Le rapport du CGA montre qu’au cours de l’année 2021, le taux de pénétration de l’assurance dans l’activité économique tunisienne s’est établi autour de 2,5 %. Un taux qui reste faible par rapport à ce qui est enregistré dans des pays émergents, mais également de la moyenne mondiale qui est passée de 7,4 % en 2020 à 7 % en 2021.
En raison de la crise sanitaire mondiale causée par le virus «Covid-19» et suite à la conjoncture politique, économique et sociale difficile que traverse notre pays depuis plusieurs années, «le secteur des assurances en Tunisie n’ait pas été à l’abri. Néanmoins, il a réussi, à la fin de cette année, à surmonter toutes ces difficultés avec les moindres dégâts grâce à la solidité financière des sociétés qui ont su se redresser progressivement, et enregistrer une reprise par rapport à l’année précédente avec un taux moyen de croissance positif comparable à ceux réalisés au cours des dernières années précédant l’épidémie. Cette amélioration demeure certes tributaire de l’évolution de la pandémie et du contexte économique et financier à l’échelle tant nationale que mondiale», a précisé Hafedh Gharbi, président du Comité général des assurances au début du rapport du comité pour l’exercice de 2021. Il a continué : «Il est certain que le marché tunisien de l’assurance dispose d’un énorme potentiel pour réaliser une croissance accrue et un plus grand saut qualitatif au cours des prochaines années».
2,5 %, le taux de pénétration de l’assurance dans l’économie tunisienne
Malgré l’importance et le rôle essentiel que joue le secteur des assurances dans le financement de l’économie nationale grâce à sa contribution au soutien de l’épargne et à la stimulation de l’investissement, le rapport annuel du Comité général des Assurances (CGA), relatif à l’exercice 2021, montre que la part de la Tunisie dans le marché mondial de l’assurance reste relativement faible en comparaison avec les autres pays émergents de la région des Etats d’Europe, du Moyen-Orient et de l’Afrique (Emea) Emergente, puisqu’elle n’a pas franchi 0,014 %, alors qu’elle est de l’ordre de (0,08 %) au Maroc, (0,04 %) en Egypte, (0,18 %) aux Emirats arabes Unis, (0,15 %) en Turquie et (0,16 %) en Arabie saoudite.
Selon ce même rapport, cette part est également encore très faible par rapport aux pays développés, soit (39,6 %) aux Etats-Unis, (5,9 %) au Japon, (5,8 %) au Royaume-Uni et (4,3 %) en France.
Le rapport du CGA montre, par ailleurs, qu’au cours de l’année 2021, le taux de pénétration de l’assurance dans l’activité économique tunisienne s’est établi autour de 2,5 %, ce qui est toujours en dessous des niveaux enregistrés dans des pays émergents, à l’instar du Maroc 4 %, les Emirats arabes Unis 2,9 %, et assez loin de l’Afrique du Sud 12,2 %, les Etats-Unis 11,7 %, le Royaume Uni 11,1 % et la France 9,5 %, ainsi que de la moyenne mondiale qui est passée de 7,4 % en 2020 puis à 7 % en 2021.
En ce qui concerne la densité d’assurance en Tunisie elle n’a cessé de croître durant les dernières années, en passant de 206,2 dinars en 2019, à 217,8 dinars en 2020 puis à 235,8 dinars en 2021, enregistrant, ainsi une évolution d’environ 8,3 % par rapport à 2020. Pourtant, ce niveau reste encore très faible comparé à la moyenne mondiale qui est de l’ordre de 2.447 dinars en 2021 (équivalent à 874 USD).
La part de l’assurance-vie s’élève à 25,5 %, soit environ 60 dinars, contre une moyenne mondiale d’environ 1.096 dinars, tandis que l’assurance non-vie représente 74,5 %, soit l’équivalent de 175,8 dinars, contre une moyenne mondiale d’environ 1.378 dinars.
Comparée aux pays développés, la part de l’assurance-vie en Tunisie est très faible à comparer avec les pays développés, puisque la moyenne des primes par habitant s’élève à 8.193 USD aux Etats-Unis, 6.610 USD en Suisse, 5.273 USD au Royaume-Uni, 4.140 USD en France et 3.202 USD au Japon,… L’assurance-vie est également faible même si on la compare à d’autres économies émergentes, à l’instar des Emirats arabes unis (1.305 USD), de l’Afrique du Sud (852 USD), de l’Arabie saoudite (312 USD), du Koweït (352 USD), du Maroc (143 USD)…
Structure du marché
A la fin de l’année 2021, le marché tunisien des assurances compte 24 compagnies résidentes, compte tenu des deux nouvelles compagnies agréées en 2020 et spécialisées en assurance-vie et capitalisation. Il est à signaler qu’une assurance a pu démarrer son activité et l’autre dont l’activité n’a pas encore démarré durant l’année 2021 mais qui a obtenu l’accord du CGA et du ministère des Finances sur la prorogation du délai réglementaire de lancement des activités au 4e trimestre 2022. La majorité des compagnies résidentes (soit 22 compagnies) opèrent sous le statut de société anonyme et deux sont constituées en société à forme mutuelle. Par ailleurs, quinze d’entre elles opèrent en multi-branches, parmi lesquelles trois sont spécialisées en assurance Takaful. Quant aux autres compagnies, elles sont spécialisées dans une activité particulière d’assurance. Ainsi, on distingue sept compagnies spécialisées en assurance-vie et capitalisation, une compagnie spécialisée en assurance des crédits à l’exportation (la Cotunace) et une compagnie spécialisée en réassurance (Tunis-Ré).
