C’est sur la base de cette loi électorale que les partis politiques vont s’exprimer davantage sur leurs positions par rapport aux élections. Si certains parmi eux envisagent de boycotter carrément ces élections, d’autres préfèrent attendre ladite loi électorale.
Conformément à la feuille de route annoncée et appliquée par le Président de la République, les élections législatives anticipées auront lieu le 17 décembre prochain, une date à laquelle tient tant le Chef de l’Etat. D’ailleurs, il ne cesse de répéter qu’elle représente bel et bien le déclenchement de la révolution tunisienne.
Quoi qu’il en soit, les partis politiques ne sont pas unanimes à cet égard. Alors que pour toute la classe politique, on est toujours en train de digérer le coup du 25 juillet et les résultats du récent référendum, les partis politiques sont-ils bien préparés à participer à ces élections ?
Autant dire que certaines parties refusent carrément de prendre part à ce rendez-vous électoral. Pour elles, tout le processus du 25 juillet est illégitime. A l’image du référendum, elles envisagent de boycotter les élections de décembre prochain, mais à qui profitera la politique de la chaise vide ? Et dans ce sens, quels sont les partis qui prendront part à ces élections, et quel paysage politique émergera-t-il ? Tant de questions qui se posent, alors que l’image reste toujours floue, Kais Saied va, fidèle à lui-même, mettre tout le monde devant le fait accompli.
Cependant, les délais pressent et l’instance électorale exige plus de clarté pour mener à bien ce rendez-vous électoral. « La loi électorale doit être prête avant le 17 septembre afin que nous puissions faire le reste du travail », a laissé entendre le porte-parole de l’Instance supérieure indépendante des élections (Isie), Mohamed Tlili Mansri. Le responsable a souligné la nécessité de promulguer une nouvelle loi avant cette date pour que l’instance puisse préparer les prochaines élections dans de bonnes conditions.
En effet, la prochaine loi électorale donnera plus de visibilité aux partis politiques pour trancher leurs positions compte tenu des prochaines élections. En tout cas, le Président de la République avait annoncé, à l’issue du référendum, que la prochaine étape verra l’adoption d’une nouvelle loi électorale qui répond aux aspirations du peuple.
La nouvelle loi électorale comporterait de nouvelles circonscriptions électorales, sur la base d’une circonscription pour chaque délégation. De plus, les députés et les membres du conseil des régions et des districts seraient élus sur la base de la même loi électorale attendue. Selon certaines indiscrétions, la loi électorale exclurait certains partis qui ont bénéficié de financements étrangers durant ces dernières années.
Ennahdha redoute une exclusion
Et c’est sur la base de cette loi électorale que les partis politiques vont s’exprimer davantage sur leurs positions par rapport aux élections. Si certains partis envisagent de boycotter carrément ces élections, d’autres préfèrent attendre ladite loi électorale.
C’est le cas du parti Ennahdha qui, par le biais de son président Rached Ghannouchi, a annoncé que la position du parti à cet égard sera tributaire du dévoilement de la nouvelle loi électorale. Ce parti, qui s’est inscrit dans une démarche d’opposition radicale des dispositions présidentielles, laisse la porte ouverte à sa participation aux élections, contrairement au référendum, où il a été clair et net et l’a boycotté. Ennahdha craint aussi une loi électorale qui l’exclut du paysage politique pour soupçons de financement illicite de ses activités politiques et électorales. En effet, Rached Ghannouchi, président du parti, a mis en garde contre une nouvelle loi électorale excluant son parti. « La nouvelle décision de Saied ne sera autre que de promulguer une nouvelle loi électorale qui exclut Ennahdha », a-t-il averti
Pour sa part, la vice-présidente du parti Afek Tounès a expliqué que son parti ne s’était pas prononcé au sujet de la participation aux législatives de décembre 2022 en raison de la non-promulgation de la nouvelle loi électorale et de l’absence de clarté.
Rim Mahjoub a affirmé que le recours ou pas à un tirage au sort et au système de la gouvernance par la base lors des élections sera l’élément déterminant dans l’adoption d’une position par rapport aux législatives.
A l’issue du référendum, le secrétaire général du Courant démocrate, Ghazi Chaouachi, avait indiqué que les chiffres publiés par l’Isie sur le taux de participation au référendum sont truqués. Il a rappelé que son parti a boycotté le référendum et continuera de boycotter ce processus, notamment en ce qui concerne les élections législatives.
En outre, des partis comme Echaab sont clairs à ce sujet. Le parti pense que le processus du 25 juillet est une action de rectification. Il dit soutenir et participer aux prochaines élections.
Appel à une présidentielle anticipée
Dans la foulée, des partis politiques ont lancé des appels à organiser une présidentielle anticipée. La présidente du Parti destourien libre, Abir Moussi, a indiqué que l’entrée en vigueur de la nouvelle Constitution met fin à la légitimité de Kaïs Saïed comme président de la République. « Saïed n’est plus président élu, comme le prévoit l’article 92 de la nouvelle Constitution. Il doit déclarer la vacance du pouvoir et appeler à la tenue d’une élection présidentielle anticipée », a-t-elle expliqué.
Idem pour le parti Afek Tounès qui s’est joint à la liste des partis et organisations appelant à d’une élection présidentielle anticipée. Et même, avant, les élections législatives. Le parti juge que « Saïed n’a plus aucune légitimité, lui qui avait été élu sur la base de la Constitution de 2014, alors qu’on est, actuellement avec une autre constitution, qui donne au président de la République bien plus de pouvoirs ».