Alors qu’une bonne partie des pays de ce que l’on appelait «Tiers-Monde» continue d’avancer à pas de géant, nous voilà, nous, en train de régresser sur tous les plans, ou presque, et à vue d’œil. Déliquescence de l’Etat, décomposition de la société civile et débâcle de l’économie sont les principaux signes de ce triste phénomène, que l’on pourrait illustrer, si besoin est, par les lourdes pertes en compétences que nous subissons à longueur d’année.
Abandon scolaire, affaiblissement inquiétant du niveau scolaire et universitaire, fuite catastrophique de nos compétences (à prendre dans les deux sens celui se référant à la mécanique des fluides et celui qui renvoie à la réaction à la peur et au sentiment d’impuissance) en sont les tristes et non moins éloquents indicateurs.
Situation gravissime, ladite régression, qui a frappé de plein fouet l’Etat, y compris dans son statut d’agent économique et de régulateur, est en train de toucher la population même dans ses besoins les plus élémentaires (aliments et médicaments), et ce, en termes de détérioration, à vue d’œil du pouvoir d’achat, de pénuries de certains produits de base, et de rationnement d’autres.
Sept mois après le coup de force du 25 juillet dernier, rien dans le sens d’un changement positif. Rien qui puisse augurer d’une véritable action pouvant sauver le pays et arrêter sa course vers la faillite totale, politique, économique, sociale, intellectuelle et morale. Rien, sauf des slogans, des promesses et des menaces. Et la volonté fiévreuse de changer le système politique. Avant le 25 juillet, nous pataugions dans un marécage et depuis ladite date nous sommes happés par les sables mouvants.
Un pouvoir de fait qui continue de prétendre qu’il s’appuie sur la Constitution, alors qu’il l’a tout simplement abrogée et qui continue à mettre la main sur tout ce qui reste de l’Etat, refusant tout dialogue et avançant à l’aveuglette et au coup par coup, et par des actes qui s’apparentent fort à des règlements de compte.
Un pouvoir qui prétend s’appuyer sur la volonté populaire alors que celle-ci ne peut s’exprimer qu’à travers les urnes et grâce à l’encadrement des partis et de la société civile. Un pouvoir qui est incapable d’appliquer même des lois et des règlements, disons de routine, tels que ceux relatifs à la lutte contre la propagation du coronavirus (même au sein des administrations et des entreprises publiques), à la ceinture de sécurité, au tabagisme, etc. Pire, zéro réaction face à la honteuse grève sauvage des agents des caisses sociales.
Que dire alors de lutter contre la corruption qui gangrène le pays, contre la spéculation, contre le laxisme général, contre certains lobbies qui contrôlent certains secteurs-clé de l’économie et de l’opinion publique ? Et pendant que nous y sommes, où sont les lourds dossiers compromettants que le locataire de Carthage a affirmé, moult fois, qu’il détient contre certains députés et autres responsables et hommes d’affaires ?
Donc une énième année de perdue ? Oui, hélas ! L’on pourrait déjà considérer, en effet, que l’année en cours l’est déjà. Perdue, tout comme celles l’ayant précédée, et cela dure depuis des décennies. Une perte qui s’annonce très coûteuse, car les décisions et les mesures que le pouvoir de fait sera obligé de prendre seront très douloureuses. Et les répercussions catastrophiques de l’invasion russe en Ukraine vont infecter davantage la situation économique et financière du pays.
Aucun salut, donc en dehors d’un dialogue qui devra déboucher sur l’adoption d’un plan de sauvetage du pays. Un dialogue institutionnalisé sous forme d’un congrès national qui regroupera les représentants de toutes les structures nationales élues, (Présidence, Parlement, organisations nationales, corps élus, conseils municipaux, conseils scientifiques, etc.) avec exclusion de toute personne sujette à des poursuites judiciaires.
Aucun salut, aussi en dehors d’un plan national de remise à niveau de la population dans tous les domaines vitaux et un second de lutte contre l’analphabétisme politique et économique de l’écrasante majorité du peuple, appelé à s’exprimer à travers les urnes sur des questions vitales.
Le discours programme du locataire de Carthage auquel le chef de la Centrale syndicale a fait allusion, il y a deux jours, apportera-t-il une solution aux mille et un problèmes auxquels notre pays est confronté ? Attendons voir !