SI l’on ne doit retenir qu’une seule chose dans l’environnement social de la Tunisie post-révolution, ce sera tout particulièrement l’esprit entièrement tourné vers les tensions, les polémiques et les altercations. Des tensions qui sont devenues à la longue plus importantes, voire plus «légitimes», que les besoins élémentaires des Tunisiens. Des tensions qui nourrissent les problèmes et provoquent de plus en plus les crises.
Inutile de préciser que ce genre d’aléa ne profite qu’à ceux qui sont dépourvus du sens du discernement et qui sont incapables d’apporter les alternatives, ou encore les solutions nécessaires. C’est dire comment les négociations sociales sont devenues une source d’inquiétude et des doléances le plus souvent désobligeantes.
Le moment n’est pas aujourd’hui à chercher et à démontrer qui a tort et qui a raison. Qui assume la responsabilité de ce grand dérapage dans lequel les différentes parties s’étaient engagées la plupart du temps sans en prendre garde ? Si l’on continue à manifester, d’un côté comme de l’autre, un fort mauvais usage des notions relatives aux négociations sociales, on ne fera certainement pas disparaître magiquement les problèmes auxquels cela correspond par le recours interminable à l’arrêt du travail et de la production.
Il est évident qu’autant on tarde à y voir plus clair dans les négociations sociales, autant on s’égare, et autant on désespère des acteurs qui se font mal et qui font mal aux Tunisiens. Cela rend vraiment mal à l’aise un pays en transition et qui a besoin de rassurer aussi bien les citoyens que les partenaires étrangers. Un pays tiraillé entre la volonté de réformes et les résistances internes.
Le gouvernement et les syndicats ont besoin aujourd’hui de trouver les relais nécessaires. Parfois, les difficultés permettent d’avancer, surtout lorsque chaque partie est convaincue que les dialogues stéréotypés et les revendications dénaturées ne peuvent en aucun cas atténuer la tension sociale. On reconnaît ici l’impératif d’une adhésion inconditionnelle à tout ce qu’il y a de mieux pour les Tunisiens. Pour le pays.
L’héritage est lourd et la Tunisie ne changera pas du jour au lendemain. Le gâchis est au-delà de ce qu’on peut imaginer. Par leur incompétence, par leur persistance dans le déni et dans l’échec, ceux qui étaient parachutés dans des rôles qui ne leur appartenaient pas ont mené le pays où il est aujourd’hui.
Les questions sur l’avenir de la Tunisie restent encore sans réponses. Comment sortir des dérives et des dérapages qui l’ont dénaturée, et qui lui ont fait perdre ses lettres de noblesse ?
Les Tunisiens réalisent certainement qu’ils ne feront plus confiance à ceux qui sont à l’origine du dépérissement social et économique.
Encore merci à tous ceux qui sont passés par là, à tous les niveaux de responsabilité…
KHEMIRI
22 janvier 2023 à 20:58
Si Jalel Mestiri. Tout ce que vous venez de rappeler et souligner, les citoyens tunisiens le savaient déjà et cela a été rappelé avec forte conviction par l’actuel Chef d’État depuis son élection fin 2019 et encore plus depuis qu’il a pris tous les pouvoirs en juillet 2021 s’appuyant sur le fameux slogan porteur d’espoir : Echaâb yourid ! Il faut bien comprendre qu’il est temps de tourner la page du passé (la « décennie noire » que votre quotidien ne cesse de seriner) et entreprendre un programme de redressement social, économique, dans un climat démocratique serein. Sinon, il y a fort à craindre le pire pour notre pays. Il est temps que notre président s’imprègne de pragmatisme. Un mot pour conclure : la chasse aux sorcières à laquelle nous assistons dans une confusion insensée ne mènera à rien ! Absolument rien !