Enquête | Collectivités locales (Partie I) : Korba, rien ne va !

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La présente grande enquête sur Korba, capitale des délicieuses fraises et leader national par excellence du théâtre amateur, est à plaindre depuis de longues années. Rien n’y tourne rond. L’infrastructure de base s’enfonce dans la dégradation d’année en année.

Cela, faute d’entretien et de soins convenables et réguliers. La pollution bat son plein. L’hygiène laisse à désirer. La nature ayant horreur du vide, les immenses et innombrables terrains vagues font le plein d’ordures, de détritus et de débris de matériaux de construction. Et le malheur des riverains fait le bonheur des insectes de tout acabit, des dangereux reptiles, etc. Tous agissant en terre conquise. Lors de notre enquête, nous avons écouté les sons de cloche des diverses parties prenantes.

Aux abonnés absents !

Les autorités régionales, par contre, se sont fait marquer aux abonnés absents. Nulle réponse à nos deux correspondances. Deux papiers seront consacrés à ce sujet. Le premier épisode donnera un aperçu général sur l’état des lieux sur terrain. Tandis que le second cherchera à percer les secrets de la panne de la machine communale.

Le don ciel gâché

Jamais Korba, naguère l’un des précieux joyaux du Cap Bon, n’a connu des moments si désolants et si attristants. A présent, rien ne semble y tourner rond. Hormis tout ce qui s’achète et se vend. Auparavant, la capitale des délicieuses fraises brillait de mille feux par la beauté féerique de son immense plage. Ses eaux ondulées étaient d’une limpidité telle que le baigneur était à même de voir dix sur dix ses orteils. Mais, par ces temps qui courent, le don du Ciel est presque partout gâché par des mains humaines sataniques polluantes. Nul égard ni respect pour la belle nature. A Korba, tout comme à Tazarka, la mer demeure la regrettable destination finale des eaux usées et des rejets toxiques et industriels non traités.

Propre comme de sou neuf !

Pour revenir à nos moutons, en l’occurrence, à la situation de Korba d’antan, avouons que les artères de la ville étaient toujours propres comme un sou neuf. Les trottoirs de ses boulevards étaient tous cernés par des bordures peintes et repeintes au besoin, en rouge et blanc éclatants. Les chaussées étaient bien entretenues. Pas un nid de poule ni de poussin, pas un trou ne provoquait la grimace et la moue, ni troublait la quiétude des paisibles occupants des quatre roues.

Ah ce théâtre en plein air !

Côté touristique et culturel, Korba constituait un pôle d’attraction pour les touristes européens et autres et une destination estivale privilégiée pour nos pairs en quête de loisirs et de fraîcheur, y convergeant des quatre points cardinaux de la République. La plupart de ces visiteurs, et surtout ceux épris jusqu’à la moelle du quatrième art, se bousculaient chaque soirée devant les guichets bondés du ‘’défunt’’ théâtre de plein air des acteurs amateurs. Que d’éléments talentueux, doués, mais injustement étouffés ! Leur savoir-faire étant connu et reconnu rien que dans des cercles restreints privés. A la faveur de leur sacré passage par Korba, ils ont eu la chance inespérée de se faire briser, de maîtresse façon, l’anonymat. Et savourer plus tard les délices et les privilèges du vedettariat sur le plateau si convoité du célèbre Théâtre municipal.

Un édifice à pleurer!

Aujourd’hui, l’édifice des belles surprises et des vedettes du futur, ayant longtemps fait la fierté des braves autochtones de Korba, se trouve, mille fois hélas !, abandonné, livré à son propre sort non mérité et jeté aux oubliettes depuis voilà belle lurette. Il est, ma foi, à pleurer à chaudes larmes «because» l’état de délabrement à la fois lamentable et piteux dans lequel il se débat. Il est plongé dans un profond silence lugubre d’un cimetière. Il a l’air de se dire avec un profond soupir ‘’adieu mon âge d’or !’’

Du rose… Au morose !

Entre la ville de Korba d’hier et celle d’aujourd’hui, il y a un monde. L’on dirait que la cité ‘’avance’’ à reculons au fil du temps. L’hygiène, source de soucis majeurs de ces citadins, semble le dernier des soucis des communaux de céans. Depuis un bon bout de temps, la levée des ordures ménagères est devenue une action facultative qui s’opère au gré de l’humeur et de la disposition de l’équipe ouvrière. Le peu de containers déployés sont devenus invisibles sous les immenses monticules d’ordures mêlées à des gravats et des débris de construction. Certains vide-ordures sont cabossés et devenus difformes à force d’être jetés à longueur de bras n’importe où et n’importe comment contre les obstacles de tous genres, comme pour hâter leur mise à la réforme. Mais voilà que leur sort est maintenant connu. Ces carcasses si crasseuses n’ont plus leur place là où ils foutent la pagaille et dégagent des odeurs dont je vous fais grâce. Bref, ils sont à jeter plus vite que le vent, contenus et contenants !

