
Dans ce monde bruyant, où les rapports de force dictent trop souvent le droit et où les crispations idéologiques étouffent les nuances, la Tunisie poursuit, sans tapage, un chemin rare : celui de la retenue lucide et du dialogue stratégique. Dans un environnement immédiat où les tensions s’aiguisent, dans un environnement régional obsédé par ses récits ou encore rongé par ses démons, notre pays avance à pas comptés, évitant les fausses promesses des alliances faciles et les illusions de la neutralité passive.
Ces derniers mois, la Tunisie semble avoir retrouvé un réflexe trop longtemps mis entre parenthèses : parler au monde. Discrètement, mais avec constance. Non pas pour mendier, non pas pour plaire, mais pour exister pleinement, selon ses propres lignes de force. Multiplier les rencontres, tisser des liens avec des partenaires variés, du Golfe à l’Europe, de l’Afrique subsaharienne à l’Asie, jusqu’à l’Amérique latine ou aux puissances émergentes. C’est rappeler que nous refusons d’être prisonniers de notre géographie. C’est affirmer, à notre manière, que notre voix compte. Et qu’elle est d’autant plus écoutée qu’elle ne se crie pas. Dernièrement encore, avec l’Arménie, un partenariat culturel s’est dessiné, signe d’un ancrage à la fois singulier et ouvert.
Ce choix de diversification des partenariats n’est pas anodin. C’est une nécessité vitale. Il ne s’agit pas de s’éparpiller, mais d’élargir nos cercles de confiance. De défendre nos intérêts sans les confier à d’autres. De construire une souveraineté active, patiente, enracinée dans la réalité. La Tunisie n’a ni pétrole ni poids militaire, mais elle a, depuis longtemps, une diplomatie capable d’ouvrir des portes là où d’autres s’enferment dans des postures.
Rien n’est gagné, tout reste fragile. Mais dans la gravité de certaines rencontres officielles, dans l’attention portée à certaines invitations, dans le respect discret accordé à la parole tunisienne, quelque chose se rejoue. Notre diplomatie n’est pas un décor secondaire de l’histoire nationale. Elle en est parfois la dernière digue. Et aujourd’hui, elle mérite d’être soutenue. Non par exaltation, mais par confiance. Car dans un monde sans boussole, il faut saluer ceux qui savent encore marcher droit.
À nos partenaires historiques, nouveaux ou encore à découvrir, un message s’impose naturellement : la Tunisie reste un trait d’union précieux. Encore faut-il, au-delà des intentions, ouvrir de véritables voies de dialogue et d’appui. À cet effet, notre pays prévoit d’organiser plusieurs événements régionaux et internationaux. Nous tendons la main ; à chacun de voir l’élégance qu’il y a à la saisir.