Il y a un constat qui ne manque pas de retenir l’attention à la Coupe du monde de Qatar. Dans le registre auquel il s’habitué, tel qu’il se revendique et à la manière avec laquelle il tire son équipe vers le haut, Lionel Messi prouve encore une fois qu’il ne mélange pas fiction et réalité. L’une ne sert jamais en effet de décor pour l’autre. La passion, mais aussi l’envie de réussir brisent les tabous et les préjugés. Mais la volonté et la détermination orientent aussi le rendement de l’équipe. L’efficacité, mais également le passion sont partout. On ne triche pas. C’est pourquoi on n’hésite pas à affirmer que la force de Messi et de l’Argentine réside aujourd’hui dans l’équilibre et l’efficacité. Emportés par une masse de supporters d’exception, ils fonctionnent effectivement à l’affectif, mais aussi avec la rigueur du résultat. Ils peuvent encore aller de l’avant avec un condensé de fraîcheur et de rigueur qui fait à la fois leur force et leur charme. Finalement, ils sont en train de réussir quelque part ce que d’autres n’ont pas su jusqu’ici accomplir, et encore moins obtenir…
On ne peut pas prétendre à aller loin en Coupe du monde, si on n’a pas l’ambition de jouer. Plus encore: sous les commandes de Messi, l’Argentine se donne le devoir de ne pas gagner n’importe comment.
L’Albiceleste nous rappelle une vérité qui ne prête jamais au doute: toutes les équipes qui dominent leur époque sont des équipes faites pour jouer, et par conséquent pour gagner.
Mais on oublie aussi une chose : Messi nous rend vraiment la vie meilleure. Certes pas à la manière de Maradona, l’incomparable, l’irremplaçable, et sans doute pas aussi avec la même philosophie de jeu, mais le spectacle et le rendement qu’il peaufine pendant 90 minutes de jeu permet au public, au grand public, d’oublier ses problèmes et de les mettre de côté, de parler du dernier match d’aujourd’hui pendant trois jours et du prochain pendant deux. C’est ainsi qu’il fait vivre les supporters de l’Argentine. C’est ainsi qu’il fait vivre le monde… Et c’est ainsi qu’il n’incarne pas seulement le présent et l’avenir, mais qu’il ressuscite, à travers ce qu’il laisse entrevoir, le passé et … Maradona.
Car le football, le football de Messi, est une histoire de dévotion totale à des principes exigeants et à des passions débordantes.
Personne ne peut aujourd’hui l’ignorer: l’Argentine a gagné du temps et ses joueurs, et surtout son public, sont en train de vivre quelque chose de magnifique, même s’ils ne savent pas toujours de quoi sera faite la finale de dimanche prochain.
On sait toutefois que l’Albiceleste avance résolument vers le sacre final à la vitesse d’un équipe décidée à boucler de la belle manière tout ce qui a été réalisé tout au long d’une Coupe du monde, forcément pas comme les autres.
Il faut dire que, dans la plus prestigieuse épreuve sportive du monde, une rivalité au sommet est toujours préférable à la domination d’une seule équipe. Tout ce qu’elle peut susciter, et bien entendu engendrer, est une bénédiction pour le football.
Certes, on peut toujours discuter du mérite des uns et des autres, de l’impact de telle ou telle équipe, de tel ou tel joueur, mais il y a des données qui ne souffrent pas la contestation : certaines équipes, certains joueurs ne baissent jamais les bras et ne manquent pas de le faire savoir à leur manière et avec un enthousiasme jamais compromis.
A 35 ans, Messi prend encore une fois un rendez-vous avec l’histoire. L’Argentine aussi. D’ailleurs, depuis qu’ils ont commencé à ambitionner le titre de champions du monde, c’est toute l’équipe qui s’était reconvertie dans une mécanique de précision, où tous les rouages fonctionnent en même temps. C’est peut-être cela le secret qui pourrait amener la réussite tant convoitée. L’esprit de groupe, la solidarité entre les joueurs. Ça fait gagner.
C’est souvent dans les contextes les plus favorables que sont nés les génies du football, mais c’est dans les rendez-vous d’exception qu’ils s’épanouissent encore davantage. C’est ce que nous enseigne la vie sportive de façon générale. Et c’est ce que nous incite à croire la génération actuelle de l’Argentine qui est en train d’écrire sa propre histoire.