Accueil A la une Crise politique, économique et sociale : Le gouvernement Bouden osera-t-il… l’impopulaire ?

Crise politique, économique et sociale : Le gouvernement Bouden osera-t-il… l’impopulaire ?

S’agit-il de la crise politique la plus profonde qu’ait connue la Tunisie ? Comment sortir d’une telle situation avec les moindres dégâts sociaux et économiques ? Les partis politiques peuvent-ils toujours et encore se faire entendre alors que le Président de la République domine la scène politique ?

Si pour le moment, le Chef de l’Etat, Kaïs Saïed, semble jouir de tous les pouvoirs et aller jusqu’au bout de son projet, pour tous les partis politiques, la situation connaît une crise inédite dans l’histoire du pays. Ils accusent le Président de la République d’avoir exercé une hégémonie sur la scène nationale excluant tous les partis et les formations politiques. Mais pour le locataire de Carthage, comme il l’a expliqué durant son déplacement à Bruxelles pour participer au Sommet Europe-Afrique, ce ne sont que des dispositions exceptionnelles pour « assainir le pays ».

« La situation politique s’annonce conflictuelle certes, mais le prix de telles circonstances est de nature économique et sociale, s’accordent les observateurs de la scène nationale ». Cela ne peut pas être sans conséquence sur l’œuvre gouvernementale considérablement perturbée par ces circonstances politiques.

Âgé un peu plus de quatre mois, le gouvernement Bouden, déjà formé dans des circonstances exceptionnelles, fait face à une situation politique, économique et sociale le moins qu’on puisse dire inconfortable. Si sur le plan politique le constat est sans appel, la situation socioéconomique inquiète le plus. Ce gouvernement qui semble payer les choix erronés de ses prédécesseurs osera-t-il l’impopulaire ? Condamné à négocier une situation économique hautement détériorée, ce gouvernement doit trouver une issue à cette crise. Car la situation sociale ne pourra, en aucun cas, subir de nouveaux rebondissements, alors que la cherté de la vie bat son plein.

Aussi, il est appelé à trouver un accord avec le Fonds monétaire international (FMI) indispensable pour financer le budget de l’Etat et parvenir aux équilibres financiers même provisoirement. Or, pour l’instant, rien ne prouve que ces négociations sont sur le bon chemin bien que les deux parties aient annoncé un retour à la table des négociations.

Comment agir ?

Face à cette situation, plusieurs voix se sont élevées pour appeler à résoudre cette crise politique et à trouver une issue à l’impasse économique. L’ancien ministre de l’Education, Hatem Ben Salem, a réclamé, dans ce sens, la formation d’un gouvernement de guerre ou de crise, pour au moins une durée de six mois, « avec un programme clair, qui se base essentiellement sur la réforme de la fiscalité et la revalorisation du budget de l’Etat et de la richesse nationale. Ce gouvernement doit être formé par des compétences, dirigées par le Président de la République, issues d’un dialogue national sans les partis politiques ». Il a considéré que « la meilleure solution pour sortir de la crise consiste en un dialogue et un consensus national, entre les organisations nationales sous l’égide du Président de la République ».

Pour sa part, le député au Parlement gelé, Ayachi Zammel, a accusé une classe politique défaillante et a plaidé en faveur d’une nouvelle génération de politiciens. « La Tunisie a besoin d’une nouvelle génération en politique qui croit en son pays. Il faut qu’il y ait une liaison entre les seniors et les jeunes pour permettre à ces derniers de mieux apprendre sur de nombreuses questions. La Tunisie dispose de plusieurs compétences, notamment sur le plan économique, qu’il faut exploiter pour améliorer la situation générale dans le pays », a-t-il déclaré, appelant à unir tous les Tunisiens.

Du côté de l’Union générale tunisienne du travail (Ugtt), on pousse toujours vers un dialogue national qui réunit tous les protagonistes politiques sans aucune exclusion. Une alternative continuellement rejetée par le Président de la République qui fait cavalier seul dans ce processus de réforme. D’ailleurs, la centrale syndicale a estimé, vendredi, que le Président de la République, Kaïs Saïed, ne peut résoudre à lui seul les problèmes économiques, sociaux et politiques du pays. C’est ce qui ressortait des déclarations à la presse de Youssef Adouani, secrétaire général régional de l’Ugtt, à Sfax, en marge de la clôture des travaux du 25e congrès du principal syndicat du pays.

Adouani, a insisté : « Nous nous adressons une fois de plus au Président de la République, Kaïs Saïed, pour lui dire qu’il ne peut résoudre à lui seul tous les problèmes de la Tunisie, qu’ils soient d’ordre économique, social ou politique ».

Pourtant, Kaïs Saïed qui compte sur la e-consultation nationale pour sonder les opinions des Tunisiens, souligne que la volonté du peuple doit primer. Or pour l’instant, cette consultation ne connaît pas l’engouement des citoyens. D’ailleurs, pour certains, il s’agit d’une vaine approche dans laquelle est bâti tout le processus électoral annoncé par le Chef de l’Etat.

En tout cas, jusqu’à hier dimanche à midi, seulement 202 665 personnes ont participé à cette consultation censée permettre aux Tunisiens de faire entendre leurs voix. Parmi elles, seulement 50 mille femmes ont participé à cette plateforme, rejetée par l’ensemble des partis politiques.

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