Conseil supérieur de la magistrature (CSM) et de le remplacer par un autre provisoire.
Ainsi, Kais Saied semble avoir parachevé tout son projet politique et contrôler tous les pouvoirs, comme le dénoncent ses opposants dont notamment le parti Ennahdha. Mais pour lui, ce sont des dispositions exceptionnelles indispensables pour « concrétiser la volonté du peuple », « pourchasser les corrompus » et « rendre justice aux Tunisiens ».
Encore faut-il le dire, le projet du Président de la République n’est pas complètement parachevé dans la mesure où ses partisans et notamment ce qu’on appelle sa campagne explicative poussent vers de nouveaux actes.
Après avoir concrétisé ses menaces contre les membres du CSM et, avant eux, les députés, qui sera aussi dans le collimateur de Kaïs Saïed ? Jusqu’où peut-il aller dans son projet politique ? A-t-il des lignes rouges à ne pas dépasser ? Nul ne le sait. Néanmoins, pour certains observateurs de la scène nationale, Kaïs Saïed serait tenté par de nouvelles décisions indispensables pour mener à bien son projet politique.
A qui le tour, se demandent les Tunisiens, ou s’agit-il du dernier rebondissement dans le processus du 25 juillet ? En tout cas, selon certaines informations, c’est le parti Ennahdha qui serait dans le viseur du Président de la République. Ce parti qui déploie tout ou presque pour faire avorter le projet présidentiel est allé jusqu’à mener une guerre médiatique contre Kaïs Saïed, l’accusant de haute trahison et de putsch contre la démocratie. Déjà, depuis l’élection du Président de la République la tension était palpable entre Kaïs Saïed et le mouvement Ennahdha, pourtant ce dernier avait soutenu la candidature de l’actuel Président de la République.
D’ailleurs, le locataire de Carthage accuse implicitement le parti Ennahdha d’avoir conduit, depuis la Révolution, une décennie noire ayant considérablement nui aux Tunisiens, et à leurs droits. Depuis le 25 juillet, l’étau se resserre autour du parti islamiste, d’ailleurs plusieurs enquêtes et procédures judiciaires ont été entamées contre ce mouvement ainsi que contre ses responsables dont notamment Rached Ghannouchi.
Franchira-t-il le pas ?
C’est dans ce contexte que dans les coulisses de la scène politique dominée par Kais Saied on évoque la possibilité de la dissolution du parti Ennahdha. Le Président de la République franchira-t-il le pas ? Fera-t-il usage du même modus operandi ayant conduit à la dissolution du CSM pour mettre fin au parti Ennahdha ? Quelles seront les conséquences d’une telle décision sur la Tunisie et sur sa stabilité ?
Pour le moment, Kaïs Saïed ne semble avoir aucune ligne rouge dans son plan politique visant à sauver la Tunisie comme il ne cesse de le répéter. Car, en effet, le principe est le même : accusations, pression médiatique puis passage à l’action, comme cela a été le cas pour l’ARP et le CSM.
Le parti Ennahdha connaît actuellement une très grande pression médiatique et fait face à d’innombrables accusations liées notamment au terrorisme, aux assassinats politiques et à la manipulation de la justice.
Il faut rappeler que samedi dernier, le comité de défense de Chokri Belaid et Mohamed Brahmi a organisé un mouvement protestataire devant le domicile du président du mouvement Ennahdha, Rached Ghannouchi.
Les manifestants ont scandé des slogans accusant le président du mouvement islamiste d’implication dans l’affaire d’assassinat des deux martyrs Chokri Belaïd et Mohamed Brahmi.
Les membres du comité ont également appelé à la nécessité de poursuivre toutes les parties impliquées dans cette affaire en justice.
D’ailleurs, dans un communiqué rendu public, le parti islamiste s’est dit victime d’une campagne d’accusations et de dénigrement, mettant en garde contre toute intention de le dissoudre, appelant à la protection de ses dirigeants dont notamment Rached Ghannouchi.
D’autres instances suivront ?
Outre ces tentations de mettre fin au pouvoir du parti islamiste, son principal ennemi politique, d’autres instances seraient dans le collimateur du Président de la République. C’est en tout cas ce que confirme Haykel Mekki, le dirigeant du parti Echâab, allié de Carthage.
Selon Haykel Mekki, l’Instance supérieure indépendante pour les élections et la Haute autorité indépendante de la communication audiovisuelle constituent un problème pour le président de la République et seraient liées à la détérioration de la situation en Tunisie. « L’Isie est une avancée que nous devons conserver certes, mais sa composition doit impérativement être revue, et l’opportunité se présente aujourd’hui », a-t-il dit dans des déclarations médiatiques.
Kaïs Saïed avait à maintes reprises remis en cause l’indépendance de l’instance électorale, estimant que sa composition privilégie les calculs politiques. D’ailleurs, dans son calendrier électoral annoncé il y a quelques semaines, un nouveau code électoral sera adopté, ce qui est synonyme de la dissolution de l’Isie.