Une nouvelle dérive du gendre du président du mouvement islamiste qui démontre qu’il y a de ces acteurs politiques qui peuvent être plus mauvais que médiocres. Ou encore qui n’hésitent pas à s’enferrer dans le déni, le mensonge et la provocation.
On savait que le paysage politique post-révolution déchaîne les passions et qu’il passionne plus qu’il ne raisonne. Mais on ne pouvait imaginer qu’on peut autant verser dans la polémique et dans l’animosité que dans l’hostilité et la haine. Censée rapprocher plus que diviser, l’action politique s’est transformée en un moyen de dénigrement, de calomnie et de diffamation. Un moyen à travers lequel on nous fait perdre finalement la joie de vivre et de savourer la fierté et la hauteur de la révolution.
On savait, aussi, que la relation dialectique entre les différentes parties prenantes a toujours existé. Mais au vu de ce qui se passe actuellement, on réalise de plus en plus que les intrus et les opportunistes connaissent leurs heures de gloire et qu’ils se mêlent de la vie politique avec une inconscience inouïe !
Dans chaque publication Facebook, Rafik Abdessalem, l’un des principaux leaders d’Ennahdha, opérant à l’étranger, considère qu’il n’y a «ni liberté, ni stabilité, ni démocratie en Tunisie», et que Rached Ghannouchi est «victime de la haine et de la méchanceté gratuite de la scène politique et médiatique».
Une nouvelle dérive du gendre du président du mouvement islamiste qui démontre qu’il y en a de ces acteurs politiques qui peuvent être plus mauvais que médiocres. Ou encore qui n’hésitent pas à s’enferrer dans le déni, le mensonge et la provocation.
Rafik Abdessalem se permet, encore une fois, de déformer une réalité bien évidente de ce qu’il prétend, notamment lorsqu’il accuse les adversaires de son parti, tout particulièrement l’élite politique, qu’il qualifie de «visages de la haine et de l’exclusion». Il va même jusqu’à accuser cette même élite de «s’allier avec Satan dans l’unique but de se débarrasser de leurs adversaires en les tuant, les déportant, les emprisonnant et les harcelant». Pour lui, cette élite qui adopte une haine maladive, qui ne détient pas les éléments lui permettant de continuer à exister et qui ne porte tout simplement pas de projets ou d’idées, «n’a à son actif que le mensonge, l’incitation et la propagation d’une culture de la haine et de la peur».
L’appétit pour les polémiques et les altercations est ainsi plus aiguisé que les discours constructifs, créateurs et positifs. Les dérapages de Rafik Abdessalem, qui n’ont plus de limites, nous amènent à constater que pareilles dérives font désormais système au sein du parti nahdhaoui. D’ailleurs, on connaît les noms des principaux instigateurs et intervenants à ce niveau, les ambitions et les agendas qui les font courir, mais on ne connaît guère leur mérite. Ou plutôt on sait comment ils allument l’étincelle et comment ils entretiennent la flamme.
Ce que les Tunisiens ont vu, ce qu’ils ont vécu jusque-là, ressemble à tout sauf à l’action politique. Se laisser immerger dans un monde d’altercations, de disputes et d’escarmouches est un phénomène tellement utilisé du côté de Montplaisir au point que le paysage politique s’en sort profondément marqué.
Le jaillissement d’une pareille ambiance dans un environnement tellement tendu pourrait avoir de fâcheuses conséquences. Certains sont excités à l’idée de pouvoir immerger dans un monde dans lequel ils se plaisent au point d’oublier que tout est faux. Les insinuations de Rafik Abdessalem ne sont en fait qu’une parodie, une contrefaçon. A la vie à la mort. Un comble, surtout lorsqu’on se remémore les différentes péripéties de la décennie noire. Lorsqu’on se remémore aussi ceux qui en avaient fait une institution, un modèle. Autant ils se permettent encore tout et sans le moindre scrupule, autant l’avenir de la Tunisie apparaît comme leur première victime.
Les mauvaises alliances produisent la mauvaise politique. C’est pourquoi le mouvement islamiste ne trouve guère de soutien que chez les partis politiques et leurs acteurs réprouvés, désavoués et déniés, à l’instar du Front du salut et de ses hommes.
Certes, on peut avoir raison de défendre ses alliés. D’ailleurs, on méprise ceux qui procèdent autrement. Mais ceux qui sont suffisamment rodés en politique savent pertinemment que perdre des élections fera sûrement perdre des gens et une base électorale. Mais jamais les valeurs.
Ils savent aussi que celui qui oublie ses valeurs perdra sa grandeur.
N’est-ce pas Monsieur Néjib Chebbi ?