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Un univers déconnecté

Editorial La Presse

 

Violence, fanatisme, délire et intolérance. Les dérives deviennent une menace pour le sport tunisien de façon générale, et pour le football en particulier. Les scènes dans lesquelles les différents acteurs se trouvent menacés même dans leur intégrité physique inquiètent.

Les débordements survenus dans nos stades devront nous amener à reconnaître que les dispositifs de sécurité sont défaillants, que nous devons trouver un équilibre entre la prévention et la restriction.

Distraction populaire, le football n’est plus aujourd’hui une référence ni de jeu, ni de terrain, ni d’ambiance, ni de valeur. Dans une activité dimensionnée à l’extrême, rien ne prédispose les parties impliquées à être le modèle de vertu que l’on souhaiterait qu’elles soient. Elles sont loin de pouvoir véhiculer les valeurs éducatives auxquelles le sport de façon générale doit particulièrement être attaché. Dans un univers déconnecté, dans un milieu où il faut se singulariser pour gagner à tout prix, les comportements exemplaires, qu’ils soient individuels ou collectifs, n’ont plus leur raison d’être sur le terrain ou en dehors des stades.

Un stade est un condensé de société humaine. Y assurer la sécurité est une tâche complexe. Sans doute de la même manière que les stratégies du maintien de l’ordre public. On réalise aujourd’hui que les matches de football ont besoin de normes de sécurité plus sévères. Les violences et les débordements devraient conditionner l’aménagement des stades autant que les dispositifs de sécurité mis en place. Des dispositifs  qui devraient surtout avoir pour effet la garantie de la sécurité de tous les acteurs. A l’intérieur, comme à l’extérieur des stades. De nouvelles mesures en matière d’adaptation, d’évacuation, d’emplacement des grilles et des tribunes temporaires devraient donc faire l’objet d’une profonde réflexion sur la sécurité dans les stades.

Calquée à l’origine sur un modèle de ségrégation, la conception des enceintes a entraîné une nouvelle perception chez les grandes nations de football, tout particulièrement dans une nouvelle direction qui privilégie une ambiance conviviale et festive dans les gradins. Via toutefois des dispositifs articulés autour du passage à un contrôle moins structurel, notamment à travers les caméras de surveillance, ainsi que la sollicitation d’un personnel spécialisé, en particulier les stadiers.

La sécurité autour et à l’intérieur des stades doit impérativement se réorganiser. Cela  relève du savoir-faire et des moyens. L’ordre ou le désordre dépendent de l’organisation. Il faut être capable de recevoir des spectateurs naturellement excités et les rassurer par une prise en main ferme qui réponde au double impératif de contrôle et d’assistance.    

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