Hausse des prix, pénurie de plusieurs produits, laxisme des responsables…. : Quand les spéculateurs s’en donnent à cœur joie

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Les prix en constante évolution ont changé le comportement des consommateurs. Le Tunisien a, d’ailleurs, depuis un bon bout de temps, adopté une nouvelle façon de vivre. Et ce n’est pas fini.

Depuis un bon bout de temps déjà, le commun des mortels a fini par être convaincu que les efforts fournis par notre Garde nationale, notre police et nos douaniers sont dilapidés par les responsables qui veillent sur notre commerce. Expliquons-nous : les communiqués, qui ne souffrent aucune contestation, sont quotidiens.

La lutte contre les spéculateurs va bon train. Des milliards en marchandises, produits de toutes sortes et autres objets inutiles et peut-être utiles, bons ou impropres à la consommation,  sont saisis. Des centaines de dépôts anarchiques renfermant des produits, qui s’assimilent à du véritable poison qu’on s’apprêtait à vendre au consommateur tunisien, sont débusqués, mais de l’autre côté, on voit encore des bananes sur les étals, des ananas, des kiwis qui sont offerts un peu partout. Le pays peut-il se permettre ce luxe ? Comment et pourquoi les a-t-on acquis, alors que la balance commerciale est en berne ? L’huile végétale poursuit son envolée. L’ail est assimilé dans ce pays à …un « métal précieux » et il ne reste plus qu’à le vendre en « lingots ». Le poulet qui oscille entre des sommets délirants et des prix planchers surprenants. Il ne s’agit pas d’offre et de demande mais bien d’agissements bien calculés pour semer le trouble et le mécontentement.  

Le Tunisien a, d’ailleurs, depuis un bon bout de temps, adopté une nouvelle façon de vivre : il achète tout au gramme près, au nombre des membres de la famille. Les prix en constante évolution ont changé le comportement des consommateurs. Et ce n’est pas fini.

Rien n’a été fait

Comment expliquer qu’un pays, qui se débat contre des problèmes monstres, se permet d’acheter des fruits exotiques, des jus, des balais et des fanfreluches en plastiques en devises ? Nous sommes en pleine saison pour les agrumes. Les oranges et les clémentines sont affichées à des prix jamais vus. En pleine rue, sur la chaussée, nous avons vu des montagnes de caisses d’oranges qui attendent les revendeurs à la sauvette qui ont envahi les rues avoisinantes. Ces fruits sont-ils passés par le marché de gros ? Non bien sûr. Ils sont là pour servir les intérêts de ceux qui fixent ces prix en toute impunité en en privant justement le Marché de gros.

Tous ceux qui arpentent cette rue passante constatent ces dépassements, sauf ceux qui devraient les saisir pour protéger le consommateur et limiter le champ d’action des spéculateurs. Où sont les promesses qui ont été faites pour arrêter ce délire ? Rien n’a été fait et le ministère du Commerce, qui dort du sommeil du juste, laisse le champ libre à des spéculateurs et à des contrebandiers sans foi ni loi !

Le papier s’envole

Ne parlons pas du prix du papier qui semble décidé à crever tous les plafonds. Une rame de papier a dépassé le seuil des dix-sept dinars. Nous l’avions appris, alors que nous attendions notre tour pour faire une photocopie de la carte d’identité à joindre à un dossier. A quoi sert une copie de carte d’identité à fournir avec une demande adressée à un organisme qui détient déjà un dossier complet comprenant ce document ? Cela justifie quoi ? Rien. Et de toutes les façons, à quoi sert l’agent qui reçoit le dossier si sa présence et sa prise en charge ne valent rien ? De la paperasse, des frais inutiles pour le citoyen. Un dérangement que tout le monde paie en fin de compte. Le citoyen que l’on accule toujours davantage, des devises que l’on débourse,  alors que le pays est à genoux, des réflexes d’une autre époque qui perdurent et qui ont la vie dure.

Où en sont ces promesses que l’on annonce pour « faciliter l’accès à l’administration » ? De vaines promesses, jamais tenues en raison de l’absence totale de prise en main et de plan d’action qui tiennent la route.

La rentrée menacée

A  propos de papier, la situation est sérieuse. Bien des imprimeries ont commencé à mettre en chômage technique une bonne partie de leur personnel. Le papier a atteint des sommets   insupportables et tout le monde a retiré ses billes. Ceux qui impriment à leur compte ne peuvent plus le faire. Depuis un bon bout de temps, il est   difficile de se cultiver à bon marché. Les livres sont de plus en plus chers. Les cahiers sont devenus et deviendront lors de la prochaine rentrée des fournitures de luxe. Que dire des livres scolaires qui sont compensés et que l’on estime obligés de suivre cette ascension inexorable ? On a entendu parler de se contenter de trois livres (comment a-t-on fixé ce chiffre ?).  Cela tombe bien avec ce renchérissement du papier, qui est d’ailleurs mondial, mais quand prendra-t-on la décision et a-t-on commencé à plancher sur les programmes ? Rien ne filtre et on risque bien de se retrouver à la prochaine rentrée avec des cartables qui pèsent plus que les élèves qui les portent et des libraires qui désespèrent de voir leur métier péricliter.

En attendant que tout le monde se mette d’accord, les enseignants sont invités à effectuer un tour chez les libraires pour se rendre compte des prix des cahiers et des fournitures scolaires, en espérant qu’ils seront moins exigeants à l’égard de leurs élèves.

Usine à  l’arrêt

Dans le même ordre d’idée, il est légitime de se poser des questions à propos  de l’usine de transformation de notre précieuse plante d’alfa à Kasserine qui est à l’arrêt depuis un bon bout de temps.

Au moment où le papier connaît cette augmentation du prix  de l’alfa, cette richesse nationale qui couvre quatre gouvernorats (Kasserine, Sidi Bouzid, Gafsa et Kairouan), les informations recueillies sont peu reluisantes. Pourtant, la fibre d’alfa est une fibre aux caractéristiques uniques, de par  sa nature fine, courte et assez rigide, elle constitue l’une des rares matières premières permettant de fabriquer un papier fin de haute qualité. 

A-t-on pensé à la relance de cette usine ? Rien n’est moins sûr.

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