Au risque de déplaire au responsable de la communication de la FTF, les perspectives de la sélection pour la qualification au Mondial ne dépendent pas de ce que les journalistes et les chroniqueurs des télévisions pensent, écrivent et expriment. Sur un air de patron qui commande ses subordonnés et dans un acte manquant de professionnalisme, mais aussi de délicatesse, de politesse et de respect, il s’empara du micro lors d’une transmission directe, à la chaîne Attessia, de l’arrivée de l’équipe nationale à son lieu de résidence au Mali, pour exiger des médias, et de tous les Tunisiens, d’être positifs dans leurs commentaires, de ne pas déstabiliser les joueurs, avertissant qu’ils sont informés de tout ce qui se dit et s’écrit. Et au risque de continuer à désobliger et à disconvenir l’homme, dont on ignore la compétence, l’aptitude et la qualité dans le métier, nous lui répondons qu’à travers ce qu’ils ont laissé entrevoir lors de la CAN, les joueurs, qu’il pense paternaliser et défendre, ne sont pas encore libérés, ni dans le jeu, ni dans l’esprit, le staff technique et la fédération, à laquelle il est censé rendre compte, se montrent, d’une échéance à l’autre, toujours incapables de renouveler leurs centres d’intérêts au-delà de ce qui existe. Sur fond de confusion et de risques répétés, tout ce qui est entrepris reflète ainsi l’histoire d’une véritable interrogation.
Quand on vient de tellement loin, on n’a pas le droit d’afficher et de verbaliser son patriotisme sur fond de leçon à donner aux journalistes et aux médias, ou encore de se croire plus patriote que le reste des Tunisiens. Le procédé est devenu classique chez le responsable de la communication à la FTF. Classique, mais surtout populiste. Les leçons de patriotisme tournent à la désolation et à l’indignation, notamment pour ceux qui y voient un discours qui ne reflète en aucun cas la réalité. Même le sport n’est plus épargné du mensonge et de l’excès de zèle de ceux pour lesquels il est devenu facile de spéculer sur ses valeurs et sur son exemplarité.
Le sport et les médias sont en danger. Et cela provient tout particulièrement des personnes qui gravitent tout autour. Tous les aléas et les dépassements qui en découlent nous amènent à nous interroger sur la manière de la gouvernance de la FTF et de sa gestion. La fausse optimisation de presque tous les paramètres sportifs et médiatiques fait sens de milieux marqués à la fois par les débordements et les déformations. La constatation que nous pourrions faire a trait aux actes et aux prises de position sans fondement et qui sont destinés à vouloir dénaturer le rôle des médias et le rôle des sportifs. Surtout quand cela émane de personnes qui n’ont pas vraiment de rapport avec le sport et le journalisme. De près ou de loin.
Le problème de l’aptitude et de la compétence est bien là. Mais encore davantage celui de l’honnêteté intellectuelle. Quand on appartient à un milieu, il y a des techniques à maîtriser, mais aussi et surtout une éthique à respecter. Les paysages sportif et médiatique sont aujourd’hui particulièrement propices au développement et au règne de la médiocrité. Il n’y a presque plus de discours sans cette tendance à recourir à la langue de bois pour tromper l’opinion publique et justifier l’injustifiable. Une situation qui traduit au fond tout ce qui a le plus contribué à dissocier les journalistes et les sportifs de leur environnement.
Les méthodes et les discours du responsable de la communication montrent à quel point la fédération est devenue aujourd’hui l’équivalent d’un grand théâtre où les valeurs fondamentales ne s’affichent plus et n’ont plus de raison d’être. Les qualifications utilisées dans le lexique de communication trouvent toute leur origine dans tout ce qui a rapport à une dérive plus que jamais avérée.