L’impunité dont continuent à bénéficier les accusés dans les affaires relatives à la justice transitionnelle a finalement encouragé la poursuite des maltraitances et les agressions dans les lieux privatifs de liberté. La Ligue aurait à cet effet reçu 770 plaintes relatives à des atteintes à l’intégrité physique allant jusqu’à la torture.
Dix ans après la révolution et en dépit d’une Constitution qui consacrait un chapitre entier aux droits et libertés, il semble que les mauvaises habitudes ont la peau dure. C’est en tout cas ce qu’on pourrait constater si on se réfère à la déclaration du secrétaire général de la Ligue tunisienne des droits de l’homme (Ltdh), Jamel Msallem. Selon lui, les agressions dans les lieux de détention a quasiment doublé, dans un contexte marqué par un blocage du processus de la justice transitionnelle.
Ce qui est étonnant, c’est que malgré le recrutement d’une nouvelle génération d’agents dans divers corps sécuritaire, il semble que la culture des droits de l’homme ne soit toujours un préalable intégré dans les méthodes de travail des forces de sécurité et notamment dans les lieux de détention.A l’occasion de la commémoration du funèbre anniversaire de l’assassinat de l’activiste Nabil Barakti le 8 mai, le SG de la Ltdh, Jamel Msallem, a estimé que cette date devrait être décrétée journée nationale de la lutte contre la torture.Selon son analyse, l’impunité dont continuent à bénéficier les accusés dans les affaires relatives à la justice transitionnelle a finalement encouragé la poursuite des maltraitances et les agressions dans les lieux privatifs de la liberté.
La Ligue aurait à cet effet reçu 770 plaintes relatives à l’agression de l’intégrité physique allant jusqu’à la torture.
Loin des grands principes généraux, la Ltdh fustige la législation tunisienne en matière de lutte contre la torture. Jamel Msallem considère que les textes en vigueur ne sont pas en conformité avec les normes internationales.
Du côté de l’Instance nationale de lutte contre la torture, même constat.
Selon l’Inpt, les dérives sécuritaires n’ont pas cessé.
Partout, les constats sont pareils. Les chiffres donnés par l’ensemble des instances cachent des histoires de centaines de victimes qui souffrent ou ont souffert et qui gardent souvent des séquelles à vie.
Il est grand temps de rendre justice à tous ceux qui croient encore à la justice du pays. Sans quoi, la confiance entre les justiciables et l’Etat sera définitivement rompue. Il n’est pas trop tard, mais il est impératif de consacrer une grande part des politiques publiques à réformer la justice et la police.