Ceux qui connaissent de près ou de loin Snipe–La Presse-Asshafa, ceux qui y avaient vécu des moments exceptionnels et inoubliables, savent parfaitement que leurs deux journaux, La Presse et Asshafa, n’incarnent pas seulement le présent et l’avenir, ils ressuscitent, à travers ce qu’ils ne cessent de laisser entrevoir, le passé et surtout l’âge d’or du journalisme Tunisien. Tout particulièrement avec une vraie philosophie et une ligne éditoriale clairement définies, un style qui leur soit propre et assumé.
Les femmes et les hommes de Snipe-La Presse ont ceci de particulier : ils ne mélangent jamais fiction et réalité. L’une ne sert jamais en effet de décors pour l’autre. Le professionnalisme oriente tout ce qui se conçoit. Le dévouement est partout. La détermination et l’envie de réussir s’indiquent comme telles. Ils ne trichent pas. La volonté brise toujours les tabous et les préjugés, car que ce soit à La Presse ou à Assashafa, nous avons pris l’habitude de réussir ce que d’autres ne pouvaient pas accomplir.
Encore moins obtenir… Chaque numéro qui parait constitue une perpétuelle remise en question et une nouvelle opportunité pour aller encore et toujours de l’avant. Nous n’avons jamais oublié, ni ignoré, que nos lecteurs nous attendaient chaque jour. C’est une conscience au quotidien.
Aujourd’hui, nous sommes au regret de vous annoncer, la mort dans l’âme, que nos deux journaux, La Presse et Assahafa, ne paraitront pas demain jeudi, 11 mai 2023.
Nous aurions aimé que deux monuments du paysage médiatique soient, comme ils l’ont toujours fait (87 ans pour La Presse), au rendez-vous dans les kiosques.
Nous aurions aimé poursuivre aujourd’hui, mercredi 10 mai, notre travail comme on avait toujours aimé le faire.
Il s’est avéré cependant que s’en remettre au bon sens ou à la vision de la partie gouvernementale n’est plus un signe de crédibilité absolue. Et encore moins un motif d’espérance.
Nos lecteurs doivent en effet savoir que cette grève et la non parution de nos journaux interviennent à la suite du silence total de la part de la partie gouvernementale vis-à-vis de la situation prévalant au sein de l’entreprise.
Ils doivent savoir qu’elles interviennent également en réponse à la politique de tergiversation gouvernementale, suite à quatre réunions de conciliation dont la dernière s’était tenue le 5 mai 2023 et qui a été marquée par l’absence de la partie gouvernementale.
L’arrêt du fonctionnement de tous les services de l’entreprise a commencé hier à partir du mardi 9 mai 2023, à minuit. Il se poursuivra jusqu’à la journée du mercredi à minuit aussi.
C’est souvent dans les contextes les plus favorables que nous avons appris à nous revendiquer, mais c’est aussi dans les moments difficiles que nous nous persévérons sur la même lancée et avec les mêmes convictions.
Le mérite auquel nous aspirons aujourd’hui dans notre énième combat n’est pas seulement lié à des revendications matérielles et salariales.
Ou encore substantielles, même si des journalistes, des employés et des techniciens affrontent leur quotidien sans aucune visibilité, dépossédés de tous leurs droits et rémunérés d’un salaire basique qu’on joue à appeler « un squelette ».
Au-delà de toutes ces considérations, c’est une question de survie, d’existence.
Nous gardons encore l’espoir d’un avenir meilleur pour notre chère entreprise. De l’espoir malgré Tout.
N’est ce pas qu’on a bien raison de l’aimer autant Snipe-La Presse ?
C’est pourquoi, nous sommes déjà dans l’impatience de vous retrouver le lendemain. Mais dans des meilleures conditions.