Accueil A la une Tourisme : Comment a-t-on préparé la saison ?

Tourisme : Comment a-t-on préparé la saison ?

Pourquoi a-t-on l’impression que le seul événement que l’on «prépare» sérieusement est le mois de Ramadan ? Tous les secteurs et départements sont mobilisés pour que tout soit disponible. On farfouille dans les réserves, importe ce qui manque, débusque ce que l’on réserve à la spéculation, etc.

La saison touristique est sur le point de démarrer et, pour bien l’accueillir, on commencera par nettoyer les plages. On posera quelques poubelles et on remettra en état les postes d’observation consacrés à la surveillance. Et on attendra l’arrivée des touristes.

A la fin de la pleine saison, on effectue le décompte et on annoncera fièrement le nombre de visiteurs et les montants en devises qui viendront, peut-être, améliorer le nombre de jours d’importation qui, actuellement, baissent dangereusement.

Pendant ce temps, nos concurrents directs écument les réseaux sociaux et présentent des programmes, des choix, des alternatives et s’ouvrent de manière continue sur de nouvelles opportunités.

Sur les réseaux sociaux, nous n’avons pas pu trouver la destination Tunisie. Nos festivals, nombreux, très nombreux, de très bonne qualité, sont régulièrement organisés. On en parle presque en cachette. Nos soldes sont décriés depuis des années parce qu’on n’en a pas compris le sens. Ceux de Paris ou de Londres, on en connaît les dates et bien des chasseurs d’affaires ont déjà réservé leurs places pour y aller. Les grands festivals internationaux connaissent le même succès et bien des gens y seront pour le plaisir et pour la joie de joindre l’utile à l’agréable.

Des choix et des moyens

Pendant ce temps, chez nous, on attend le plaisir de voir les milliers de visiteurs griller au soleil, se poser des questions pour rentrer à leurs hôtels, faute de moyens de locomotion, ou tout simplement rester sur une terrasse pour se baigner dans la piscine et attendre la fin du séjour. Les quelques vendeurs de souvenirs (sans imagination) passeront dans les parages, mais les prix sont excessifs, dissuasifs. Quant au choix, il faudrait revenir.

De toutes les façons, ceux qui viennent chez nous ne sont pas des dépensiers. Ils sont de ceux qui font remonter le reste de leur bouteille d’eau dans leur chambre pour ne pas avoir à en acheter. Nous avons eu l’occasion de voir quelques chiffres qui n’ont jamais été démentis par le département concerné à propos du standing de ceux qui viennent, du moins la majorité d’entre eux : on a offert un séjour en Tunisie pour 200 euros billet d’avion compris. Pour les touristes, dans des pays comparables au nôtre, les revenus sont de un millier d’euros en Egypte et mille neuf cents euros au Maroc.

Tout en sachant que ces touristes qui viennent, consomment nos produits subventionnés et achètent… nos médicaments qui sont beaucoup moins chers chez nous. Effectivement, il n’y a qu’à voir la chute des stocks en pleine saison touristique pour en être convaincu.

Les périodes intermédiaires

Ces aspects, personne n’en parle, mais on est bien content de signaler que les touristes locaux (loin d’être mis sur un pied d’égalité avec les étrangers), sont beaucoup plus dépensiers et font tourner les affaires lors de leurs vacances. En fin de compte, que fait-on pour varier les choix, agir sur ce standing et surtout remplir les périodes intermédiaires. Et c’est le plus important.

Les occasions et événements à offrir sont, comme relevé plus haut, nombreux. La Tunisie a le privilège d’être proche de sa principale clientèle. Mais il faudrait savoir motiver et éveiller la curiosité de cette clientèle. Il y a des gens qui parcourent le monde pour goûter les plats traditionnels. D’autres sont passionnés par la chasse sous-marine. D’autres encore aiment rouler sur les routes et camper la nuit tombée dans leur caravane ou dans une auberge, un gîte, une maison d’accueil. Ils sont des milliers et il n’y a qu’à voir les offres et les commentaires qui animent les réseaux sociaux.

Nos concurrents, eux, font le travail et cherchent à innover. Ils programment leurs festivals, leurs concours internationaux qu’ils soient sportifs, artistiques ou culturels pour faire tourner les affaires de plusieurs secteurs et assurent une présence très acceptable de la clientèle qu’ils fidélisent.

C’est dire qu’une saison touristique se prépare et que des têtes pensantes concoctent ce qu’il y a de mieux, innovent, pour ne jamais tomber dans le déjà vu et la routine.

Le tourisme est pourtant en Tunisie l’un des secteurs les plus importants de l’économie du pays. C’est une source de devises et un catalyseur pour bien des activités. Il a un effet d’entraînement sur d’autres parties prenantes de l’économie, tels que le transport, les communications, l’artisanat, le commerce et le bâtiment.

Abraham Lincoln avait dit : «Que l’on me donne six heures pour abattre un arbre, et je consacrerai pour me préparer les quatre premières à aiguiser ma hache». Il faut donc s’y mettre suffisamment tôt pour préparer la saison.