La catastrophe des terrains vagues

J’allais oublier de souligner, dans ce triste contexte, que dans la ville de Korba sont disséminés de vastes terrains vagues. Leur éternel statu quo semble probablement dû à d’interminables procès judiciaires ancestraux entre membres d’une même grande famille. Ceci est leur problème. Mais le hic c’est qu’ils représentent une catastrophe environnementale monumentale pour les nombreux riverains. Tant et si bien que ces sites non clôturés sont relégués en immenses dépotoirs publics anarchiques, constituant une fâcheuse offense aux règles élémentaires de l’hygiène et de la bienséance.

L’oued, un abcès à crever

Idem pour le fameux Oued Boulidine qui traverse le centre de la ville et y envenime davantage la situation environnementale en dégageant des odeurs nauséabondes donnant l’envie de vomir aux nombreux passants ayant à emprunter le pont surmontant l’oued du malaise général. Le malheureux public doit se boucher les narines tout le long du pont, se trouvant astreint à respirer rien que par la bouche. Chose beaucoup plus grave et nocive pour l’appareil respiratoire. Ceci dit, il est à craindre que les travaux de curage de l’oued ne s’effectuent ces temps-ci et avant l’avènement imminent de la saison des pluies torrentielles. Sinon rebonjour les dégâts et le dramatique scénario de l’hiver noir de 2018, ayant vu tout Korba inondée, submergée et prise dans les tourbillons d’une avalanche d’eaux non maîtrisable ! Ce qui a causé des dommages humains et d’importants dégâts matériels dans les demeures des habitants et les magasins des commerçants. 

Onas, mission non accomplie !

Le hic, c’est que la canalisation de l’Onas rejette la plupart du temps les eaux usées non traitées à partir de ses stations d’épuration faisant souvent de la simple figuration. Ceci en raison de la fréquence de leurs pannes prolongées. Ces eaux polluées échouent ‘’sereinement’’ vers la mer via le lac limitrophe au littoral. Ce qui dévie l’Onas de son sacré rôle de vigilant bouclier contre la pollution, constituant sa raison d’être.

Pas âme qui vive!

Par ailleurs, côté communal, pas âme qui vive pour prémunir les habitants contre les gros risques et dangers guettant tout le beau monde de céans, à même de causer des pleurs et de grincement de dents ! Cela dit, il nous semble impérieux de nous étendre comme il se doit sur la gabegie qui a longtemps régné dans cette commune. Ceci à travers un papier réservé séparément à cette fin. Les deux derniers bureaux s’étant relayés à la tête de la commune n’ont pu et su terminer normalement leurs mandats, remettant le tablier à mi chemin. Et la gabegie, ayant tant altéré la mission des deux bureaux communaux successifs, s’est fatalement reflétée sur le planning des moult projets budgétisés. Au grand dam des contribuables de la cité.

Une cité stable dans l’instabilité !

L’on apprend, d’autre part, qu’un marché portant sur un important lot de containers est prévu. Mais la commune de la ville, une profonde plaie en mal de cicatrisation depuis des années, pour des raisons qu’on élucidera dans notre papier de demain, n’a pas semblé si pressée pour finaliser. Idem pour d’autres travaux et projets, d’utilité publique on ne peut plus pressante, demeurés en instance de réalisation depuis un bon bout de temps. Pourtant, tout est budgétisé. Et il suffirait d’un rien et d’un minimum de bonne volonté pour épargner au pauvre citoyen le supplice qu’il endure au quotidien ! J’en cite, à titre indicatif, l’artère principale de la ville des mille et une incuries, qui est jalonnée de crevasses et de nids d’éléphant. Ceci avec ses trottoirs mal revêtus où les dénivellations successives et en séries présentent un danger permanent pour les piétons distraits ou malvoyants. Pis encore, l’on a repéré en pleine ville, dans des quartiers résidentiels d’un certain standing, de larges pistes tantôt argileuses, tantôt sablonneuses difficilement carrossables et accessibles par les piétons à la première averse. L’on cite, à titre d’exemple, les artères de la Cité Chebbi. Toute cette anarchie nous dit bonjour chaque jour que fait le Bon Dieu, en pleine façade de la cité et sa supposée vitrine. Que dire alors de l’arrière, façade et la face cachée de l’iceberg ? Alors là, je préfère laisser le soin à votre imagination fertile de deviner la situation incroyable dans laquelle elles se débattent.

La corniche de la pagaille

Quant à la corniche, supposée être le site le plus attrayant de toute cité balnéaire, elle n’est pas demeurée en reste. Elle brille par l’état de délabrement et de mocheté qui la caractérise. Elle est toujours jonchée de détritus de toutes sortes, de papiers huilés d’emballage de sandwichs et de pizzas avec leurs restes. Heureusement qu’en temps nocturne, le mauvais éclairage et la lumière maladroitement ‘’tamisée’’ ne permettent pas aux promeneurs de zoomer sur cette pagaille, contrastant avec un supposé cadre de plaisance et de loisirs.

Demain : ll—Korba malade de sa commune

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