Les sociétés non résidentes ou off-shore sont au nombre de huit, dont cinq succursales et trois bureaux de représentation des sociétés d’assurance et de réassurance de non-résidents.Pour ce qui est des intermédiaires en assurance, le marché est également émaillé par un réseau dense d’intermédiaires en assurance (1.270 en 2021), opérant pour la quasi-totalité en agents mandataires des compagnies (1.099), et ce, à côté de 63 bureaux de courtage, ainsi que 108 producteurs d’assurance-vie. Ce réseau, qui couvre la plupart des régions de la république, offre ainsi des services de proximité aux assurés.
Selon le rapport du CGA, un autre maillon, non moins important de cette chaîne de prestations assurantielles, celui des experts. Près de 1.027 experts et 100 commissaires d’avaries, de qualifications diverses allant de la mécanique-auto jusqu’à l’électronique et l’aviation, sont inscrits au registre tenu par la Fédération tunisienne des sociétés d’assurances (Ftusa), pour pratiquer l’évaluation des dommages après sinistre. Quant aux actuaires, leur nombre sur le marché tunisien des assurances est encore limité à 29 seulement.
En chiffres
Les primes totales émises en 2021 ont enregistré une croissance significative de 10,2 % contre 6,5 % l’année précédente et un taux moyen enregistré au cours des cinq dernières années (2017-2021) qui est de l’ordre de 8,8 %, et ont dépassé 2.833 MD (contre 2.571 MD en 2020).
Le chiffre d’affaires de la société tunisienne de réassurance a enregistré un retour à la hausse de 3,1 %, contre une baisse d’environ 2,3 % au cours de l’année écoulée (après sa croissance positive significative de 14,2 % à la fin de 2019), dépassant ainsi 163 MD contre respectivement 158 MD et 162 MD en 2020 et 2019. Cette amélioration relative s’explique principalement par le succès de la société à surmonter les contrecoups de la pandémie sanitaire «Covid-19», qui a considérablement affecté le niveau des primes acceptées qui ont enregistré une baisse importante, notamment, au titre des conventions facultatives, pour chacune des deux branches de l’assurance transport et de l’assurance de l’ingénierie et de la construction.En ce qui concerne les primes d’assurance non-vie, elles ont augmenté de 8,4 % contre 5 % en 2020 (6,3 % en 2019, 6 % en 2018 et 11,1 % en 2017), avec un écart important entre les différentes branches de cette catégorie. En parallèle, la part de l’assurance non-vie est restée élevée de l’ordre de 74,5 %, contre 75,7 % en 2020, et une moyenne mondiale de 56,3 % en 2021.
Au niveau des indemnisations, l’année 2021 a connu une augmentation remarquable de 21,3 % par rapport à sa baisse exceptionnelle de 5,1 % à la fin de l’année dernière (et sa croissance de plus de 12 % en 2019), en totalisant ainsi 1.636 MD contre 1.348 MD en 2020 (environ 1.421 MD en 2019). Le montant global des indemnisations a progressé au cours des cinq dernières années (2017-2021) selon un taux moyen annuel d’environ 10 %, dépassant le taux de croissance moyen des primes émises, qui s’est élevé à 8,8 % au cours de la même période.
Evolution du marché mondial des assurances
Après l’année 2020 marquée par les effets de la crise sanitaire, la solvabilité des assureurs sur le marché mondial s’est révélée solide et ils ont su rebondir et renouer avec la croissance sur l’ensemble de leurs activités.
En effet, dans un contexte de reprise économique générale avec un PIB mondial qui rebondit de 6,1 % après une récession de 3,1 % en 2020 et la fin de la baisse des taux d’intérêts, l’année 2021 aura été synonyme de résilience pour les assureurs et l’activité du secteur retrouve les tendances d’avant la crise sanitaire. En 2021, grâce à des facteurs économiques favorables, une sensibilisation accrue aux risques et une épargne record portée par des marchés en plein essor, le volume total des primes a augmenté de 3,4 % en termes réels (contre -1,3 % en 2020), et s’est établi à 6.861 milliards USD, contre 6.292 milliards USD en 2020.
Le secteur non-vie a affiché une croissance de 2,6 %, tirée par le durcissement des taux des lignes commerciales sur les marchés avancés. Toutefois, en Chine, le marché émergent le plus important, les volumes de primes non-vie se sont contractés de 0,7 %, la libéralisation de l’assurance automobile a déclenché une concurrence féroce.
Les primes émises au titre de l’assurance-vie, après une rétraction de plus de 4 % en 2020, ont rebondi fortement (+4,5 %) tant sur les marchés avancés (+5,4 %) que sur les marchés émergents (+6,7 %, hors Chine). Les primes d’assurance-vie en Chine se sont contractées de 2,6 % en raison de la faiblesse des activités d’épargne-vie causée par une nouvelle baisse des activités liées aux maladies graves.