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Commentaire | Beaucoup de choses nous éloignent !…

Faut-il s’habituer aujourd’hui à évoquer les mêmes constats et les mêmes causes qui font l’histoire du paysage médiatique tunisien? Sommes-nous condamnés à faire semblant d’ignorer les travers, pourtant si nombreux et bien connus: incompétence des uns, manque de légitimité des autres et, surtout, populisme ? Sommes-nous condamnés à détourner les yeux face aux dérives et aux excès de tous bords et en tous genres ?

Depuis 2011, l’on ne cesse de parler de reconstruction et de réédification du paysage médiatique. De rétablissement des valeurs. De relèvement de niveau. Mais certains médias, et particulièrement certains chroniqueurs, n’arrivent pas à comprendre que nous sommes dans l’après-14 janvier. Ils n’ont rien appris des journalistes et des chroniqueurs qui ont fait les beaux jours des médias tunisiens, et qui, par la force de leur professionnalisme, mais aussi leur dignité, avaient pu briser le carcan de la nullité…

On réalise ainsi et de plus en plus qu’il leur manque encore et toujours du fond, du style et une capacité générale à gérer les débats télévisés. Plus d’une décennie après, cela devient énorme. Mais aujourd’hui, les choses ont pris une tournure encore plus inquiétante, surtout lorsqu’on tombe dans le populisme et dans les réflexions du genre à installer un climat de suspicion, de gêne et de doute entre les différentes catégories sociales. Certains chroniqueurs évoquent, sans la moindre gène, des taxes supplémentaires à imposer spécialement aux catégories sociales considérées comme étant « aisées ». Des taxes sur l’usage de piscines dans les maisons, ainsi que l’augmentation des prix des timbres de voyage. Mais aussi des taxes supplémentaires sur les propriétés, les demeures et les voitures luxueuses.

Il aurait été certainement profondément mieux, et surtout plus utile, d’enclencher de véritables réflexions sociales, économiques et politiques sur la situation que traverse actuellement le pays. Il aurait été aussi plus approprié de se pencher sur les véritables problèmes des Tunisiens. 

Ce n’est pas parce que l’on parle derrière un micro et face à la caméra qu’on comprend et qu’on fait les choses plus et mieux que les autres, ou encore que l’on se transforme en donneur de leçons.

Incompétence des uns, manque de légitimité des autres

Il faut dire que les chroniqueurs qui accaparent aujourd’hui l’image et la parole évoquent tout sauf l’essentiel. On n’a pas encore vu quelqu’un présenter une initiative ou encore une analyse pertinente. Il s’est avéré que se partager la médiocrité, c’est ce que l’on aime le plus du côté de certaines télévisions, surtout depuis que les chroniqueurs venus de tous bords avaient carrément usurpé la place des journalistes. Mais que l’on verse dans le populisme et que l’on attise les tensions sociales dans les moments critiques, cela devient non seulement inadmissible, mais dangereux, même si l’impact est des fois négligeable sur les Tunisiens et que les rôles des uns et des autres sonnent faux. En effet, dans le monde «merveilleux» de ces nouveaux «barons» des médias, rares sont les téléspectateurs qui s’y retrouvent vraiment. Rares aussi sont les Tunisiens qui sont vraiment convaincus des discours, des plaidoyers et des réquisitoires lancés à tort et à travers sur les antennes de télévision.

On ne s’étonne pas, on ne s’étonne plus des dérapages enregistrés ici et là, au moment où la présence et même l’utilité de certains ne sont plus vraiment souhaitées. Au vu des limites et des excès de zèle, on se demande de plus en plus s’ils sont vraiment capables de s’acheter une nouvelle posture, ou bien se frayer de nouvelles voies. Notamment eu égard aux dérives qui n’en finissent pas.

Faut-il s’habituer aujourd’hui à évoquer les mêmes constats et les mêmes causes qui font l’histoire du paysage médiatique tunisien? Sommes-nous condamnés  à faire semblant d’ignorer les travers, pourtant si nombreux et bien connus: incompétence xdes uns, manque de légitimité des autres, et dans tous les cas de figure fragilité de ceux dont dépend justement l’avenir de tout le paysage? Sommes-nous condamnés à détourner les yeux aux dérives et aux excès ?

Sommes-nous condamnés à accepter cette adhésion, voulue ou pas, à une politique qui privilégie la création du buzz, considéré comme une technique de marketing, ou encore l’amplification des informations quitte à susciter les polémiques ?

Il serait difficile, bien difficile, de continuer de partager le même chemin avec ceux qui ont renoncé aux valeurs de la profession et dont les agissements et les pratiques plus étranges les uns que les autres ne font que fragiliser le secteur.

Beaucoup de choses nous éloignent. Et ce n’est pas la liberté d’expression acquise après la Révolution qui pourrait occulter les déficiences et les dépassements de tous bords qui ne cessent de proliférer et de conditionner un paysage toujours à la recherche de crédibilité, mais aussi de compétence et de professionnalisme.

Si certains faits sont de nature à provoquer l’exagération et l’excès, notre rôle n’est pas de leur emboîter le pas. On peut être témoin de pratiques et de prise de position dont le sens ne laisse aucune place au doute, sans qu’il soit permis pour autant d’ériger les cas en généralités, ni d’en faire un jugement de valeur pour conclure à des tendances de fond.

En même temps, il y a des comportements, des manœuvres et des intrigues  qui ne trompent pas, qu’il faudrait saisir et sur lesquels les médias ne devraient pas seulement attirer l’attention, mais combattre à tout prix…

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