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Erreur ou négligence médicales ?

Editorial La Presse

Les centres de maternité et de néonatologie sont de nouveau sur la sellette. Une nouvelle affaire sur fond de soupçons d’erreur médicale voit le jour. L’enquête a été ouverte cette fois au centre de maternité et de néonatologie de Monastir pour soupçons d’erreur médicale ayant engendré la mort d’un nouveau-né.     

Quelques jours auparavant, l’affaire du décès des 14 nourrissons au centre de maternité de La Rabta avait refait surface. Le principal accusé, le chef du service de la pharmacie de l’hôpital, a présenté au tribunal de première instance de Tunis des documents prouvant qu’il avait, depuis sa prise de fonction, envoyé plusieurs correspondances au ministère de la Santé l’informant des nombreuses défaillances au centre, mais aussi de l’état catastrophique des pochettes d’alimentation et de l’intrusion de tierces personnes sur le lieu du drame.

Si l’erreur médicale, aussi minime soit-elle, peut avoir des réactions désastreuses aussi bien pour le malade que pour le médecin, les négligences liées notamment aux défaillances matérielles dans les centres de maternité sont encore plus graves. La réalité dans ces centres est toujours déroutante dans la mesure où l’identification des responsabilités est toujours difficile à cerner, ou encore à reconnaître. Tout cela en dépit des pertes humaines et tout ce qu’elles engendrent de souffrance et de douleur chez les parents.

Au-delà de la responsabilité médicale, il est toujours nécessaire de rappeler que tout ce qui a été entrepris ici et là dans les établissements de santé s’illustre par l’incapacité des différentes parties prenantes à gérer les problèmes de fond.

Lorsque les premiers responsables sont défaillants, lorsque les comportements et les réactions attirent la désapprobation publique, lorsque les parents s’inquiètent pour la naissance de leurs enfants, c’est toute la politique sanitaire qui est pointée du doigt. On remet en cause son efficacité, on interroge sa pertinence humaine, on affirme la nécessité de changer les choses et de forcer même le cours des événements. Sans qu’il soit ici question de condamner qui que ce soit, mais aussi sans faire de mauvais jeux de mots, rien n’est clair, rien n’est rassurant. La connaissance de la salle blanche, baptisée « salle de la mort », permet d’en donner une vision caricaturale et de pointer des dérives impardonnables. Le constat prend une dimension encore plus grave, tout particulièrement à l’évocation des temps et des profils des responsables révolus, mais aussi des manquements qui, en l’espace de quelques années, ont vite pris le contrepied des acquis et des réalisations qu’on pensait pourtant indétrônables…

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Un commentaire

  1. Bengayed

    19 juin 2022 à 23:52

    Cette erreur médicale a une autre dimension, plus que humaine. c’est plutôt dans la négligence politique.
    Quand on est dans l’humain, « to err is humain »; on fait tous les jours plus que du bien autant qu’on puisse, comme il faisait « le principal accusé » au centre de maternité, mais si un jour, une erreur glisse entre les mains, là, voila, les couteaux sont rapidement prêtes pour ce bouc émissaire, pour camoufler l’impuissance des responsables au niveau de la ministère qui n’ont pas assurer la préparation des produits spécifiques des nouveaux nés dans un endroit qualifié comme le reste des médicaments. Et cela ne montre aussi qu’une justice inapte à cerner la différence entre « un crime », « une erreur médicale d’ordre humain », et « une négligence médicale d’ordre politique ».
    C’est facile de parler et plus facile de juger, mais le plus difficile est de garder le même élan de travail malgré être accusé par un meurtre!!!!

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