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L’éducation, parlons-en

Editorial La Presse

Le changement fondamental d’un système politique entraîne avec lui une cascade de réactions qui marquent souvent les différents domaines de la vie d’un pays. Une euphorie est exprimée par la population, lorsque ce changement permet de «dégager» une dictature, un régime autoritaire, pour céder la place aux balbutiements de la démocratie. S’ensuit, alors, un effet domino qui tend à toucher la plupart des secteurs d’activité.

La question est de savoir si cette mutation démocratique, qui s’est tout de même enclenchée depuis 11 ans en Tunisie, a pu donner lieu à la réforme du système éducatif ? Un secteur stratégique pour une nation qui veut prospérer ou tout simplement durer et la clé de tout développement, entre autres, économique.

Si l’on jette un regard sur les success-stories des systèmes scolaires dans le monde, outre la frustration qu’on ressent, l’on constate la présence de quatre éléments majeurs qui expliquent leur grande performance. D’abord, une éthique et des valeurs spécifiques adoptées par le corps enseignant et inculquées aux élèves, une solide formation des professeurs, l’utilisation des Ntic, et, enfin, l’attribution d’un budget conséquent. La Corée du Sud, à titre d’exemple, y consacre 5,9% de son PIB.

Faisant de l’éducation leur priorité, plusieurs pays asiatiques caracolent en tête des enquêtes, Pisa et autres, depuis quasiment deux décennies. En plus des éléments cités ci-dessus, certaines astuces qui ne requièrent pas beaucoup de moyens, ni un plan de développement à long terme, permettent également d’expliquer l’excellence de ces systèmes scolaires.

Dans plusieurs dragons asiatiques, le principe de la salle unique est en vigueur. Ce qui signifie l’assignation à une classe, la même salle tout le long de l’année scolaire. Autre élément, impensable chez nous, enfants et adolescents sont dans l’obligation de nettoyer leur salle de classe tous les jours. Poussés à tenir propre leur environnement et à faire attention au mobilier et matériel qu’ils utilisent, les jeunes sont responsabilisés dès leur plus jeune âge. C’est un détail, mais qui en dit long sur un système de pensée qui a fait ses preuves.

Pour en faire un bon citoyen, responsable, discipliné et autonome, l’apprentissage chez l’enfant commence dès les premières années de sa vie, en famille et à l’école.

Si la Tunisie post-indépendance a fait de l’éducation la priorité de sa politique publique, c’est loin d’être le cas pour le régime qui a succédé. Certes, l’option de la massification scolaire a été adoptée, sans tenir compte, toutefois, des dispositions qui vont avec.

Il faudra ajouter que l’éducation nationale représente le terrain de chasse favori d’un syndicalisme débridé, d’où les grèves à répétition et l’opposition à toute réforme suspectée de bousculer les conforts. L’on comprend, sans excuser, l’état peu reluisant du système scolaire tunisien. On parvient moins à comprendre le boycott de nos responsables des évaluations internationales, en se complaisant dans ce qui ressemble fort à une politique de l’autruche. L’éducation, n’est-ce pas venu le temps d’en parler ouvertement et d’agir ?

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