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Billet | Maroc : bonjour la vie!

 

Il y a des grands matches, mais il n’y a qu’un «gros» match. Celui que le Maroc avait livré contre  l’Espagne et qui lui a permis de se qualifier pour les  quarts de finale du Mondial du Qatar prouve que la sélection  marocaine et ses joueurs sont bien à leur place. Ils sont les artisans d’un itinéraire et d’un trajet qui laisseront certainement des souvenirs pour des années à venir et qui donnent l’envie réelle de respirer l’air du football. Redoutables et redoutés, ils tiennent à conquérir un statut fait de records, de performance et de palmarès. Tout ce qui donne une raison d’être et tout ce qui fait l’exception.

Cette victoire marocaine, avec tout ce qu’elle comporte de moyens et d’arguments pour entrer dans l’histoire, tout ce qu’elle laisse entrevoir pour  optimiser un parcours et un rendement d’exception, est, somme toute, l’un des temps forts dans le nid d’oiseau d’un Mondial fortement différent des précédents à tous les niveaux.  Toute la planète foot a désormais, et aura encore, les yeux rivés sur le Maroc.

Gagner est certes dur, s’arrêter sur une performance l’est encore davantage. D’ailleurs, on ne peut imaginer une  équipe, des joueurs et un entraîneur de cette envergure en train d’échouer. Il y a de quoi en être fortement convaincu de ce qu’ils sont encore capables de faire, d’arracher et d’obtenir. Les moments forts, mais aussi les moments difficiles, par lesquels ils sont passés, les ont rendus encore plus forts. Il paraît qu’à un certain niveau, les bonnes équipes, les grandes équipes, se renouvellent et se régénèrent. C’est un bataillon qui est en ordre de marche et des joueurs qui vivent autant d’espoirs que de certitudes.

Cette performance de grands gaillards, c’est, en fait, un exploit que le football arabe attendait depuis une éternité. C’est aussi et surtout  la consécration d’un style de jeu fortement inspiré, des approches techniques et tactiques hors pair et qui réunissent une armada de joueurs offensifs et de qualité dans pratiquement tous les registres de jeu et qui n’hésitent pas à se donner à fond. Tout ce qui est entrepris ici et là révèle un côté magique. On se croirait face à une  équipe  de…«géants» et là où l’on ne se permettrait d’émettre la moindre réserve, le moindre doute. Notamment lorsqu’on parle d’une équipe et d’acteurs qui culminent à des altitudes peu communes.     

La question qu’on continue encore et toujours à poser et à laquelle on ne semble  pas pouvoir trouver de réponse concerne les aptitudes du football tunisien, essentiellement par rapport à ce qui est entrepris ailleurs et dans d’autres pays. Dans un environnement qui évolue à contre-courant, le travail accompli, les approches élaborées sont si pauvres en inspiration et affichent une impuissance certaine à tous les niveaux.

Ce qui nous impressionne le plus dans cette équipe marocaine  ne concerne pas seulement les aspects physiques et techniques qui l’accompagnent dans ses différentes prestations, mais aussi et surtout la préservation des dons individuels. Finalement, rien ne vaut cette volonté de vaincre chevillée au corps des joueurs, cette envie d’aller au-delà de soi-même, sportivement et mentalement s’entend. Une fois que l’on sait jouer, que l’on a envie de gagner et que l’on se compte à onze, que reste-t-il pour aller encore plus loin? Il reste la flamme, il reste les hommes, il reste les joueurs qui peuvent décider du sort d’un match.

Une spirale à multiples facettes !

Ce n’est malheureusement pas une surprise, plutôt une disproportion sportive : le football tunisien est entraîné dans une spirale à multiples facettes: inefficacité, manquements, maladresses. Tout ce qui détruit à la place de tout ce qui est de nature à construire.

Le bricolage a de toute évidence ses limites. Voilà, en tout cas, des années et des années que le football tunisien navigue à vue. Ce sont toujours, ou presque, les mêmes noms et les mêmes visages qui reviennent. Certains sont usés, alors que d’autres n’ont rien apporté. Il est resté structurellement prisonnier d’une organisation et de structures qui datent pratiquement de l’âge de pierre. Pour avoir oublié les bonnes manières, il risque toujours de se heurter à un handicap à court terme et une menace pour l’avenir. Au vu des limites des responsables et des décideurs, on se demande s’il est vraiment capable de s’acheter une nouvelle conduite, notamment face aux exigences qui se font de plus en plus pressantes.

Il faut dire qu’il ne s’agit pas seulement de défaillances individuelles et collectives, mais plutôt de l’absence de projets sportifs, d’un accomplissement partagé.

Le génie et le talent des footballeurs sont en voie de congélation. Les prémices de cette dégénérescence s’étaient manifestées depuis longtemps et de manière assez nette, mais rien depuis n’a été fait pour les endiguer. Le football tunisien continue à pâlir et personne ne semblait et ne semble encore s’en soucier. Les faiblesses conjoncturelles s’ajoutent aux insuffisances congénitales, les mauvais choix se multiplient et s’accumulent, les principes se diluent, la cohérence s’évanouit. D’une déception à l’autre, d’un abandon à l’autre, le désarroi est devenu à la longue inévitable, mais surtout injustifiable.

La sélection avance insensiblement au-devant des échecs annoncés. Elle  désespère de plus en plus ses plus fidèles supporters, sans qu’une trajectoire aussi déclinante ne paraisse soulever une réelle prise de conscience, ni entraîner une mobilisation de tous les instants.

Ce qui nous impressionne le plus dans cette équipe marocaine ne concerne pas seulement les aspects physiques et techniques qui l’accompagnent dans ses différentes prestations, mais aussi et surtout la préservation des dons individuels.

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