Il ne s’agit pas d’une fixation, mais à chaque fois que la Tunisie subit un acte criminel, les faits nous font penser encore et toujours à la décennie noire. Ils nous font revenir au temps du règne d’Ennahdha, de la Troïka, et les alliés du mouvement islamiste. Ils nous rappellent le temps où ils avaient étendu leur pouvoir sur l’appareil sécuritaire et le système judiciaire. Ils nous interpellent sur les conséquences désastreuses de leur mauvaise gestion des affaires de l’État.
Il est devenu de nos jours difficile à la Tunisie de supporter encore les dérives de ceux qui, tout le long d’une décennie noire, avaient incarné les syndromes de l’échec, qui avaient usé et abusé des dérapages et des excès de tous genres. En un mot ceux qui avaient fait du pays un prisme personnel et partisan pour qui parvient à s’en servir.
La décennie noire continue ainsi à donner le sentiment d’une descente dans les bas-fonds. L’odeur de l’argent avait rongé, sali et corrompu les principaux acteurs de cette période sombre de l’histoire de la Tunisie. L’inertie de l’appareil avait en ce temps là tacitement autorisé des dérives et des dérapages accumulés.
Lors de sa réunion avec avant-hier avec la cheffe du gouvernement et les ministres de la Justice, de la Défense, de l’Intérieur et des Affaires étrangères, le Président de la République avait insisté sur l’impératif d’assainir l’Administration « en éliminant tous ceux qui s’y étaient infiltrés pour perturber son fonctionnement ».
Même son de cloche chez des organisations et des personnalités publiques, à l’instar notamment de l’Observatoire pour la civilité de l’État, qui appellent à enquêter sur les modalités de recrutement des sécuritaires. Tout en saluant les efforts des forces de sécurité « qui ont rapidement éliminé l’assaillant et en l’empêchant de finaliser son plan criminel », l’Observatoire a exhorte le ministère de l’Intérieur à réviser les recrutements opérés sous le gouvernement de la troïka.
Les principaux commanditaires de la Troïka avaient bien profité d’un statut particulier et d’un grand tapage médiatique. Généralement inconditionnels et le plus souvent à tort.
Aujourd’hui, ils opèrent par tous les moyens pour continuer de bénéficier des mêmes privilèges. Se considérant pendant de longues années au dessus de la loi, les principaux investigateurs de la décennie noire sont aujourd’hui certes sous l’effet de mandats d’arrêt, en attendant que la justice dise son dernier mot. Mais le prix que la Tunisie est encore en train de payer est toujours cher.
Avec un peu de recul et à l’analyse des différents rebondissements et intrigues qui avaient marqué le règne du mouvement islamiste, il est évident qu’il y avait en ce temps un malaise dans l’appareil sécuritaire, mais aussi judiciaire. C’était bel et bien la confusion générale.
Toujours est-il que les Tunisiens n’ignorent plus aujourd’hui les réelles motivations des gouvernants de l’époque. Les intérêts qui motivaient et qui conditionnaient tout un pays.
Le profil du responsable avait changé, l’essence même de la plupart des institutions souveraines et de l’administration encore davantage.
Ce qui est vraiment triste dans cette affaire d’infiltration, c’est que les esprits attentistes et trompeurs veulent en avaient profité de ce grand malaise pour se donner des prérogatives et des attributions dont ils n’étaient nullement habilités, et pour lesquelles ils n’avaient jamais le profil requis.