La crise politique bat son plein en Tunisie, alors que les conditions socioéconomiques des citoyens vont de mal en pis. Si le Président de la République ne s’est pas prononcé sur l’issue à donner aux initiatives de sauvetage, l’Union générale tunisienne du travail (Ugtt) poursuit, elle, ses efforts pour sauver, comme elle le confirme, le pays.
De retour d’Oslo, après une visite pour renforcer les relations avec les Norvégiens, Noureddine Taboubi se penche sur l’initiative de ce qu’on appelle le Salut national, en vue de faire sortir le pays de cette situation hautement tendue.
Au fait, le secrétaire général de l’Union générale tunisienne du travail a rappelé que l’organisation syndicale travaille sur une initiative politique, économique et sociale intégrée. Taboubi a, encore, précisé qu’elle sera présentée prochainement à la présidence de la République, assurant qu’au cas où l’autorité rejetterait cette initiative, l’Ugtt tiendra une nouvelle réunion avec un certain nombre d’autres organisations au cours de cette semaine.
Noureddine Taboubi a rappelé, lors de la célébration du 77e anniversaire de la fondation de la centrale syndicale, que l’Ugtt a toujours préservé son indépendance depuis sa création et a laissé entendre que les autorités ne parviendront pas à l’asservir. Il a souligné que la bataille de l’Ugtt reste sociale et politique par excellence, annonçant que le bureau exécutif élargi se réunira cette semaine pour étudier les moyens de défendre les options nationales.
«L’Union générale tunisienne du travail (Ugtt) a mobilisé des experts et des spécialistes dans les domaines économique, social, culturel, juridique et autres pour étudier tous les dossiers qui ont contribué à l’approfondissement de la crise dans le pays», a-t-il souligné.
Et d’ajouter que l’Ugtt «n’acceptera pas la reddition du pays ni le populisme comme elle ne permettra pas au pays de poursuivre sur cette voie», soulignant qu’il est «inacceptable pour la Tunisie de revenir au moyen-age».
Revenant sur la situation sociale dans le pays, Taboubi a averti contre l’explosion sociale qui sera engendrée par la levée de subvention. Le chef de la Centrale syndicale a rappelé que l’État envisageait de lever en partie les compensations à travers la réduction du budget qui y est alloué dans la loi de finances 2023.
S’interrogeant sur les capacités de l’Etat à prévenir de nouvelles crises liées à la levée de la subvention, Taboubi a appelé le gouvernement à se prononcer sur la catégorie qui bénéficierait des compensations.
Sauf que le ministre l’Economie et de la Planification, Samir Saïed, a répondu en assurant que le gouvernement n’a pas l’intention de lever la subvention mais de la renforcer en l’orientant vers les ayants droit, en utilisant les meilleurs mécanismes, ceci permettra de classer les différentes catégories sociales en Tunisie.
Au fait, la question de la subvention est au cœur de cette crise. Si pour la centrale syndicale, le gouvernement ne fait qu’appliquer les diktats du Fonds monétaire international (FMI), le budget de l’Etat pour l’année courante observe une nette baisse de l’enveloppe destinée à la subvention, et notamment à la compensation des carburants.
Pas de retour à l’avant-25 juillet
Pour Noureddine Taboubi, les appels à rectifier le tir ne signifient pas un retour à l’avant-25 juillet. Car, selon ses dires, il n’est plus question de revenir à cette ère, mais plutôt de réformer le processus du 25 juillet. «L’Ugtt refuse, certes, le retour à l’avant-25 juillet, mais rejette aussi toute démarche unilatérale», a-t-il insisté.
Il faut rappeler que ces derniers temps, plusieurs initiatives ont surgi pour débloquer la situation politique dans le pays. Mais la plus importante est conduite par l’Union générale tunisienne du travail (Ugtt), la Ligue tunisienne des droits de l’homme (Ltdh) et l’Ordre national des avocats tunisiens (Onat). C’est d’ailleurs cette initiative qui commence à prendre forme en dépit de la réticence de l’Union tunisienne de l’industrie, du commerce et de l’artisanat (Utica) et de quelques questions restées en suspens. Mais jusqu’à présent, le Président de la République semble ignorer toutes ces démarches et se penche, comme il l’affirme à chaque apparition médiatique, sur la situation sociale du pays.
Pour le Président de la République, il n’y aura aucun dialogue avec les corrompus et avec ceux qui ont contribué à ce qu’il appelle une décennie noire. Ces affirmations montrent bel et bien que le locataire de Carthage n’est pas prédisposé à adhérer à toutes ces initiatives et notamment à celle de l’Ugtt qui pourrait impliquer certains partis politiques.