L’actualité politique éclipse une conjoncture économique assez critique. D’ores et déjà, l’économie tunisienne était en situation difficile même avant la crise pandémique et le conflit russo-ukrainien. Aujourd’hui, les finances publiques dépendent d’un accord avec le Fonds monétaire international (FMI) qui tarde toujours.
Les premiers contacts, les discussions et les négociations entre la Tunisie et le FMI durent depuis plusieurs mois. Si le gouvernement avait fixé un accord avec cette institution comme hypothèse de la loi de finances pour l’année en cours, les négociations entre les deux parties sont assez compliquées, mais vont dans le bon sens. Au fait, le FMI exige que les nouveaux fonds qui seront alloués à la Tunisie servent pour réformer l’économie et non pas pour régler les dépenses courantes. La Tunisie, qui ne bénéficie pas de marge de manœuvre, s’est engagée dans de profondes réformes impliquant maîtrise de la masse salariale et réforme de la caisse de compensation.
Une mission du Fonds monétaire international à Tunis, dirigée par Björn Rother, s’est achevée il y a une semaine. Les deux parties ont surtout discuté d’un éventuel soutien financier du FMI au programme de politiques et de réformes économiques des autorités tunisiennes. Au terme de la mission, Rother a affirmé : «Les discussions sur un nouvel accord au titre du mécanisme élargi de crédit (Medc) destiné à soutenir les politiques et les réformes économiques des autorités ont été fructueuses. Elles se poursuivront au cours des prochaines semaines en vue de parvenir à un accord au niveau des services. Comme toujours, tout accord final sur un programme sera soumis à l’approbation du Conseil d’administration du FMI».
De même, le FMI estime que des progrès considérables sont faits par les autorités tunisiennes concernant leurs objectifs économiques, on note aussi qu’une bonne coordination se dégage entre les ministères et les organismes autour d’une vision commune qui est saine.
Une entente entre le gouvernement et l’Ugtt est cruciale
A quand faut-il s’attendre à un accord ? Ce n’est pas pour demain, mais ce sera vers le prochain automne. De sources fiables nous apprenons que le FMI exige de la part des autorités tunisiennes la mise en place d’un agenda bien défini et bien délimité dans le temps pour opérer les différentes réformes nécessaires.
En résumé, ces réformes toucheront l’équité fiscale, l’élargissement de la portée des filets de protection sociale et l’augmentation des transferts monétaires, outre le redressement des entreprises publiques déficitaires et surtout la limitation des dépenses publiques courantes.
Aussi, avant de débloquer ces fonds, le FMI veut s’assurer du climat social en Tunisie. Une entente entre le gouvernement et la centrale syndicale s’annonce donc cruciale à cet effet.
L’agence de notation Fitch Ratings qui s’attend à ce que la Tunisie obtienne un accord avec le FMI au second semestre 2022, revient sur cette question. «Nous pensons que les créanciers officiels restent disposés à soutenir la Tunisie après l’approbation par référendum d’une nouvelle Constitution. Néanmoins, des risques pèsent sur un accord avec le FMI, notamment autour du rôle et de la réponse de la puissante Union générale tunisienne du travail (Ugtt)», a-t-on affirmé.
Perspectives incertaines
C’est dans un contexte mondial et régional que la Tunisie mène ces négociations. Le Fonds monétaire international (FMI) a rendu public son rapport concernant les perspectives de l’économie mondiale, mises à jour au mois de juillet 2022 indiquant qu’une reprise timide en 2021 a été suivie de développements de plus en plus sombres en 2022, alors que les risques commençaient à se matérialiser.
L’institution souligne que la croissance devrait ralentir, passant de 6,1% l’année dernière à 3,2% en 2022, soit 0,4 point de pourcentage de moins que prévu dans l’édition d’avril 2022 des Perspectives de l’économie mondiale.
Au Moyen-Orient et en Afrique du Nord, le rapport du FMI table sur un taux de croissance de 4,9% en 2022 et de 3,4% en 2023 avec des différences de respectivement de 0,1% et 0,2% par rapport aux projections des perspectives économiques mondiales d’avril dernier.