Depuis notre plus jeune âge, nous étions subjugués par les récits relatés par des proches rentrant de voyage. Ils nous racontaient avec force détails les belles choses qu’ils avaient découvertes dans ces pays dits développés, aux gens polis, respectueux du code de la route, avec lesquels nous étions, et le sommes encore, séparés par les hautes mers et quelques longueurs d’avance. Nous différencient, également, la propreté de leurs rues, la beauté de leurs parcs verdoyants, ainsi que leur sens du travail, de l’organisation et… de la planification.
Il paraît qu’ils programment leurs vacances d’été, dès l’hiver, en fixent les dates, le budget, choisissent la destination régionale ou internationale et procèdent aux démarches nécessaires. Quand sonne le rendez-vous, il ne reste plus qu’à préparer les valises.
Nous, qui sommes fortement pénalisés par le manque de moyens, vivons au jour le jour. Penser aux grandes vacances des mois à l’avance est tout à fait impensable.
Au-delà des niveaux de vie incomparables entre les deux rives de la Méditerranée générant de fait des disparités de taille, la question est avant tout culturelle. Rares sont ceux parmi nous qui savent ou veulent anticiper l’entretien de leur voiture avant que celle-ci ne tombe en panne ou bien réparent la plomberie de la maison avant qu’elle ne fuite de partout ou bien acceptent de consulter un médecin avant d’être bien malades. Nous préférons, et de loin, l’automédication, les reports, le colmatage des brèches, la débrouille.
Or un mode de fonctionnement rigoureux et anticipatoire est en mesure de s’appliquer à tous les secteurs d’activités et domaines de la vie.
Gérer et réagir à une catastrophe naturelle (inondations, incendies de forêt) requiert le déclenchement de programmes censés être toujours prêts et adaptés à la nature de la catastrophe et aux zones sinistrées.
En cas d’attaque terroriste, un plan minutieusement préparé et expérimenté devant impliquer plusieurs institutions et dispositifs pour opérer en même temps. Chaque structure, chaque intervenant sachant à l’avance à quelle mission il est affecté.
Planifier un projet de développement signifie le découper en plusieurs étapes, en estimer la durée, identifier ses objectifs, lever les fonds et s’y tenir rigoureusement. Le cas contraire, c’est l’échec assuré. Qu’en est-il maintenant d’une politique marquée par l’improvisation ? Assurément, elle serait fatale. S’agissant d’un mode de gouvernance par essence défaillant dont les répercussions terribles sur le pays et la population sont à multiplier indéfiniment.