Où que vous allez, vous ressentez cette démobilisation qui a transformé les administrations en calvaire, les hôpitaux en arènes de boxe, les municipalités où les ordinateurs se sont donné le mot d’ordre pour devenir insensibles au réseau et où les agents vous demandent de revenir demain ou sont aux abonnés absents.
Nous en convenons, la situation générale dans le pays n’est pas de celle que l’on pourrait qualifier de satisfaisante. Il y a trop de choses à faire en même temps, trop de personnes et d’organismes qui freinent des quatre fers, trop de mauvaises habitudes acquises ces dernières années, trop d’absentéisme et de laisser-aller qui pèsent sur presque tous les secteurs.
Où que vous allez, vous ressentez cette démobilisation qui a transformé les administrations en calvaire, les hôpitaux en arènes de boxe, les municipalités où les ordinateurs se sont donné le mot d’ordre pour devenir insensibles au réseau et où les agents vous demandent de revenir demain ou sont aux abonnés absents. Là où vous passez, si vous êtes à pied, il y a toujours une cheville qui menace de se tordre avec ces trottoirs bosselés, ces carrelages dénivelés. Et si vous décidez de quitter les trottoirs pour aller plus vite face à ces occupations intempestives, vous risquez de vous faire faucher par des véhicules qui ont appris à circuler sans tenir compte du code de la route, que leurs conducteurs semblent avoir rangé dans leurs malles.
Des centre-villes défigurés
Les villes, les chefs-lieux de gouvernorats sont dans un état lamentable. Le désordre, en l’absence d’une police municipale, qui est peut-être occupée par d’autres priorités, saute aux yeux. Les couleurs des feux se confondent. C’est le vert qui gagne à tous les coups.
Les passages pour piétons ne sont plus que de vagues décorations pour des chaussées en bien des endroits défoncées au point de devenir impraticables.
Ces chaussées, mises à mal par le mauvais entretien, sont occupées par des laveurs de vitres ou des mendiants professionnels qui se montrent souvent plus qu’insistants. Les trottoirs squattés, surchargés de chaises, de caisses, de bidons, de piquets métalliques que l’on enfonce à sa guise et où l’occupant d’en face le juge bon, défigurent des zones pourtant considérées comme passantes. La police municipale ne peut intervenir partout, mais il y a de bonnes habitudes à prendre et à donner et un minimum de rigueur, surtout que l’on envisage une relance du tourisme.
A croire qu’un trottoir avec des piquets en fer ou des blocs de béton représente une belle photo souvenir pour un touriste de passage, mais il ne faudrait pas exagérer.
Le municipalité de Tunis comme celle de l’Ariana où la situation est réellement préoccupante, devraient, entre autres, procéder à la mise au pas de ces riverains, qui ne se gênent pas, ces commerçants qui prennent toute leur aise pour se comporter en grands seigneurs opérant sur leurs terres.
Repoussant…
Mais il n’y a pas que cela. Arrêté à un passage à niveau, nous voyons passer le train à la hauteur de Sidi Bou Saïd. A le voir, il y avait de quoi se demander si c’était un train de marchandises ou un transporteur de coke. Il est repoussant de saleté. C’était pourtant l’héritier du magnifique train blanc qui serpentait superbement entre le Centre de Tunis et La Marsa. Nous avons bien compris que ces saletés se sont accumulées à la place des publicités qui ont été maladroitement décollées. La colle, mal nettoyée, a retenu tout ce qui volait aux alentours. Et elles ont transformé «le serpent blanc» en un repoussant moyen de transport. Piètre image que l’on donne de cette banlieue nord, réputée pour ses plages et ses lieux de loisirs.
En piteux état
Nombre de ronds-points, aménagés pour organiser la circulation ou pour la décoration, sont également dans un état lamentable. De mauvaises herbes, des détritus, des monticules de terre qui débordent sur la chaussée, alors que les travaux progressent doucement le matin pas trop vite le soir, des arbres non élagués, des horloges qui fonctionnent un jour et qui tombent en panne très souvent, et bien d’autres choses encore, ont complètement défiguré ces places. L’absence de réaction des responsables qui semblent avoir oublié ce qu’ont coûté ces installations pour le contribuable est surprenante. Sans pour autant remettre en cause le mode de fonctionnement des municipalités qui semblent prendre leur tâche à la légère, il faudrait quand même se rendre à l’évidence. Il y a quelque chose qui ne tourne pas rond et nous sommes loin de la discipline et de l’ordre qui régnaient. Les grèves successives, les réclamations qui sont toujours suivies d’un relâchement et d’une reprise de mauvaise grâce, sont à la base de cette situation. «J’avoue que nous avons beaucoup perdu de notre autorité. Tout est politisé.
Pour éviter d’avoir des problèmes, beaucoup de responsables évitent d’adresser des remarques. Chacun fait ce qu’il veut», nous a confié un élu qui jure qu’il ne se représentera plus pour ce genre de responsabilité.
Vivement une reprise en main
Une relance du tourisme, ce n’est pas seulement des réunions avec les hôteliers et les transporteurs. C’est aussi des dispositions à prendre pour que la perception que garderont nos hôtes de cette contrée soit la meilleure possible.
A quelques semaines de cette reprise, il est temps de commencer à dresser une liste d’interventions pour assurer un milieu ambiant, un toilettage, conforme à l’image que nous souhaitons donner, pour un pays pour lequel le tourisme est une véritable industrie qui fait vivre des centaines de milliers de familles.
Cela dit, au travail et… pas dans les bureaux !