Le représentant de la Fédération générale des retraités relevant de l’Union générale tunisienne du travail alerte sur la situation financière très difficile des retraités. En cause, notamment le non-versement de l’augmentation des pensions de retraite depuis deux ans. Des manifestations de protestation dans le Grand Tunis et dans les régions sont au programme au début de l’année.
Avec tant de pensions versées tardivement, notamment pour ce mois de décembre, les retraités affiliés à la Cnrps, qui sont toujours privés de la première tranche de l’augmentation salariale et de certaines primes, ont décidé de descendre dans la rue pour manifester, crier leur colère et leur désarroi devant l’attitude nonchalante du gouvernement qui n’a rien fait pour cette catégorie de population au moment où son pouvoir d’achat observe une chute vertigineuse. Joindre les deux bouts s’apparente pour eux à une utopie.
Des manifestations au programme
En raison du grand retard accusé au niveau du versement des pensions et eu égard à la souffrance croissante des retraités, la Fédération générale des retraités relevant de l’Union générale tunisienne du travail (Ugtt) a décidé d’organiser une manifestation nationale pour protester contre ces retards qu’elle qualifie d’inacceptables et pour réclamer les droits qui leur sont dus. A ce propos, le secrétaire général de la fédération, Abdelkader Nasri, a déclaré à notre journal que la manifestation se tiendra pour les retraités du Grand Tunis soit le mardi ou le mercredi prochains (3 ou 4 janvier 2023) devant le Théâtre municipal de Tunis sans exclure la présence du secrétaire général de l’Ugtt à cette occasion. Il a encore précisé que d’autres manifestations seront organisées à la même date dans toutes les régions du pays.
Abdelkader Nasri nous a fait part de la situation financière très difficile des retraités. En cause, notamment le non-versement de l’augmentation des pensions des retraités depuis deux ans. Il a pointé du doigt la non-application de la péréquation automatique des pensions de retraite conformément à l’article 37 de la loi 85-12 du 5 mars 1985 portant régime des pensions civiles et militaires de retraite et des survivants dans le secteur public. Les retraités ne doivent en un aucun cas payer le prix du manque de liquidité observé du côté de la Cnrps, martèle-t-il.
Des retraités de plus en plus appauvris
«Non seulement le retraité n’arrive plus à joindre le deux bouts, mais il n’est plus sûr de percevoir sa pension à partir du 23 de chaque mois, comme ce fut le cas pour ces derniers mois. Les pensions n’ont été versées qu’à partir du 26 décembre pour les affiliés de la Cnrps. Ceci les pousse à s’endetter pour subvenir à leurs besoins vitaux», nous souligne-t-il. «Le gouvernement ne se soucie guère de la situation très difficile des retraités», regrette le secrétaire général et représentant syndical.
Il va sans dire que la grande crise économique par laquelle passe le pays a considérablement impacté les pays en voie de développement dont notre pays qui s’écroule de plus en plus sous le poids de la dette extérieure avec un niveau d’encours total estimé à 132 milliards en 2021 (environ 41,6 millions de dollars) selon le dernier rapport de la Banque mondiale. Cette frange de la population subit de plein fouet les conséquences désastreuses de l’envolée des prix et la cherté de la vie. Nos retraités s’appauvrissent de plus en plus et leur niveau de vie s’effrite d’un jour à l’autre.
En 2024, notre pays comptera 1,250 million de retraités selon une étude élaborée par l’Institut tunisien des études stratégiques (Ites) en collaboration avec la fondation allemande Konrad Adenauer. Selon cette étude, la population âgée observera une courbe ascendante, ce qui va engendrer un nombre plus élevé de retraités qui se trouveront, inéluctablement, dans une situation bien difficile sur le plan financier, si d’ici là rien n’a été entrepris par nos décideurs pour apporter les solutions appropriées à cette situation.