Accueil Editorial Jeunes et politiques : une incompréhension réciproque

Jeunes et politiques : une incompréhension réciproque

Editorial La Presse

 

DE moins en moins mobilisés, marqués par l’absence d’horizon et plus centrés sur eux-mêmes en l’absence notamment  d’un projet sociétal  enthousiasmant, les jeunes, pourtant plus informés, plus connectés, entretiennent de nouveaux rapports avec la vie politique. Ils sont passés d’une culture de la déférence à une culture de la distance.  Cela se répercute sur la manière avec laquelle ils appréhendent l’avenir, mais aussi sur les assurances et les motivations qu’ils sont censés ressentir,  notamment après les promesses et les engagements émanant de la classe politique au lendemain de la Révolution. Plus de douze ans après, rien n’a changé. Ils sont toujours sous l’emprise des mêmes problèmes, des mêmes soucis et par conséquent des dangers qui les guettent.

Il semble entendu que la vie politique et toute la signification qui s’y rattache n’ont plus de sens et de raison ni pour les jeunes, ni d’ailleurs pour la majorité écrasante des Tunisiens.

Mais, ce sont particulièrement les jeunes qui se désengagent de plus en plus aujourd’hui de la vie politique et qui s’abstiennent même d’aller voter. Ils en sont devenus de simples spectateurs. Le désintérêt qu’ils manifestent à la chose politique, et surtout à la consolidation du processus démocratique, est loin de rassurer. Plus grave encore : la plupart d’entre eux n’hésitent pas à faire le procès des partis politiques et à considérer leurs acteurs comme étant les responsables de la dégradation de leur situation. 

C’est à ce titre qu’ils boycottent les élections. C’est à ce titre aussi qu’ils s’éloignent et ne s’adaptent plus à la réalité et aux exigences du moment. La chose politique, comme ils la vivent et comme ils l’appréhendent, ne semble plus les motiver outre mesure. 

Et dire qu’on avait toujours pensé qu’ils étaient les plus impliqués, les plus concernés et surtout les bénéficiaires du changement du régime en 2011. Mais c’était sans compter le fait que d’autres parties s’étaient approprié ce que les jeunes avaient provoqué. Ces derniers réalisent aujourd’hui que ce n’est point appartenir à une ère nouvelle que les politiques allaient répondre et s’identifier à leurs aspirations et à leurs attentes. Sous l’effet d’arguments erronés, de mauvais réflexes et de mauvaises habitudes, la plupart des partis politiques ignorent les véritables besoins et impératifs des jeunes. Résultat : ils continuent à se tromper de choix et de priorités.

Il faut dire que l’image qu’ils ne cessent de donner dépend beaucoup trop, pour ne pas dire exclusivement, des dérives dans lesquelles est entraîné le paysage politique et dont certaines parties, que les Tunisiens connaissent, assument visiblement une grande responsabilité.

Depuis longtemps, l’on ne cesse, et avant que ce ne soit trop tard, d’insister sur la nécessité de réfléchir et de tirer les enseignements du désintérêt des jeunes pour la vie politique. La responsabilité des différentes parties prenantes est totalement engagée dans la mesure où l’incompréhension est réciproque. Mais dans la mesure aussi où plus personne  ne semble s’inquiéter des manquements qui ont plus que jamais atteint une situation de non-retour. Les jeunes ne peuvent donner que ce qu’ils sont capables d’obtenir. A défaut d’assurance, de motivation, mais aussi de  vision plus mobilisatrice, le pire est encore à craindre…

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