Des prix bradés

Si la clientèle algérienne est considérée, pour le moment, comme acquise, il ne faudrait pas se suffire de les recevoir, de comptabiliser leur nombre et d’être satisfait. Cette clientèle a sans doute un faible pour quelque chose. Il faudrait enquêter, connaître ses penchants, ses choix et ses préoccupations en venant chez nous. Il faudrait essayer d’y répondre. Les Russes reviennent ? Il faudrait qu’ils deviennent en repartant les meilleurs arguments pour convaincre ceux qui n’ont pas encore fait leur choix pour choisir la destination en raison des disponibilités qu’on trouve, de l’animation, de l’accueil (qui commence à l’aéroport avec la remise des… bagages) de la qualité des services et des prix. Le lancement de la saison ne se limite pas à établir des contrats avec des tour opérateurs qui tirent la couverture à eux et se moquent des préoccupations de notre tourisme de nos rentrées en devises et de nos produits subventionnés. Le prix bradé est le dernier de leur souci. Il faudrait sans doute desserrer l’étau de ces agences qui demeurent essentielles mais compter aussi sur la création, l’innovation et l’ouverture sur de nouveaux moyens de communication. Les réseaux sociaux, la très bonne qualité de nos festivals internationaux, notre riche culture, notre gastronomie, l’action de nos consulats et ambassades, les blogs, les vidéos, les offres de tournage de nos feuilletons et films, etc, sont, entre autres, des moyens de faire connaître la destination Tunisie.

La diversification

On a parlé à une certaine époque de tourisme alternatif. Une stratégie a été imaginée pour développer, aux côtés de l’inévitable balnéaire, d’autres produits : le tourisme sportif avec les centres de préparation sportive qui ont fait l’effort de se mettre à niveau, le culturel (archéologie et les nouveaux sites ne manquent pas ces derniers temps, musées (ouverts?…), les escapades sahariennes, le domaine médical soins et thalassothérapie, golf et chasse sous-marine ou de sangliers…). Où en est-on et quel a été le bilan ?

La diversification de l’offre est incontournable pour assurer la réussite d’une saison et pour meubler de manière conséquente les périodes intermédiaires. Etant donné que nous ne sommes pas seuls et que nos concurrents directs se montrent plus entreprenants et plus agressifs, ont des idées et des opportunités à faire valoir, ce n’est point facile de s’imposer.

Nous avons enregistré dernièrement de nouvelles «zones ou municipalités touristiques». Très bien. Mais comment ces nouveaux sites vont-ils répondre à cette classification. Sont-ils en mesure d’avoir l’attrait souhaité pour attirer des visiteurs ? Pourront-ils les nourrir et les héberger ? Que pourraient-ils offrir pour faire tourner économiquement la région concernée ? Ces sites se doivent de travailler sur des créneaux qui les rendraient uniques pour se faire un nom. La gastronomie, la spécialisation pour un produit artisanal, agricole ou autre est un atout pour pérenniser ce choix.

En collaboration avec d’autres départements

C’est dire que la saison se prépare en collaboration avec d’autres départements directement impliqués. Elle commence par l’étude du bilan de la saison passée et des dispositions prises pour remédier aux manques ou lacunes. Le ministère de l’Intérieur, qui assure la protection, est bien dans l’obligation de multiplier les rondes et les points de contrôle car nos routes sont, ces dernières années, parmi le plus meurtrières. Nous enregistrons tous les jours des drames dus à l’imprudence et à l’irrespect du code de la route.

Le même raisonnement est valable pour la surveillance des plages que les municipalités doivent totalement prendre en main. Ces plages parfois squattées par des personnages peu recommandables et qui manquent d’animation. Des drames chaque saison endeuillent bien des familles. La formation et le recyclage des maîtres-nageurs sauveteurs sont nécessaires, ainsi que l’acquisition de matériel conséquent qui est une priorité. Il ne faut en aucun cas compter sur la seule protection civile qui ne possède pas le don d’ubiquité pour être partout à la fois. Des accords sont à trouver entre des municipalités limitrophes à l’effet d’acquérir ce matériel et l’utiliser en commun de manière rationnelle.

Le toilettage des villes et villages n’est pas le dernier des soucis. Le désordre qui règne sur les trottoirs, les poubelles qui débordent, les ordures qu’on enlève à n’importe quelle heure, les chaussées défoncées, les palmiers et arbres mal élagués, les ronds points en folie, la circulation à la merci des plus entreprenants, les feux qui ne fonctionnent pas, etc. sont, entre autres, des problèmes à résoudre. Cela fait partie de l’image que l’on garde lorsqu’on visite un pays. La situation, il faudrait le reconnaître, n’est pas bien reluisante.

Cela fait beaucoup de choses à voir et le département du…tourisme se trouve, directement ou indirectement, impliqué !

Charger plus d'articles
Charger plus par Kamel GHATTAS
Charger plus dans A la une

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *